lundi 26 janvier 2009

Quand même...

Les réceptions de M. le Consul.


Le mois de janvier est consacré aux vœux, on le sait. Notre chef d’établissement à toutefois dérogé à la règle cette année. Pour Noël, déjà, le traditionnel sapin et les guirlandes avaient été laissés au placard. Point de mot non plus à l’égard des élèves pour –éventuellement- leur souhaiter de bonnes fêtes. A la rentrée, le climat ne s’est guère réchauffé. D’habitude, il y a toujours un geste, une boite de chocolat offerte en salle des profs, une galette des rois, un petit mot affiché. Là, rien.

M. le Consul, lui, s’est plié de bonne grâce à l’exercice de présentation des vœux en invitant la communauté française à une réception dans les jardins du consulat. Les échos que j’avais de ce genre de réunion étaient plutôt partagés. J’y allais donc avec détachement, excité, je dois l’avouer, à l’idée de pouvoir ensuite ironiser sur la piètre qualité supposée du buffet. Vin mousseux en guise de champagne, chips et apéricubes, voilà en gros le menu auquel je m’attendais. Je me trompais lourdement. Champagne, toast raffinés, le tout dans un décor de verdure inattendu en plein centre ville, la résidence du consul - une magnifique demeure coloniale- en arrière plan, tout y était, y compris la grosse berline Peugeot, noire, garée sur le gravier de l’autre côté du bâtiment. Bon le discours du consul n’avait pas de quoi nous donner le moral. En gros, il disait que c’était la crise et que le monde entier serait touché par le chômage, la misère, que l’année 2009 serait très dure, y compris pour les immigrés... Enfin, je veux dire les expats’ au Vietnam ! Pour sa conclusion, abusant de contorsions de langage toutes diplomatiques, il voulu se défendre de faire comme Le Monde qui avait titré « Bonne année quand même ». Le message a été très bien reçu.
Après les applaudissements, une annonce en forme de page de pub : « le buffet vous est offert par le restaurant Le toit gourmand ». Un bouchon de champagne saute, tout le monde y va alors de son petit commentaire en attrapant au vol les petits fours apportés par les petites serveuses vietnamiennes, et en toisant les autres personnalités de l’assistance : chefs d’entreprises, conseillers culturels, médecins... Dans toutes les bouches , malgré la flûte tenues dans le creux de la main le rituel " moi aussi, je déteste les mondanités..." et toujours la même obsession : Voir et être vu. C'est quand même embêtant cette crise...

dimanche 11 janvier 2009

Le coup de grâce

Le pays en larmes

Le 28 décembre, à l’aéroport de Saigon, des témoignages recoupés nous ont rapporté l’ambiance anxiogène qui y régnait. Sans explication un mouvement de foule s’est déclenché sous des cris stridents. Des femmes sont en larmes. Une situation incontrôlée bien peu coutumière d’un pays, qui, sous ses airs bordélique, ne goûte guère au désordre... Même les douaniers quittèrent leur poste. C’était l’anarchie. De quoi paniquer sérieusement...

Ce que l’étranger, qui débarquait ce jour là au Vietnam ne savait pas, c’est que le moment était historique... Quelques minutes plus tard, une foule immense allait déferler dans les rues pour des rodéos en motos qui dureraient jusqu’à l’aube. Le mouvement de foule était en réalité un mouvement de liesse. L’avant centre de l’équipe de foot du Vietnam venait juste de marquer un but victorieux dans les arrêts de jeu de finale de la Suzuki Cup . Le pays remportait ainsi son premier titre majeur, en battant, sur le fil, la Thaïlande. « C’est quoi cette coupe ? » me direz-vous... Bande d’ignorants ! C’est la coupe des nations du sud-est asiatique, et l'avant centre du Vietnam, le héro du match, il s’appelle Lê Công Vinh. Ca, c'est pas france football qui vous l'apprendrait hein ?

Nous sommes arrivés trop tard pour vivre l’émotion collective, c’est dommage. A Paris, cet événement est passé inaperçu, n’en déplaise au Courrier du Vietnam qui s’emballait déjà : « la sélection vietnamienne fait beaucoup parler la presse étrangère » !

L'événement à pris une telle importance que, le 7 janvier a même été organisée avec l’équipe une cérémonie devant le mausolée à Hanoi de Hô Chi Minh afin de "Rapporter les exploits " au vieil oncle !

Mais, même avec un relatif statut de favori pour le décrocher le prochain ballon d’or ( le ballon d’or d’Asie - rassurez-vous !), le buteur vedette du Vietnam a du laisser à l'haltérophile Hoàng Anh Tuân, médaillé d'argent aux Jeux olympiques de Pékin, le titre de "Sportif de l'année 2008" décerné par la presse. Son exploit à lui n’est pas mince puisque avant son succès en Chine, les médailles olympiques remportées par le pays pouvaient se compter sur les doigts de la main. D’une main. Avouons même... D’un doigt... Seul, en 2000, le taekwondoka Trân Hiêu Ngân avait en effet décroché une médaille d'argent aux JO de Sydney.

Mais voilà, tout va désormais changer car la dynamique victorieuse est en marche ! On ne rigole plus avec le Vietnam en matière de sport !

Hanoi


Hanoi

Dernier week end au Vietnam avant le retour en France pour Noël ; dernière escapade ; Hanoi.
Température fraîche -une vingtaine de degré- petite brume du matin, lumière dorée l’après-midi. C’est une ambiance automnale que nous trouvons en arrivant à Hanoi... Une douceur qui nous manquait.
Hanoi, nous semble calme, les gens semblent presque endoloris par le froid relatif. Les femmes ont laissé de côté leurs chapeaux coniques pour mettre sur la tête des foulards. Les enfants sont chaudement couverts sur la proue des motos, emmitouflés dans des anoraks de ski jaunes d’une autre époque, cagoules avec des étoiles de neiges sur la tête. Sur les trottoirs, les uns et les autres mangent le Phở avec bonnets et moufles.



Nous aussi nous avons un peu froid, nous avons nos manteaux. Des touristes se promènent, mais eux, ils sont en short et en T-shirt. Nous, nous venons de perde 10°c en venant de Saigon. Ce n’est qu’une façon de se préparer à notre retour à Paris ou la météo indique un petit 5°C.
Un peu de neige toutefois à Hanoi dans les rues du vieux centre... Une rue s’est spécialisée pour la saison dans la vente de déguisement de Père Noël, de sapin en plastiques et de guirlande. Je suis toujours aussi amusé par ce Noël adapté « façon vietnamienne » ! A quelques pas de là, des vendeurs ambulants jouent au chat et à la souris avec la police qui patrouille en camionnette. La vente ambulante est depuis quelques mois interdite dans plusieurs secteurs. C’est dommage ; c’est un peu du Vietnam que l’on aime qui disparaît.

Que faire ? « La capitale de Hanoi est déterminée à mettre fin totalement à la vente ambulante, notamment dans les rues principales », « L’image des vendeurs ambulants est belle dans les films, mais fait très arriérée dans une ville civilisée. » a déclaré le maire de Hanoi, Nguyên Thê Thao...

Les vendeurs ambulants, qui sont majoritairement des femmes sont donc traqués dans la pratique d’une activité qui est leur seul gagne-pain. C’est triste quand on pense que certaines se lèvent à trois heures du matin chaque jour pour faire bouillir une casserole de riz gluant qu’elles attachent à leur bicyclette avant d’entamer un long trajet pour les conduire en ville et retourner chez elles, les bons jours, avec 3,50 dollars en poche.C’est triste parce que ces vendeurs donnent de la gaité aux rues tout en fournissant un réel service. Les vendeurs ambulants permettent aux citadins de se procurer toute sorte de produits, des fruits et légumes aux soutiens-gorge et sandales, en passant par les poissons tropicaux et les oiseaux.
Entre les marchandises des magasins étalées jusque sur les trottoirs, les coiffeurs et les réparateurs de vélos minute de rue, ce qui faisait le charme de la promenade à Hanoi va disparaître. Dans sont désir de modernisation, le pays et adopte petit à petit le concept des supermarchés. Rien d’étonnant à cela... Tous les pays évoluent dans ce même sens... Pour l’heure, les femmes se cachent avec leurs palanches dans des boutiques dès que le signal et donné par les guetteurs !