lundi 29 août 2011

Lectures d'été (2)

Mission à Saigon



Le prince Malko Linge, SAS, fait le tour du monde en mercenaire accourant partout où ça sent la poudre. Peu après l’offensive du Têt, en 68, il est en service commandé à Saigon, pour manœuvrer dans un coup d’état qui vise à redonner la main aux américains dans le sud-Vietnam.
Il officie en collaboration de Richard Zansky, chef de la CIA à Saigon, une gueule fracassée, (mi Ribéry mi Nikki Lauda) ; un homme « gai comme un furoncle », au regard « torve ».
SAS, à peine arrivé, croisera le chemin d’une jolie métisse qui lui livrera un secret : le colonel Thuc, l’homme qui doit être installé au pouvoir par les américains est un agent double ! Au péril de sa vie, SAS s’emploiera à en faire la démonstration, quitte à se brouiller avec Zansky, qui a fait de Thuc son homme de confiance. Mais SAS ne s’est-il pas fait manipuler ?

On le sait, l'auteur de la série SAS, Gérard de Villiers brille par les descriptions rigoureuses des lieux visités par son héros : Saigon et son « horrible cathédrale de brique rouge », la rue Pasteur, avec son « mur compact de cyclomoteurs Honda (…) qui dégageaient une fumée à faire tomber les feuilles des arbres », et plus généralement, la circulation, formant « une armée pétaradante » où, néanmoins, « les Vietnamiennes, la tunique au vent (…) arrivaient à rester gracieuses sur leurs scooters ».

Sous l’effet d’une température qui, au mois de juillet, s’avère « un ennemi bien pire que tous le Viêt-Cong et les Nord-Vietnamiens », notre héros, Malko, qui « jamais n’avait vu une ville aussi sale, bruyante et anarchique » démontre dans cette aventure d’étonnantes capacités d’adaptation, capable, par exemple, après six semaines de cours de vietnamien (« langue aux subtilités de prononciation diaboliquement complexes ») de répondre du tac au tac à tous ses interlocuteurs

Entre les scènes de tortures et les scènes érotiques imagées, Gérard de Villiers, nous verse quelques couplets racistes au nom de la CIA: « -Tous ces pourris de jaunes, tous ! (…). Depuis des mois, ces salauds se foutent de notre gueule (…) Ils prennent nos dollars, nos gars se font étriper dans leurs rizières pourries et quand on leur donne un conseil ils nous disent qu’ils sont chez eux ! », ou en donnant la parole à ses protagonistes étrangers dans un français approximatif : « Moi y en faire blow job très bien ». Une vieille habitude chez l'auteur...

La guerre du Vietnam et Saigon avec ses belles villas coloniales où l’on fume de l’opium est un terrain de jeux idéal pour un roman d’espionnage. Malheureusement, malgré quelques saillies amusantes, du genre « Tu Anh portait une mini jupe qui était une atteinte à l’effort de guerre », l’intrigue de ce 20ème épisode de SAS, bien trop prévisible, s’essouffle vite, à l’image de son héros. Le constat est implacable : « l’opium ajouté à la fornication forcenée en pleine mousson avaient de quoi épuiser un honnête homme. Même barbouze de luxe et prince authentique »





Roulette Cambodgienne.

Après sa mission au Vietnam, SAS revient en Asie du sud-est, cette fois-ci à Phnom Penh. Objectif : écarter du pouvoir le Général Oung Krom, bras droit du maréchal Lon Nol, soutenu par le gouvernement américain dans la lutte contre les Khmers rouges. Entre les deux hommes s’est développée une rivalité sournoise. Le chef local de la CIA, Doug Frankel, lui est incapable d’agir ; il bascule depuis longtemps dans la démence à cause d’une consommation immodérée d’opium (Prévoir Daniel Craig dans l’adaptation ciné)

Dans la tension insoutenable de cette guerre, Malko échappera de nombreuses fois miraculeusement à la mort, principalement grâce aux femmes qu’il rencontrera : une chinoise ( tic tic number one), une vietnamienne et une cambodgienne. Rassurez-vous, il trouvera des palliatifs au stress permanant qu’il doit subir en « tirant sur le bambou » ou en étant initié à la « pipe de Formose », car, dans « Roulette cambodgienne », ( à ne pas confondre avec « Brouette cambodgienne ») Phnom Penh, même sous les bombes, ne perd rien de ses charmes de capitale tropicale avec ses fêtes au bord des piscines, « curieux mélange de Stalingrad et de Saint Tropez ».

Un épisode de bonne facture, une intrigue bien ficelée, c’est violent, on se perd un peu dans la dénomination de l’armement, mais il y a de beaux décors. L’auteur joue à fond dans les contrastes, à l’image de que lui inspirent les Cambodgiens qui, philosophe-t-il « étaient étranges. Par moments d’une férocité incroyable, à d’autres, ils professaient un pointilleux respect de la vie, en application des principes bouddhistes ».





Hong Kong Express

1997, un couple de manifestants arêté après les émeutes de la place Tiananmen sort de prison et cherche à quitter la Chine, en transitant par Hong Kong, porte de sortie, avant la rétrocession qui doit intervenir dans les mois qui suivent. Entre les triades chinoises, les antennes du Guangbu, un magnat du jeu à Macao, Malko doit retrouver ce couple qui a mystérieusement disparu au cours de son exfiltration depuis Pékin.

Dans ce 127 ème épisode, l’intrigue est sobre, seulement trois morts, après un emballement un peu long à venir de l’histoire (Malko voyage entre Macao, Canton et les îles de Hong Kong un peu pour rien…)

Fait notable : une longue liste de marques de luxe est distillée au cours du récit, Gérard de Villiers touche-t-il sa com’ pour citer Gaston de Lagrange XO, Taittinger Comtes de Champagne, Defender Classic Pale, Gitanes, Air France, Versace, Chanel, Bank of China, Breitling, Rolls Royce… ?

Quelques conseils qui peuvent s’avérer utiles : Le Grissini, le restaurant italien de l’hôtel Grand Hyatt ne mérite pas sa réputation en dépit de ses prix astronomiques, et, son tiramisu ressemblerait à un « cloaque nauséabond ». Puis, la composition du side car : un volume de citron, deux volumes de cointreau, trois volumes de cognac; ça doit être pas mal.

Petite coquetterie en passant, c’est un certain Michael Moore qui a signé la photo de la couverture. Quant on déballe les armes, Michael Moore n’est jamais loin…






Aucun commentaire: