mercredi 25 mars 2009

Kep - Saigon


19/03



30 petites minutes suffiront pour atteindre en bateau l’île aux lapins. Sur une belle plage des groupes sont déjà arrivés, notamment un groupe de retraités français. C’est curieux car à Kep, les touristes faisaient plus « routards ». A première vue pas grand-chose à faire, et le bateau ne repartira 6 ou 7 heures plus tard. Il y a quelques bungalows en bambou et toujours ces vaches sur le bord de la plage. Suivant une vague piste, je m’éloigne espérant trouver des coins plus isolés. Je me lance -sans le savoir au début- dans un tour complet de l’île qui durera 2 heures. Sur des plages de galets, quelques cabanes de pêcheurs, et des oiseaux tout bleus ! De belles photos sont à faire à condition d’éviter de cadrer les nombreux détritus en plastique apportés par la mer. De retour à la plage principale, qui est en fin de compte la plus belle, je me jette à l’eau avec masque et tuba. Peine perdue, il n’y a rien que du sable à observer. Pour le repas, sur la plage, je commande dans une assiette de crabe, ce qui aura le mérite de m’occuper une bonne heure. Le reste du temps sera passé dans un hamac à réviser mes leçons de vietnamien.



Au retour, il est encore temps avant que la nuit tombe de louer un vélo et de visiter la corniche et les vestiges du passé. Si je m’attendais à trouver à Kep une petite ville, c’est parce que même sachant que les khmers rouges y avaient fait des ravages et y résistèrent jusqu’en 1998, cette station balnéaire était à la mode dans les années 60 et que de belles villas y furent construites depuis le début du siècle.


















Certains sont maintenant fiers de raconter qu’ils ont acheté à des khmers rouges aux abois des terrains pour une bouchée de pains pour maintenant y faire un business plus ou moins foireux dans l’hôtellerie (A leur place, je ne m’en vanterais pas de leur avoir tapé dans la main...). Mais ils en sont sûrs, le tourisme va exploser ici, et pour eux, Paris Match ne s’y est pas trompé en consacrant récemment un article sur Kep !
Les vestiges, que je n’avais pas perçus en arrivants se découvrent petit à petit, en sillonnant des avenues qui partent de nulle part pour arriver nulle part, derrière une épaisse végétation qui a repris ses droits. Le « spectacle » est terrible. Il ne reste des ces maisons que des squelettes. C’est bien triste de voir ainsi ces belles architectures (de la maison bourgeoise du début du siècle à celles construites selon un style Le Corbusier) être réduite à l’état d’épaves, parfois criblées de balles. Des familles en grande détresse en squattent quelques unes...
Je quitterai Kep avec le sentiment bizarre que laisse ce mélange de douceur et de terreur.

20/03
Les derniers paysages du Cambodge derrière la vitre du bus sont de moins en moins beaux à mesure que nous nous approchons de Phnom Penh. Sur la route, trois visages que je ne peux plus supporter, celui de ces trois mégalos qui n'ont trouvé mieux comme ambition pour le Cambodge que d'y mettre leurs portraits tous les 200 mètres ! Il y a ensuite la traversée du Mékong et ses vendeurs ambulants, ses minibus trop chargés.






C’est enfin la frontière et ses Casinos. Puis, le Vietnam. Il fait déjà nuit, les cafés ont allumés leurs guirlandes multicolores, 11 heures de trajet en tout pour rentre à Saigon.



Et l’aventure continue : le Xe om pour rentrer à la maison est ivre et ne maîtrise plus le passage des vitesses ni ses trajectoires... "Taxi Ơi ! "
























Kep - Kampot


18/03

Le port de Ha Tien est surtout animé le matin, lors du marché au poisson. Les chalutiers déversent leur pêche et la vente commence sur les quais ; l’odeur est parfois insoutenable.
Après un petit tour, je fais la visite d’un temple bouddhiste, et prends la direction des plages. La première que je longe est Mui No. C’est en fait davantage un village au bord de l’eau qu’une vraie plage. Une piste à l’ombre des palmiers longe l’eau un peu vaseuse ; le sable est noir, mais c’est joli, sauvage.
La plage la plus réputée est plus loin : Mui Nai. Cette plage est plus aménagée, de nombreuses paillotes y sont installées. C’est à cet endroit que je découvre une sorte de noix de coco couleur aubergine dont je goûte la chair : j’ai l’impression d’avoir des anneaux de calamars dans un verre en plastique avec des glaçons et du sucre ; le goût n’est pas très prononcé, c’est surtout rafraîchissant.
Voilà, c’était le dernier petit tour à Ha Tien, car j’ai pris rendez-vous avec un Xe om, pour passer la frontière cambodgienne et aller à Kep (la frontière est ouverte a cet endroit depuis peu). A vrai dire, j’avais déjà un peu l’impression d’avoir quitté le Vietnam en croisant tous ces visages et toutes ces coiffures différentes dans les rues, loin de la mode saigonnaise des cheveux long et lisses...

En observant la carte et la vingtaine de kilomètres à faire entre Ha Tien et Kep, je ne m’attendais certainement pas à devoir faire 2 heures de moto ! C’est comme ça ! Après la frontière, la route n’est plus goudronnée, et il faut emprunter des détours ! Peu importe, les paysages sont de toute beauté. Il y a des rizières, des marais salants, et un peu de relief à l’horizon. La piste en terre battue fraîchement arrosée par les pluies de la veille apporte également sa touche de couleur.

En arrivant à Kep, je suis franchement déçu sur le coup. Je m’attendais à une petite ville avec d’anciennes maisons coloniales. Il n’y a rien. Enfin, presque rien en apparence : la plage, et quelques hôtels. Je sais qu’il y a une excursion à faire sur une île au large, mais renseignement pris à l’hôtel ou je pose mes bagages, c’est trop tard, le départ est le matin à 9h. Décision immédiate : louer une moto et filer vers Kampot, à 25 km.



C’est l’occasion de traverser de nouveaux villages, et d’agréables paysages de campagne. Je marque quelques arrêts pour photographier quelques maisons. La route est calme, c’est un moment plaisant.
A Kampot, les avenues sont larges, l’architecture datant de l’époque coloniale est homogène, mais on a le sentiment un peu étrange que la ville est triste, un peu abandonnée... Le canal qui traverse la ville donne une touche aérée à la ville tandis qu’au loin le relief est dominé par le plateau du Bokor.









De retour vers Kep, je serais le spectateur d’une partie de volley ball au milieu des vaches...
Pas grand-chose à faire dans la soirée. C’est le grand calme, c’est à peine s’il y a de l’éclairage. Dans les buvettes, quelques touristes tout de même, des trekkeurs, des cyclistes ... Puis vers 20h, c’est la coupure d’électricité ; extinction définitive des feux !





Chau Doc - Ha Tien

17/03
Je retrouve Dung comme convenu pour préparer mon tour a moto. Il me présente le propriétaire d’un bateau avec qui je visiterai le village et le marché flottant, un village Cham et, pour finir, une ferme d’élevage de poisson.

Sur le fleuve les maisons flottantes hébergent sous leurs planchers des colonies de poissons. Les habitations sont très rudimentaires : une seule pièce pour toute la famille, peu de meubles (ni table ni chaises par exemple), juste une télé. Au marché flottant, de grosses embarcations remontant les bras du Mékong chargés de produits frais -fruits et légumes essentiellement- vendent leurs marchandises aux petits commerçants locaux qui viennent à leur rencontre en barque.


La ferme d’élevage, elle, est un radeau de 200m² sous lequel des cages gardent en captivité des poissons basa. Ça grouille pas mal ; selon la propriétaire de la ferme, il y aurait 100 000 poissons dans cet élevage. L’avenir de ces poissons, c’est la congélation et l’exportation vers l’Europe.
Enfin, nous accédons au village Cham grâce à un ponton au bout duquel des boutiques de tissus attendent de potentiels clients. C'est un grand classique : à l’arrivée d’un groupe, une jeune fille se précipite derrière son métier à tisser pour faire photogénique. Rien à voir avec l’ambiance que j’avais ressentie la veille en visitant ce même village par la route ! Le temps de boire un rafraîchissement, c'est l'occasion de papoter avec les gens du village. En leur disant que je m’appelle Nicolas, ils sont surpris d’apprendre que je suis français. Pour eux, Nicolas, cela faisait russe. Pourtant j’ai traditionnellement droit a des associations avec des français célèbres : Nicolas Anelka, Nicolas Sarkozy ! Le moment n’est finalement pas désagréable, pendant ce temps, la boutique de tissu fonctionne bien : les groupes des tours-opérateurs se succèdent...

Vient l’heure tout de même de quitter Chau Doc pour prendre la direction du sud, vers Ha Tien, au bord de la mer, toujours à la frontière Cambodgienne. Je quitte Dung après lui avoir donné un coup de main pour traduire quelques mails et formuler en français quelques conseils pour de futurs clients. Il attend notamment la venue d’un couple travaillant pour le compte du Guide Michelin pratique. Comme il sera à Saigon le week end suivant, nous nous sommes promis de boire un verre ensemble.

Le confort du bus que j’emprunte pour Ha Tien est bien sommaire : sièges crasseux, défoncés et serrés, fenêtres grands ouvertes... Nous faisons route à travers les rizières, avec les travaux agricoles comme spectacle d’un travelling qui durera 3h30.

Je note que la propagande change par rapport à Saigon : Les messages ne concernent plus le thème « collaboration et développement ». Il faut ici protéger les animaux, faire attention aux chiens enragés. Je lis par ailleurs « Les enfants d’aujourd’hui, le monde de demain », mais curieusement, loin de dissuader les enfants de travailler, la propagande recommande de ne pas leur faire porter de charges lourdes (avec l'image barrée en rouge d’un enfant portant un gros tas de briques) !

J’arrive vers 16h00 à Ha Tien et pose mon sac dans une pension familiale. Aussitôt, sans perdre de temps, je loue une moto, pour faire un tour de reconnaissance et visite une pagode nichée dans la caverne d’un monticule de roche karstique. Il y a de nombreux buffles, des vaches. Il flotte une odeur d’herbe coupée. Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas respiré ainsi !
Dans la soirée, je fais un petit tour dans le petit marché de nuit et prospecte des agences pour organiser la suite de mon voyage, car je ne compte pas séjourner trop longtemps à Ha Tien. Malheureusement, il n’y a rien. Je ne peux même pas acheter un billet de bus. Il y a des bateaux pour Phu Quoc... Au fait, pourquoi pas ? Je pourrais alors revenir en avion à Saigon. Le débat sera vite tranché, il n’y a plus de billets disponibles pour le bateau rapide du lendemain. Mais, j’avais aussi derrière la tête de visiter Kep et Kampot, au Cambodge, deux villes qui ne sont pas très lointaines... Je file prendre des renseignements sur internet. Ma décision est prise : ce sera bien le Cambodge.

Direction Chau Doc


Chau Doc

15/03

Voila, c’est parti, je me lance dans un périple un peu inédit puisque Stéphanie est rentrée en France et que je me retrouve tout seul à faire la route. Je pars pour Chau Doc, dans le delta du Mékong, près de la frontière Cambodgienne, à 7 heures de bus de Saigon. A peine sur place, en cherchant une chambre d’hôtel, je rencontre un vietnamien d’origine cambodgienne, Dung, qui m’aborde en français et se propose de m’aider. Il est Xe om, mais fait aussi guide touristique. Il recrute ses clients francophones sur les forums de discussion du Guide du Routard. Il me présente deux de ses « collègues », l’un d’origine chinoise, l’autre d’origine Cham. C’est la particularité de Chau Doc ; cette ville rassemble plusieurs ethnies différentes. Nous buvons ensemble une bière. Dung me propose de me louer sa moto pour le lendemain et je conviens de faire appel à lui le surlendemain pour un tour en bateau. Ici coule un affluent du Mékong investi par des villages flottants. Le prix qu’il m’annonce est très avantageux puisqu’il me dit que le tour me reviendra à 30 000 Dôngs de l’heure, alors qu’en agence, il faut compter de 5 à 10 fois plus !



Après le dîner, je quitte Dung pour me promener en ville. C’est plutôt animé, il y a notamment un mariage avec un orchestre.

16/03

Levé de bonne heure, j’ai le temps de faire un petit tour en ville et sur le pont qui surplombe le fleuve pour avoir un aperçu de la vie sur les maisons flottantes. Je déambule également dans des rues calmes. Les maisons sont pour la plupart construites sur pilotis, de petits étangs forment des places pittoresques. Les touristes qui étaient dans le même hôtel que moi font parti de tours organisés; ils ne prennent pas le temps de faire cette de balade dans les petites rues où je reçois un accueil très souriant des habitants. A 8h, je retrouve Dung avec qui je bois un café avant d’emprunter sa moto et de prendre la direction de Nui Sam, un monticule rocheux au milieu des rizières, à une dizaine de kilomètres. Prenant tous les détours possibles, je longe les canaux de la région et contemple la vie sur ces étranges maisons sur pilotis au bord de l’eau. Sur le Nui Sam, la montée dure une demi heure pour atteindre le point culminant laissant deviner au loin les rizières du Cambodge. Au pied du mont, des sanctuaires et des temples aux influences architecturales les plus diverses. Le plus vénéré est celui consacré à une divinité dont la tête est surmontée d’une auréole aux lampes multicolores qui s’illuminent en faisant des spirales psychédéliques. C’est de très mauvais goût, mais amusant. D’ailleurs, dans le Lonely Planet, ils évoquent ces « étonnantes petites lampes disco »



Dans l’après midi, je visite les villages Cham des alentours. En empruntant un bac, je retrouve l’ambiance vécue en me rendant sur l’ « île de la soie » près de Phnom Penh. Les habitants ont des cheveux ici un peu ondulé, les femmes les portent plus court. Les vieilles, comme au Cambodge sont coiffées du traditionnel foulard vichy. D’autres portent une sorte de voile islamique en dentelle colorée. Je roule ainsi des kilomètres, tout doucement. Il n’y a pas de commerces, la vente est exclusivement ambulante : fruits, légumes, poissons, viandes, vêtements, jouets... En m’arrêtant boire un coca, un petit rassemblement d’enfants se constitue autour de moi. Je bafouille quelques mots en vietnamien, mais bêtement je ne sais pas trop quoi dire après avoir répondu aux traditionnelles questions sur la durée de mon séjour, mon âge, ma situation de famille et mon métier. Je prends en photo quelques mosquées et repars plus loin pour un autre village. J’assiste à une partie de volley, mais, dans ce village, je ne me sens pas capable de trop rester et de boire un verre avec des groupes qui n’en sont plus à leur première bière. J’ai pensé à l’émission J'irai dormir chez vous et en ai retenu les leçons d’Antoine de Maximy : faire le sympa, ça marche bien en général, mais les ambiances conviviales peuvent vite devenir hostiles quand l'alcool s'en mêle. C’est exactement ce que j’ai pensé dans ce village là où mon incursion motorisée ne me laissait pas une impression aussi sûre que dans l’autre village ou j’étais en confiance pour boire mon coca. Ici, les gens étaient plus directs, cela me faisait un peu peur.


A mon retour en ville, dans les écoles, les enfants étaient assis dans la cour. Une personne au micro faisait un discours, comme le matin même à 7h30 ! Puis en contournant l’école, j’ai assisté a une scène étrange : de jeunes filles passaient chacune à leur tour pour s’entraîner à faire le montage et le démontage d’un fusil mitrailleur ! Elles étaient soumises au regard attentif d’un instructeur qui les chronométrait. J’avais l’impression de revoir en film mon service militaire ! Précision : Ces jeunes filles avaient environ 13 ans !

samedi 14 mars 2009

Vina- ambiances

Avoir la nhạc ...


Le bruit de la circulation, du moteur des clim’, impossible d’ y échapper. Ce n’est pas qu’on s’habitue, mais on fait avec...Même chose pour la musique vietnamienne.
Oui, on s’adapte à tout finalement. A tel point que je finirais presque par aimer certains morceaux de nhạc trẻ (musique pour les jeunes, selon la nomenclature vietnamienne). Je me suis même mis à acheter quelques disques. Avec deux objectifs - ou deux prétextes si vous préférez. Le premier : la volonté de vouloir perfectionner ma connaissance du vietnamien. Ensuite : faire un peu d’ethnologique sur le pays.


J’entamais cette démarche en commettant quelques erreurs, dans mon casting notamment. Je choisis, pour acquérir une culture musicale de base, de me procurer les albums de Mỹ Tâm . Avant de partir je l’avais repérée car elle avait fait la une d’un Paris Match Hors Série consacré à l’Asie. C’est LA star de la chanson vietnamienne. Tout le monde l’adore. Son créneau : la chanson sentimentale. Dans les magazines, la star prend la pose : jean taille basse et Tshirt serré, poses lascives, façon Britney Spears. Relativement osé au Vietnam. Hormis quelques reprises amusantes tirées de ses premiers albums (aux arrangements très «musiques de jeux vidéos des années 80 ») l’écoute de ses succès ma profondément ennuyé. Cependant, encadrée par des producteurs coréens, elle évolue actuellement vers un style plus moderne, mais finalement tout aussi mauvais. A titre de comparaison, c’est comme si Chimène Badi se mettait à chanter du Jennifer Lopez... en vietnamien.


J’avais des attentes plus pointues, cherchant à retrouver les univers musicaux dont on bénéficie sur les terrasses des cafés Trung Nguyen en buvant un cà phê đá , ou dans les minibus Mailinh quand on part en week end...Vous voyez le truc ? Non ? Alors, petite description rapide des standards de la nhạc trẻ : Intro avec un solo de guitare nerveux, des breaks de batterie à n’en plus finir, le chanteur qui envoie direct le refrain. Guitare à nouveau avec distorsion poussée à donf. Brusque changement de rythme, le silence total. Reprise de la musique avec arpèges à la guitare - effet chorus, petite musique mélancolique à la flûte de pan ou au violon, comme dans les dessins animés japonais. Reprise du chant avec la voix romantique du chanteur, le tout avec un max de reverb comme dans les karaokés. Les paroles : « mon cœur est déchiré, tu es déjà loin, je ne peux plus vivre sans toi... »


Faisant mauvaise pioche avec Mỹ Tâm , j’ai donc élargi mon champ d’investigation en achetant sur le trottoir des copies de Cd d’autres « artistes ». Au passage, il faut noter que l’achat versions piratées est la pratique habituelle. Il est même assez difficile de se procurer les albums originaux, il n’y a pas de distributeurs ici !
J’ai déboursé entre 6000 et 10000 dôngs (30 et 50 centimes, prix unitaire) pour m’offrir quelques albums, à l’aveuglette. Pas toujours une bonne affaire, car à ce prix là les Cd ne sont pas tous lisibles... Sauf un, le pire : celui de la chanteuse Hong Ngoc, veste a rayures, foulard et chapeau en feutre sur la pochette. Du sophistiqué cheap.


Heureusement, il y a internet. J’ai découvert par hasard à Hanoi un site de téléchargement très bien fourni (www14.nhac.vui.vn). C’était la page d’accueil de l’ordi de la réception de l’hôtel ou nous avons séjourné. Une vraie mine d’or où, outre la nhạc vietnamienne, on trouve les chansons étrangères rythmées que l’on entend en boucle dans les magasins de vêtements à la mode et les boutiques d’électroménager. (Deux titres sont incontournables : Lucky de Lucky Twice et Stronger de Inez, mais ils commencent à dater un peu, on attend qu’émergent d’autres chansons phares !) . C’est grâce à ce site que je me suis procuré les meilleurs morceaux de nhạc trẻ . Attention « meilleurs morceaux de nhạc trẻ » ne veut pas dire que c’est bon, mais, c’est représentatif.
Ce site est si bien fourni qu’il y a même des chansons françaises (en cliquant sur l’onglet Nhạc Pháp ). Mais, a vrai dire, la sélection est décevante : Nana Mouskouri, Sylvie Vartan, Céline Dion, Julio Iglésias, Franck Michael, une compile de slow des années 80 avec le tube Aviateur de Véronique Jeannot(!), et Christophe Willem ( Non, non, sans rire !). Bon à prendre pour animer une soirée Blind test...






Je vous propose quelques morceaux à découvrir (les clips sont très réussis) :



Deux titres de Van Quang Long :








Un titre de la chanteuse Cam Ly :





Enfin, pour découvrir ou réecouter Stronger et Lucky Lucky :









Vi Sao Em La Ke Bac Tinh

Boi tin loi the 2 - Van Quang Long

TRAI TIM MEM YEU - CAM LY

Inez Stronger (Music Video)

Emigration choisie


Émigration choisie




Ils auraient aimé habiter dans une maison vietnamienne pour avoir une vie qui ressemble plus à celle des gens d’ici, mais, avec les enfants, c’est trop compliqué.



Ils n’habitent pas dans un lotissement, ils habitent dans un compound.



Leur compound a une piscine. C’est fermé, sécurisé, c’est bien pour les enfants, ils peuvent faire du vélo.



Ils ont des terrains de tennis dans leur compound, mais ils n’y jouent pas. Non parce qu’ils trouvent que c’est snob, non, c’est parce qu’il fait trop chaud.



Leur maison possède des murs jaunes et des fioritures un peu baroques en stuc blanc. Il y a 4,5 m de hauteur sous plafond. Dommage que les peintures soient cloquées à cause de l’humidité...



Leur loyer est de 3000 dollars par mois, mais le propriétaire va peut-être le faire passer à 6000 le mois prochain. Pour eux aussi c’est difficile en ce moment...



Ils louent une Toyota Innova de 8 places, avec chauffeur, ou bien ils utilisent le 4*4 Land Cruiser de fonction de l'entreprise de Monsieur.



Le 4*4 c’est bien parce que à An Phu, le quartier où ils habitent, c’est inondable.

Pour faire leurs courses, ils vont chez Annam Gourmet, une boutique ou les produits Fauchon côtoient les conserves Leader Price importées de France. Mais, comme ils ont perdu leurs repères, ils pensent que c’est une bonne marque aussi.



Leurs enfants mangent des BN pour le goûter.



Monsieur travaille beaucoup et rentre tard. Madame s’inquiète parce qu’il a peut être des liaisons secrètes avec ses secrétaires vietnamiennes.



La femme de ménage et la cuisinière sont agaçantes, elles sont toujours en train de dormir sur le canapé quand ils rentrent à l’improviste. Et puis, elles doivent regarder la télé quand ils ne sont pas là car en l’allumant ils tombent toujours sur un chaîne vietnamienne et le volume est poussé au maximum. Quand à la clim’, elle est réglée sur 17°.



Madame aime aller chez le coiffeur et se fait faire une manucure deux fois par semaine.



Madame collectionne les numéros de l’Echos de rizières. Elle est très fière d’y être en photo avec ses copines de l’atelier broderie de l’amicale francophone. Mais elle est déçue de ne pas avoir pu faire garder les enfants pour la soirée Beaujolais Nouveau, car toutes ses voisines elles, elles y étaient...



Madame devra penser elle aussi à écrire un article pour l’Echos des rizières, par exemple sur son week end à Dalat. (Madame vient de découvrir Dalat après dix ans passés au Vietnam).



Quand ils voyagent, ils ne vont pas dans des hôtels, ils vont dans des resorts.



Pour se tenir au courant de l’actualité littéraire, ils vont à la libraire française. C’est bien actualisé, d’ailleurs, la preuve, ils viennent de recevoir L’élégance du Hérisson.



Ils sont ravis d’aller au théâtre voir jouer une fois par an leurs amis qui font parti d’un atelier.



Ils sont ravis car cette année un événement littéraire exceptionnel a eut lieu : Marc Lévy est venu à Saigon pour une soirée dédicace. Ils adorent Marc Lévy, c’est sûr, c’est un des plus grands... La venue d’un futur Prix Nobel, fallait pas rater ça.



Ils ont tous ici un, ou une, ami(e) artiste peintre. Cet artiste à d’ailleurs beaucoup de talent.



Le dimanche ils vont dans le quartier 1 prendre un brunch dans salon de thé qui fait restaurant près de la cathédrale. C’est propre et c’est tenu par français. Quelque fois, ils vont aussi au buffet du Sofitel. Cela les fait d’ailleurs beaucoup rire d’y croiser des compatriotes mariés avec des vietnamiennes qui y viennent pour se gaver de Gói.



Ils viennent d’apprendre comment dire « bonne année » en vietnamien.



Ils voyagent avec Air France.



Ils ont déjà parlé de rentrer en France cet été, ils iront voir leur famille sur la côte d’azur. Ils ne resteront pas à Paris. A Paris, ils sont un peu perdus. Les pôvres !



Mais maintenant, avec la crise, les temps sont durs. Le mari de leur voisine vient de perdre sont emploi. Ils vont devoir rentrer définitivement en France. Dans leur rue, de plus en plus de maisons sont désormais à louer. Un jour ce sera peut être leur tour. Pas facile de rentrer, et de travailler plus pour gagner moins...