Lundi 28/11/2013
Par un bus de la compagnie Sorya, je retourne
à Phnom Penh. Peu scrupuleux de l’itinéraire, je me rends assez vite compte que
le bus fera un détour par Kep avant de prendre la direction de la capitale. En
soi, ce n’est pas bien grave malgré les travaux sur la route. Ce que
j’ignorais, c’était que la réfection de la route, réduite à l’état de piste
poussiéreuse, s’étendrait sur plus de 100km. Durée de la balade : 5
heures…
Arrivé sur les coups de 14h à Phnom Penh
et après installation à l’hôtel réservé la veille, je négociais la location
d’un scooter pour effectuer une visite qui me tenait à cœur dans ce séjour. Si
le Cambodge m’avais la première fois laissé un souvenir douloureux, et au fond déplu,
j’ai souvent éprouvé un désir d’y retourner, comme si j’avais moi-même un doute
sur les raisons de cette désaffection ; un besoin de mieux cerner ce pays.
La lecture récente de la biographie de Sihanouk par Jean Marie Cambacérès, la
lecture du Portail de François Bizot (après 5 ans de procrastination), après
celle de Kampuchéa de Philippe Deville, m’ont décidé à faire un pas de plus, un
peu plus éclairé. Tous ces ouvrages, brillants, documentés et sincères
détaillent les rouages, les caractères des protagonistes des années noires. Je
voulu donc me rendre au centre de détention S21, Tuol Sleng, le musée du
génocide cambodgien, cet ancien lycée, dans lequel furent détenus, interrogés
et torturés sous la direction de Douch près de 13000 prisonniers. Je ne m’étais
jamais, lors de mes précédents venues, décidé à visité ce lieu de mémoire,
craignant ce par quoi je fus frappé dès mon entrée : un profond malaise.
Les salles d’interrogatoires, les lits, les chaines, les potences, la lecture
du règlement… C’est terrible… Puis ce sont les photos : la joie des
citadins, puis la peur, les gamins sortis des foret avec leur kalachnikovs, qui
prennent le contrôle de tout, les marches forcées, les travaux forcés, pendant
que Pol Pot et ses acolytes posent cyniquement devant leur Mercedes noire, bien
utile, pour ceux-là même qui érigeaient ce type de bien comme facteur de
dépravation. Des photos encore, par
centaines, les visages de prisonniers de S21, les répliques de leur biographies
qu’ils devaient rédiger. Les représentations par les survivants des scènes de tortures, la vision
insoutenable des cellules…
Plus tard passant devant le monument de
l’indépendance. Je découvre alors une nouveauté : une statue monumentale
de Sihanouk. Une façon de sceller la fin des décennies marquée par celui qui a
garanti l’indépendance du Cambodge tout en le métastasant ?
Tournant dans la ville, en fin
d’après-midi autour de l’ambassade de France, du Wat Phnom, du Raffles, de la
poste centrale, je pose un œil observateur sur la nouvelle tour Vattanac, en
forme de dragon, le nouveau centre financier de Phnom Penh qui devait être
inauguré en 2012. Hélas, j’ai bien l’impression que les travaux n’ont pas
avancé beaucoup depuis ma dernière venue !
La nuit tombe enfin, la ville dépourvue
d’éclairage public devient ténébreuse, je rends la moto pour déambuler sur le
quai Sisowat, haut en couleur, avec ses cours de danses rythmés par une musique
très Tunning , ses matchs de foot improvisés et ses vendeurs
d’insectes grillés…
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