Les illuminations du Têt, subventionnées par Domino's Pizza
et Burger King ont remplacé celles de Noël, payées par Heineken et Samsung. Les
musiques fêtant l'arrivée du printemps et souhaitant le bonheur dans chaque
maison battent son plein dans les dernières boutiques ouvertes. Nous prenons,
comme il y a cinq ans, le chemin du Cambodge, pour entrer dans l'année du
serpent.
Bus jusqu'à Phnom Penh ; en poche un billet d'avion
Bangkok-Hô Chi Minh avec Vietjet air, nouvelle compagnie à exploiter cette ligne.
La route est fluide, le passage de la frontière un peu long,
la traversée du Mékong est le spectacle le plus attendu avec son défilé de
vendeurs ambulants d'insectes grillés et ses files de véhicules bourrés à
craquer en attendant le bac. Dans la capitale, les tuk tuk nous sautent
dessus : trois dollars pour aller jusqu'à l'hôtel. 25 dollars la nuit,
noté 7,2/10 sur Agoda, le Golden Gate Hôtel de la rue 278 nous met à
disposition une chambre au mobilier en formica, une salle de bain au rideau de douche
et aux joints de carrelage moisis. J'aurais mis 4/10.
La rue 278, nous est déjà un peu familière, nous y avions
logé lors de notre précédente venue. C'est une rue assez agréable avec quelques
boutiques et quelques terrasses où boire un verre, manger. On avait oublié
toutefois le racolage lourdingue des tuk tuk…
De hauts immeubles ont poussé, les rues sont toutes
goudronnées, les affiches pour les cigarettes Alain Delon ont disparu, les
avertissements pour déposer les guns dans les halls d’hôtels et pour ne pas
appeler certains numéros risquant de vous mettre en contact avec des enfants ne sont plus qu’un souvenir…
On sirotera un verre avec une collègue vivant ici sous les
ventilos du décorum années 30 du FCC, tout près des quais animés du fleuve…
On marchera en plein soleil dans les larges avenues, nous
passerons devant les beaux bâtiments de l’unité anti-corruption, deux cents
mètres plus loin une Rolls est garée devant une banque. Pour chercher un peu de
fraicheur, nous rentrons dans une libraire. Je cherche un Tintin en khmer mais
mon regard se pose sur un petit livre « comment vivent les expatriés à
Phnom Penh » que je feuillète. Je tombe sur des pages détaillant comment
se détériorent les relations dans les couples mixtes. L’homme est un occidental
venu faire des affaires, il tombe sous le charme d ‘une petite cambodgienne au
sourire charmeur, aux gestes gracieux. Il aime ses manières, ses jupes étroites
et sa façon de monter en amazone à l’arrière de sa moto. Mais, leurs
conversations dans un anglais médiocre s’enlisent. Il rêve de visiter la
campagne, elle a la déteste, car c’est là qu’elle est née. Il veut s’acheter
une vespa vintage, elle ne veut entendre parler que des modèles japonais
derniers cris. Il ne veut plus qu’elle porte des talons aiguilles et de robes
aux couleurs criardes, elle s’en étonne, car c’est comme cela qu’elle l’a
séduit. Viennent les repas avec les copains où elle montre de façon ostensible
son ennui, les yeux collés sur son Ipad qu’elle a réussi, en se roulant par
terre, à se faire offrir. Elle ne touche pas à la nourriture, et sitôt rentrée,
se jette vers le frigo pour manger un bol de riz. La séparation devient
inéluctable, alors elle fait une fausse tentative de suicide, invente une grave
maladie pour ses parents pour faire du chantage. Il lâche, un peu de tunes,
elle recommence en le menaçant de mort pour encore avoir de l’argent. Je
referme le livre. Les mêmes histoires…Partout…
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