mardi 3 juillet 2007

Paï, Soppong




31 juillet : Paï
Il a beaucoup plu la nuit précédent notre départ pour Paï. Nous traversons quelques rues inondées dès les premiers kilomètres. Notre minibus roulera 3h30, pour arriver à destination après avoir franchi un col montagneux qui nous a mis bien mal au cœur. Stéphanie, à deux doigts de vomir me demande à un moment donné combien il restait de kilomètres à faire « une cinquantaine ! »- soit une heure et demie de route…


Arrivés à Paï, il nous faudra bien du temps pour trouver une guesthouse, qui, sans être à notre goût, nous fera meilleure impression que les autres. Nous consacrons l’après-midi à un aperçu de la ville en nous renseignant sur les possibilités de treks. A pieds, il est possible d’atteindre quelques villages (un de réfugiés chinois, un de lahu, un de lisu), des temples et une cascade. C’est ce que nous décidons de faire le lendemain. La promenade est longue de 18 kilomètres, avec du relief. Nous avons déjeuné au village chinois. Le cadre était magnifique, mais la nourriture immangeable, ou presque : Stéphanie a pris une soupe très épicée, Philippe, lui a choisi un poisson plein d’arêtes immergé dans un bouillon infect. De mon côté, j’ai voulu manger du poulet, le moins que je puisse dire c’est que je n’ai pas eu les morceaux les plus nobles : cartilage, peau grillée… Heureusement, j’ai réussi à utiliser mes maigres connaissances en Thaï pour nous faire servir un peu de riz (kao, ce qui, suivant la prononciation, peut vouloir dire aussi : blanc, genou, ou neuf).
Après quelques heures de marche nous traversons une zone hautement surveillée pour son petit buisiness local : en traversant des champs, quelques paysans viennent vers nous avec un sourire avenant… Ils nous proposent de l’opium. Quelques centaines de mètres plus loin, nous recevons le même type de proposition. Nous déclinons poliment. Pour une toute autre raison, la journée restera tout de même mémorable : il se mit à pleuvoir abondamment. Nous sommes rentrés trempés jusqu'aux os !
Fatigués par ce trek initiatique dans les tribus, nous allons nous faire masser. Dans le salon, une seule masseuse est là. Quelques coups de fil plus tard, d’autres arrivent à la rescousse en mobylette !
La nuit à la guesthouse ne nous permettra pas de récupérer : bruits, humidité, literie inconfortable. Nom de cette guesthouse que je déconseille : Charlie's guesthouse. Voila qui est dit.

2 août : Mae Hong Son, Soppong.
Nous partons le lendemain à bord d’un « taxi », un pick-up, qui nous permettra d’aller jusqu'à Mae Hong Son, puis d’être déposés à Soppong sur le chemin du retour. L’idée d’une nuit à Mae Hong Son, envisagée au départ a été abandonnée dans nos projets. Il n’y avait plus de places d’avion pour rentrer à Chiang Mai depuis Mae Hong Son. Un retour par la route était donc nécessaire.
Après 3 heures de routes, le franchissement de 3 cols, nous arrivons aux abords de Mae Hong Son et faisons la visite d’un village Karen, peuplé de Paduangs (femmes girafes). Le village est entouré de rizières. Il est très joli, mais l’on sent bien qu’il est organisé pour accueillir les groupes de touristes. Hormis quelques vieilles femmes, on sent bien que certaines ont mis leurs anneaux autour du cou pour les photos… Nous achetons quelques bricoles, puis déjeunons à Mae Hong Son, près du lac. Nous faisons un petit tour dans la ville. Nous visitons son marché et ses temples de style birmans. On peut y découvrir des peintures sur verre. Ce style de temple est très différent de ceux que l’on a pu peut observer jusqu’à présent en Thaïlande, caractérisés par les toits « étagés ».

En reprenant la route en direction de Soppong, nous marquons un arrêt aux grottes de Tham La. Il s’agit en fait de la résurgence d’une rivière souterraine où viennent de nombreuses carpes. Une cavité justifie le nom de grotte ou est logé un bouddha. C’est une grotte sacrée. Certaines carpes nageant dans la résurgence peuvent mesurer 1m (C’est ce que disent les gens là-bas, car, à la vérité, nous n’en avons pas vu de telles) .
Près de Soppong, nous finissons la journée par la visite de la grotte de Tham Lot ( Une partie seulement, car à la saison des pluies, certaines chambres sont inaccessibles). Nous avons le droit à une visite privée avec un guide qui a allumé pour nous une lampe à pétrole pour l’exploration. C’est une visite insolite auquel nous avons le droit. Il faut parfois emprunter un radeau en bambou, pour traverser la rivière souterraine de la grotte, et poursuivre la visite ! C’est ici, apprend-on, que se trouvent les plus longues rivières souterraines d’Asie du sud-est.
Nous dormons dans un beau bungalow, près d’une rivière.

3 août
La journée à Soppong commence par tour rapide du bourg. Il n’y a qu’une seule avenue goudronnée. Pas grand-chose à faire… Pas de touristes… Cependant, il y règne une ambiance amusante car il y a beaucoup de population des tribus qui viennent vendre ou acheter des produits au marché. Certaines femmes lisu ou lahu prennent le bus pour Paï.
Malheureusement, il pleut…Quelques minutes de marche permettent d’accéder à certains villages. Nous effectuons, une première tentative en fin de matinée, bravant les intempéries. Suivant les instructions de la patronne de notre guesthouse, nous nous engageons sur un sentier à la sortie du bourg. Les paysages sont magnifiques, les chemins sont bien dessinés, ce qui compense dans un premier temps l’absence de carte. Hélas, la terre argileuse devient de plus en plus glissante et nous nous embourbons. Aucun village ne pointant le bout de son nez, nous retournons sur nos pas, les pieds couverts de boue. Dans l’après midi, le temps reste capricieux. Nous rechaussons nos sandales une fois celles-ci nettoyées : deuxième tentative, sur un autre chemin qui nous a été suggéré. Les choses se présentent plutôt bien, la route est goudronnée. Plusieurs mobylettes empruntent cette route avec de femmes lisu (notre œil désormais expert sait reconnaître leur tenues) sur les porte-bagages. Une indication sur le bord de la route définira l’objectif à atteindre de notre randonnée : « lisu lodge, 4 km ». Vu le relief, cela nous laisse augurer 2 heures de marche, aller-retour. Très vite, nous traversons un village assez important. Quelques boutiques sont ouvertes, notamment celle d’un homme aux dents noires, qui nous sourit à notre passage. D’autres villages se présentent à nous, au milieu des champs ou quelques travailleurs s’affairent. Sur un chemin en boue, des enfants nus se roulent dans les flaques d’eau ; ils nous saluent en nous apercevant. Des femmes nettoient leur linge. Au bout d’une heure, après avoir croisé trois femmes qui nous ont demandé, avec un ton peu cordial ce que nous faisions sur cette route, nous retrouvons les indications pour la « lisu lodge ». Malheureusement, il faut traverser un village dont la route n’est pas goudronnée. Nos pieds qui étaient alors secs, n’allaient pas rester propres longtemps…Sur le bord de la route, nous repérons quelques points semblant stables ; et là…c’est le drame ! Glissade. Mon pied droit est dans la boue jusqu’à la cheville. Philippe dérape à son tour et tombe lourdement. Il perd au passage l’une de ses tongs dans la boue. Je l’aide à se dégager. Il saisi mon bras avec ses mains pleines de boue : ma chemise ne ressemble plus à rien. Sa tong est récupérée, mais la lanière est cassée ; la tong est bonne à jeter. A quelques mètres de là, une famille nous observe de sa maison. Notre embourbement l'amuse beaucoup. La pluie s’intensifie. Nous mettons 30 minutes pour effectuer 200 mètres. Stéphanie est relativement épargnée par ces péripéties. Nous arrivons à la lodge dans un état pitoyable... La lodge est fermée.
Nous n’avons plus qu’à retourner à la guesthouse. Philippe marchera soit avec un pied nu soit la tong maintenue avec un chou-chou pour les cheveux que Stéphanie a sacrifié. C’est la galère. Cependant, nous croisons des enfants qui, eux s’amusent beaucoup dans la boue, en se roulant parfois nus dans les flaques. Certaines femmes font, quant à elles, leurs lessives. Les tribus montagnardes s’amusent de nos dégaines de vagabonds.

4 août : Paï
Nous retournons à Paï avec le bus local. Les autres usagers nous observent avec curiosité. Nous observons avec la même curiosité leurs sacs de riz, leurs bananes et leurs durians. Nous nous arrêtons à un check point. Notre faciès européen, nous permet presque d’éviter le contrôle d’identité, les autorités cherchant un profil certainement plus local… De Paï, nous regagnons Chiang Mai dans un minibus, pour touristes. Devant nous un gamin infect ne cesse de se retourner en cherchant à attirer l’attention par ses facéties, ses mimiques. Probablement trop gâté, probablement habitué à un public émerveillé – à l’image de sa mère qui le laisse faire n’importe quoi- ce sale gosse, de 8 ou 10 ans mériterait de bonnes claques. Pendant tout le voyage, j’en ai eut des fourmis dans les mains, et je reste convaincu que je ne devais par être le seul.

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