jeudi 10 janvier 2008

Des dunes de sable...


Mui


Le vendredi après midi, nombreux sont les gens qui se précipitent dans les gares routières de Saigon pour s’échapper en week-end au bord de la mer. Nous ne les blâmons pas. Nous faisons de même. Stéphanie a même imposé une fréquence : toutes les deux semaines, nous quitterons Saigon. Soit pour le littoral, soit pour le delta du Mékong.

Mui Né fait partie de destination que nous apprécions. Nous avons pourtant traîné des pieds pour y aller. Principal défaut : les « resorts » qui bordent les 20 kilomètres de plages ce village de pêcheurs sont fréquentés essentiellement par des touristes occidentaux, russes ou australiens (accessoirement par quelques vietnamiens aisés). En quelques années, avec ses cocotiers au bord de l’eau, les plages de Mui Né sont devenues un spot pour les sports de glisse. Comme nous redoutons par-dessus tous les touristes blonds et bien bronzés, super frimeurs et en même temps « hypers cools », nous hésitions à venir...
Mais ce qui fait la renommée de Mui Né, et qui a justifié notre déplacement, ce sont ses dunes de sable. En effet, Mui Né est au Vietnam ce qu’est le Pyla sur mer en France !

Comme je travaille jusqu'à 16h30 le vendredi, Stéphanie vient me chercher au lycée, et nous montons dans un taxi pour la gare routière de Saigon. Nous préférons opter, à chaque fois que cela est possible, pour les services d’une agence vietnamienne. Cela permet de voyager en minibus à des horaires plus souples et d’éviter les bus bondés de touristes du quartier routards. Nous ne voyageons donc qu’entourés de Vietnamiens. La radio fredonne pendant le trajet les mélodies sirupeuses de la variété locale. Bien que la distance à parcourir ne soit que de 200 km, le voyage dure en moyenne 5 heures. Cause : mauvais état des routes, embouteillages, pause repas pour le chauffeur. En fin de soirée, nous arrivons enfin à Phan Thiet, la "grande ville" la plus proche. Il faut encore compter entre 15 et 20 kilomètres pour gagner les plages, mais déjà, les ports de pêches nous envoient leurs effluves de poissons séchés ; Phan Thiet a pour spécialité le Nuoc mam. A peine ouverte, la porte du minibus subit l’assaut des Xe om, qui nous proposent leur assistance pour nous conduire à Mui Né. Il nous en coûte plus de 100 000 dôngs, soit autant que pour faire Saigon-Phan Thiet ! Sur leur motos, en atteignant la plage nous respirons la fraîcheur de l’air marin avec délice.
Pour le logement, il y en a pour tous les prix. Après plusieurs visites, nous avons repéré les deux bungalows d’un français à la retraite qui s’est fait construire une maison sur la plage. Le prix en plus que raisonnable : 15 dollars la nuit. Une fois les bagages posés, nous faisons un petit tour. Le long de la plage, il n’y a qu’une seule route avec quelques restaurants et quelques boutiques. Peu de gens parmi ceux que nous croisons sont asiatiques. A vrai dire, nous n’avons plus l’impression d’être encore au Vietnam…Nous nous arrêtons, histoire de boire un rafraîchissement sur une table sur le sable d’un petit bar- restaurant.
Le lendemain, au petit déjeuner, nous observons les pêcheurs partis sur des paniers flottants ramasser leurs filets. On oublie alors la pollution, l’agitation et le bruit de Saigon… C’est un autre Vietnam, c’est sûr.
En louant une moto à la journée (on ne peut décidément plus s’en passer), nous partons à la découverte des villages de pêcheurs et des dunes de sable. C’est de très loin ce qu’il y a de plus intéressant à faire.


Au port de pêche de Mui Né, nous sommes surpris de ne plus croiser de touristes. Des femmes s’activent dans une sorte de hangar ombragé à décortiquer des coquillages et des crevettes ; crevettes qui seront séchées et vendues dans des grands sacs au marché. Voir ces femmes à l’ouvrage, accroupies au raz du sol, chapeau conique sur la tête est très impressionnant…
En circulant, nous trouvons des gargotes sur une plage où nous nous arrêtons pour boire un café glacé. Des vendeuses ambulantes nous proposent des fruits de mer grillés. Elles ont des palanches sur lesquelles elles ont installé un barbecue portable(!) pour faire griller crabe, crevettes, calamars.

Et ces dunes alors ?
Il y a deux sites. Le premier que nous avons visité est celui des dunes de sable rouge. Plus que la hauteur des dunes (je dirais 30 ou 40 mètres) ce qui rend l’endroit étonnant, c’est le mélange des couleurs : l’orangé des dunes, le bleu de la mer, du ciel, le vert des arbres…

L’étalement des dunes sur une grande surface permet d’envisager de belles promenades.



A l’affût des touristes, des enfants munis de planches en plastique proposent à ces derniers de faire des glissades sur les pentes des dunes en échange de quelques dôngs. Habitués aux contacts avec les étrangers ils semblent apprendre beaucoup de vocabulaire. Ils m’ont par exemple dit- en français- que j’étais « beau gosse » ! Rapidement entourés d’un dizaine d’enfants nous nous sommes initiés aux techniques de la luge sur sable.
Plus loin du bord de mer, d’autres dunes -de sable blanc celles ci -se dressent au bord d’un lac d’eau douce. Là aussi, le paysage est magnifique. Le lac est couvert de fleurs de lotus, les dunes sont entourées de plaines de sable rouge qui nous donnent l’impression d’être dans une oasis en plein far west. Nous avons de cet endroit un souvenir particulier puisque c’est au pied de ces dunes, que nous avons crevé avec notre moto. Par chance, un groupe de touristes polonais emmené par un guide vietnamien passait par là. Stéphanie a été prise en stop par les polonais que je suivais en roulant avec le pneu crevé. Le guide vietnamien nous a conduit chez le réparateur le plus proche. En attendant la réparation, nous avons bu un verre dans une petite échoppe. Nous étions vraiment au milieu de nulle part, entourés de poules déplumées… C’est dans ces moments que je suis content d’avoir quelques rudiments de vietnamien !
Outre les dunes, l’ambiance très particulière de Mui Né doit beaucoup à ses terres rouges, traversée parfois par des cours d’eau qui y dessinent des petits canyons.
Mais, ce qui étonne le plus ce sont les changements radicaux de paysages : Le passage de paysages arides, désertiques à une végétation luxuriante et des rizières en changeant de versant sur une même colline.

Le développement de l’activité touristique ne semble pas vouloir s’arrêter au succès d’estime d’une clientèle avertie. Bien que le site reste trop excentré pour les groupes de touristes venus en voyage organisé, il semble que les bungalows sur la plage s’effacent de plus en plus devant les grands complexes hôteliers qui sortent de terre. Des petites cabanes en bambou, Mui Né passe aux immeubles en béton. Des petites pistes en terre, Mui Né passe aux grandes avenues goudronnées. Un aéroport est même en projet ! Dépêchons nous de profiter encore de Mui Né.





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