samedi 23 mars 2013

Phnom Penh


Les illuminations du Têt, subventionnées par Domino's Pizza et Burger King ont remplacé celles de Noël, payées par Heineken et Samsung. Les musiques fêtant l'arrivée du printemps et souhaitant le bonheur dans chaque maison battent son plein dans les dernières boutiques ouvertes. Nous prenons, comme il y a cinq ans, le chemin du Cambodge, pour entrer dans l'année du serpent.
Bus jusqu'à Phnom Penh ; en poche un billet d'avion Bangkok-Hô Chi Minh avec Vietjet air, nouvelle compagnie à exploiter cette ligne.
La route est fluide, le passage de la frontière un peu long, la traversée du Mékong est le spectacle le plus attendu avec son défilé de vendeurs ambulants d'insectes grillés et ses files de véhicules bourrés à craquer en attendant le bac. Dans la capitale, les tuk tuk nous sautent dessus : trois dollars pour aller jusqu'à l'hôtel. 25 dollars la nuit, noté 7,2/10 sur Agoda, le Golden Gate Hôtel de la rue 278 nous met à disposition une chambre au mobilier en formica, une salle de bain au rideau de douche et aux joints de carrelage moisis. J'aurais mis 4/10.
La rue 278, nous est déjà un peu familière, nous y avions logé lors de notre précédente venue. C'est une rue assez agréable avec quelques boutiques et quelques terrasses où boire un verre, manger. On avait oublié toutefois le racolage lourdingue des tuk tuk

De hauts immeubles ont poussé, les rues sont toutes goudronnées, les affiches pour les cigarettes Alain Delon ont disparu, les avertissements pour déposer les guns dans les halls d’hôtels et pour ne pas appeler certains numéros risquant de vous mettre en contact avec des enfants  ne sont plus qu’un souvenir…
On feuillette le Guide du routard, on programme la suite de notre itinéraire. On aimerait bien visiter le Phnom Chisor, mais c’est loin, 65 km. Les agences nous vendent leurs services de voitures privées : 65$. Les tuk tuk se proposent de nous accompagner pour 15$. Un peu loin pour faire le trajet en tuk tuk. Vérification faites, ils ne savent pas où c’est, et ignorent qu’il faut faire 65 km ; puis nous disent que c’est pas une bonne idée. Les agences n’ont pas d’excursions toutes faites malgré les promesses de brochures que personne ne doit lire : « une seule personne nous a demandé cette visite depuis le début de l’année » nous dit une professionnelle du tourisme…. On temporise. La conviction nous gagne qu’il faut renoncer. On anticipera donc notre départ. Nous regardons vers des excursions en direction du lac Tonlé Sap : rien de bien organisé non plus. Une escale aux villages flottants de Kompong Chhnang et à Pursat nous rapprocheraient de Battambang. Il faudrait descendre du bus galérer, lâchés dans la nature... Pour un résultat incertain mais probablement à payer au prix fort. On renonce, et revisitons les classiques…
 
 
Le palais royal est encore tout décoré des roses blanches disposées pour les cérémonies du dernier hommage à Sihanouk, dont les photos sont disposées partout en ville comme une icône.
On sirotera un verre avec une collègue vivant ici sous les ventilos du décorum années 30 du FCC, tout près des quais animés du fleuve…
On marchera en plein soleil dans les larges avenues, nous passerons devant les beaux bâtiments de l’unité anti-corruption, deux cents mètres plus loin une Rolls est garée devant une banque. Pour chercher un peu de fraicheur, nous rentrons dans une libraire. Je cherche un Tintin en khmer mais mon regard se pose sur un petit livre « comment vivent les expatriés à Phnom Penh » que je feuillète. Je tombe sur des pages détaillant comment se détériorent les relations dans les couples mixtes. L’homme est un occidental venu faire des affaires, il tombe sous le charme d ‘une petite cambodgienne au sourire charmeur, aux gestes gracieux. Il aime ses manières, ses jupes étroites et sa façon de monter en amazone à l’arrière de sa moto. Mais, leurs conversations dans un anglais médiocre s’enlisent. Il rêve de visiter la campagne, elle a la déteste, car c’est là qu’elle est née. Il veut s’acheter une vespa vintage, elle ne veut entendre parler que des modèles japonais derniers cris. Il ne veut plus qu’elle porte des talons aiguilles et de robes aux couleurs criardes, elle s’en étonne, car c’est comme cela qu’elle l’a séduit. Viennent les repas avec les copains où elle montre de façon ostensible son ennui, les yeux collés sur son Ipad qu’elle a réussi, en se roulant par terre, à se faire offrir. Elle ne touche pas à la nourriture, et sitôt rentrée, se jette vers le frigo pour manger un bol de riz. La séparation devient inéluctable, alors elle fait une fausse tentative de suicide, invente une grave maladie pour ses parents pour faire du chantage. Il lâche, un peu de tunes, elle recommence en le menaçant  de mort pour encore avoir de l’argent. Je referme le livre. Les mêmes histoires…Partout…
 
 
 

Aucun commentaire: