mardi 1 juin 2010

Chunking mansions

Notre airbus vient se ranger près d’un A380 de Singapore Airlines qui n’a pas l’air si grand dans ce vaste aéroport où nous devrons prendre le métro pour récupérer nos bagages. Le temps où seuls les meilleurs pilotes étaient désignés pour se poser à Hong Kong - parce que la piste était très courte et qu’il fallait manœuvrer entre de hauts buildings- est donc bien révolu !

Dans le bus qui nous conduit vers le centre, à Kowloon, nous observons un port avec une immense zone de fret, des containers par milliers. Plus loin, une île de la taille d’un confetti sur laquelle sont construites de gigantesques tours à leurs pieds se trouvent une rangée de palmiers et une petite plage, des ponts à haubans puis, enfin, Nathan road, qui est un peu à Hong Kong ce qu’est la 5ème avenue à New York.

Très vite, nous sommes face à une situation compliquée : la recherche d’un logement.

Nous avions vaguement tenté de réserver sur le site asiarooms une chambre… Trop tard : les quelques bons coups affichaient déjà complet ; les autres chambres semblant chères, nous jugions prudent de voir avant de s’engager. Hong Kong, c’est cher, très cher au niveau du logement. Rien a voir avec le Vietnam.

Malgré les indications peu flatteuses des guides, quelques bonnes pensions repérées sur Internet semblaient pouvoir se trouver à deux adresses rapprochées : Chunking Mansions et Mirador Mansions, points de chute légendaires des routards fraîchement débarqués à Hong Kong.

Ce sont deux immeubles de plus de 15 étages dont l’aspect extérieur est assez repoussant, et, tenus, semble-t-il, par des indiens - ou des pakistanais. Ils abritent des boutiques d’électronique, de vêtements, de bricoles en tout genre, des ateliers de confection et plusieurs dizaines de guest houses, assez sordides parfois. Des africains viennent y faire du business, des touristes occidentaux et asiatiques viennent pour y dormir. Les ascenseurs qui montent aux étages sont au nombre dérisoire de deux pour chaque bloc. Un ascenseur dessert les étages impairs, l’autre les étages pairs. Quant on emprunte le mauvais ascenseur, ce qui arrive souvent pour éviter de trop attendre, il faut gagner son étage par des escaliers crasseux au carrelage mosaïque fracassé en slalomant entre les sacs poubelles. Nous avons visité plusieurs guest houses. A vrai dire, toutes se ressemblent un peu : derrière une porte en inox, on entre dans un couloir étroit ou sont distribuées de minuscules chambres : le lit est coincé entre 4 murs, ça doit faire 3 m², la salle de bain fait moins de 1m². La plupart du temps, il n’y a pas de réception, le propriétaire sort d’on ne sait ou lorsque l’on sonne de l’extérieur. Quand il y a une fenêtre, elle est sale, quand il y a une clim, on se doute qu’il ne vaut mieux pas s’en servir si l’on veut respirer un air sain. Le voyageur qui arrive est immanquablement harcelé par les rabatteurs indopakistanais qui promettent monts et merveilles avec en prime de bons tuyaux pour se faire tailler des costards sur mesure. Par dépit je suis l’un d’eux, il porte une moumoute, il à l’air louche. Il va me désespérer pendant une bonne vingtaine de minutes en me montrant des chambres des plus crades. Il faut reconnaître qu’à 6 heures du soir, l’offre n’est pas des plus diversifiée. Nous opterons pour la première nuit -à la suite d’une recherche en autonomie, c'est-à-dire sans le pakistanais à la moumoute, pour une chambre avec deux lits, ressemblant à un compartiment SNCF ; la moins rebutante que celles que nous avons visité, dans Chunking Mansions.


Le matin suivant, renonçant à prendre une douche dans la salle de bain glauque, nous poursuivons nos investigations pour trouver une guest house plus clean. Nous changeons de bloc et posons nos valises à la Park Guest House qui a le mérite d’avoir été refaite à neuf avec un beau carrelage du sol au plafond. Il y a là une « grande chambre » qui coûte 50 euros la nuit. Nous ne sommes pas déçus de ce choix. Nous verrons même plus tard que notre chambre, la 1507, fait l’objet d’une mention particulière dans le Lonely Planet car à l’angle de l’immeuble, elle possède une petite fenêtre qui laisse entrevoir la baie de Hong Kong. En fait elle est quand même assez petite mais elle censée accueillir pour 4 personnes avec deux lits « doubles », deux lits de tailles moyennes à vrai dire. En outre elle est équipée d’un téléviseur avec écran plat et d’un frigo, ce qui est pratique pour stocker ce qui sera notre petit déjeuner, car fallait-il le préciser les prix n’incluent pas de petit déjeuner. Nous y resterons 3 nuits. Logés désormais au 15ème étage de Chunking Mansions, nous prendrons l’habitude de ces ascenseurs où l’on fait à chaque fois la queue, en attendant que se terminent les livraisons de marchandises sous cartons estampillés « Bamako, Mali ». Retrouvant un peu de sérénité, les « Mind the door please » obsédants qui rythment chaque escale dans l’ascenseur nous sont moins insupportables et de jour en jour nous prenons nos marques dans Chunking Mansions, finalement amusé par le bordel ambiant qui y règne.



Aucun commentaire: