vendredi 27 mai 2011

Le sud du Laos. Paksé


3/05


Vol à flanc de coteaux au dessus de rizières, villages aux maisons sur pilotis, puis, traversée du Mékong avant d’atterrir. D’emblée, les paysages en arrivant à Paksé séduisent. La capitale, Vientiane, et Luang Prabang, principaux centres d’intérêt touristiques, sont loins d’ici. Nous avons fait le pari que le sud du Laos nous réserverait de bonnes surprises pour ce premier voyage dans le « pays au million d’éléphants ».

Notre premier petit tour de repérage en ville nous fait découvrir une petite ambiance rurale, quelques maisons anciennes, un marché, un temple coloré. C’est calme, reposant, mais, à pied, on sent que l’on fait vite le tour de ce qu’il y a à voir. Nous jetons distraitement un œil aux agences de voyages, on fera peut-être appel à elles par la suite, pour organiser certains déplacements.

Nous goûtons aux rafraîchissements locaux, la bière Lao, l’eau pétillante Lao.

De ce premier petit tour, l’impression de marcher dans des rues plutôt propres, une circulation disciplinée ou les véhicules s’arrêtent aux feux rouges. L’impression aussi de ne pas être sollicités par des rabatteurs ou par les conducteurs des tuk tuk. Il y a pourtant d’autres touristes, un peu routards… C’est assez normal, le sud du Laos est un carrefour entre la Thaïlande, le Vietnam et le Cambodge. Il y a de nombreuse enseignes en vietnamien, celle des boutiques, des restaurants (« quan com »), ou encore devant des maisons avec des indications comme « Cam dau xe » (stationnement interdit).

Nous avons réservé, pour notre première nuit, au « Champassak Palace Hôtel », qui n’a de palace que le nom et le lustre un peu poussiéreux d’un ancien palais mal entretenu. Nous semblons être les seuls clients… C’est curieux sur Internet, il fallait se dépêcher de réserver, il ne restait que 4 chambres… Tout comme il ne restait que 4 places dans l’avion, qui en fin de compte était au trois quart vide!
Petite déconvenue dans la soirée en partant à la recherche du marché du soir que nous avons pris pour un marché de nuit: Ne restaient plus que quelques étals de viande nauséabonds et quelques chiens errants. Sur les trottoirs, un curieux manège d’installation de petites tables éclairées par des lampes de bureau : des jeunes filles vendent des tickets en cochant sur les grandes grilles de numéros avec un surligneur. Probablement une loterie.

Le temps est lourd. Au milieu de la nuit une grosse tempête viendra brutalement ouvrir la fenêtre de notre chambre, dans un fracas de coups de tonnerre ahurissants.



04/05

Nous louons une moto pour traverser les plateaux Bolovens en direction de Tad Fan, les plus hautes cascades du Laos. Sur 38 km nous traversons des villages avec ces hautes maisons sur pilotis vues en arrivant en avion, au milieu des plantations de café. Sur le bord de la route, des jeunes filles marchent nonchalamment. Elles ont des jupes traditionnelles qui descendent en dessous des genoux, des vestes de survêtement imitation adidas et s’abritent du soleil avec des parapluies aux couleurs vives. Après un aperçu de quelques chutes d’eau signalées sur la route, un nouvel orage se fait menaçant et nous arrivons juste à temps au Tad Fan resort pour déjeuner sur une terrasse avec vue sur les spectaculaires cascades qui tombent dans un gouffre de plus de 120 mètres de haut ! 2 heures plus tard, avec le retour du soleil, nous rentrons à Paksé, en faisant une petite escale pour suivre un chemin au début duquel un panneau en vietnamien indique des vergers. Nous découvrons des plantations d’ananas et un étang dans lequel viennent se baigner quelques enfants avec de grosses bouées. Il y a de belles couleurs, une atmosphère paisible…




Champassak

05/05






Réveil matinal. Nous ne sommes pas mécontents de quitter notre « Palace » pour prendre un mini-van commandé la veille en direction de Champassak, à quelques dizaines de kilomètres au sud de Paksé. Les routes ne sont pas engorgées au Laos, tout juste voit-on des camions chargés de tronc d’arbre, spectacle un peu désolant d’une réalité : les forêts sont décimées de leur bois précieux, destinés à la construction de meubles exotiques. A vrai dire, nous-mêmes possédons des meubles en bois exotique, c’est un peu de notre faute aussi…


Après une heure de route, le mini van nous abandonne sur les bords du Mékong avant de poursuivre sa route vers le Cambodge. Nous montons sur une barque effilée comme une lame pour traverser le fleuve. Nous y croisons des bacs bricolés, assemblages de pirogues sur lesquels des sortes de grandes palettes servent de plateformes pour véhiculer des motos, des voitures, et même des camions ! Tant qu’il n’y aura pas de pont, l’autre côté de la rive sera toujours un petit bout du monde quand même…Un tuk tuk nous prend en charge pour nous conduire à l’hôtel Inthira où nous avons réservé un bungalow, pour éviter d’être pris au dépourvu, car de nombreux témoignages sur des forums évoquaient de mauvaises surprises sur les guest House de Champassak. En découvrant l’hôtel, nous ne pouvions espérer mieux : accueil dans une maison ancienne et grande chambre avec terrasse, location possible de moto et restaurant agréable… A peine installé, nous louons un deux roues pour visiter le Wat Phou, temple classé au patrimoine mondial de l’Unesco, de la même époque que Angkor wat. Encore une fois, la route est a elle seule tout un spectacle, avec ses rizières, ses buffles, ses temples bouddhistes, ses jeunes écoliers jouant dans les courts de récrés, la montagne en arrière plan. Le Wat Phou dispose d’un sanctuaire parfaitement conservé au sommet d’un grand escalier qui laisse de belles perspectives sur le paysage environnant.



Dans l’après midi, nous nous hasardons sur l’île de Don Sen, oubliée dans certains guide, mais que j’avais repéré dans un article dans le magazine Géo, article qui, finalement, a largement inspiré notre itinéraire. Nous traversons à nouveau le Mékong sur une petite barque, avec la moto, et débarquons sur une large plage de sable blanc au milieu de pêcheurs rassemblant leurs filets. Le tour de cette île est vraiment une bonne surprise, ses villages sont coquets, fleuris et partout encore au milieu de l’île, de belles rizières avec des buffles. Dans un coin de l’île, un resort avec bungalow luxueux inattendu, la folie-lodge. Une petite mésaventure toutefois : Personne sur la plage pour retourner à Champassak en bateau ! Les quelques pêcheurs se sont éloignés, il a fallu rouler dans le sable pour les retrouver, mais ils ne semblaient pas vraiment disposés à nous aider. Après de longues minutes d’attente inquiète à être attaqués par des puces de sables, l’un d’eux, plus malin que les autres a proposé son prix en écrivant sur le sable avec un bâtons : 50 000 kips (5 euros). Marché conclu. Il part en bateau chercher un bac pour nous dépanner et emporte au passage sa commission. Bien joué ! Finalement tout le monde y trouve son compte…

Stéphanie qui a découvert un petit salon de massage va s’offrir un agréable moment de détente tandis que je pars photographier les maisons du Champassak qui témoignent de son passé : quelques maisons coloniales, un ancien bureau de télécommunication, une bibliothèque, une vieille école aux inscriptions en français…

Finalement très séduits par Champassak, nous décidons de rester une journée supplémentaire le lendemain avant de poursuivre notre périple vers les 4000 îles.



Phou Assa - les 4000 îles

06/05


Nous partons en excursion à Ban Ngon Kiet, village ou sont domestiqués des éléphants, avec l’intention de faire une promenade sur le dos de ces pachydermes. Notre monture eut le mauvais goût d’expirer fortement avec sa trompe et de nous postillonner dessus pendant deux heures, finalement assez inconfortables. La promenade nous laissera le souvenir de paysages assez particuliers sur le sommet d’un monticule de roche volcanique, siège d’un ancien temple : Phou Assa. Le village en lui-même a son petit charme, et voit se dérouler des petites scènes de la vie locale bien plaisantes à regarder quoique désormais plus familières.


07/05

Nous reprenons la route vers le sud pour les 4000 îles, région où le Mékong s’élargit sur 14 kilomètres et se fait tantôt nonchalant, tantôt bouillonnant avec des rapides et des cascades. C’est une nouvelle virée en barque qui nous permet d’atteindre Don Khone ou nous avons choisi de résider. Avec l’île voisine de Don Det, c’est un point stratégique du Mékong, frontière entre deux portions navigables du fleuve. Entre ces îles fut construit un pont et une voie ferrée pour assurer continuité du transport fluvial de marchandises. Un constat : l’eau du Mékong n’est plus ocre comme à Champassak, elle est bleue verte. Sur ces îles, nous découvrons en arrivant de petites guesthouse aux bungalows rustiques au bord de l’eau. C’est plus touristique qu’a Champassak, mais cela reste très sauvage, dans une ambiance très zen. Nous choisirons de dormir dans une maison, qui fut naguère un dispensaire, succombant aux charmes de la bâtisse et son atmosphère surannée.

Partant à la découverte des îles, nous marchons vers les chutes de Li Phi, puis traversons le pont - petit pont de la Loire en miniature comme dirait Géo- pour suivre le chemin de l’ancienne voie ferrée et revenir sur nos pas en suivant le fleuve par un petit chemin agréable. Beaucoup de touristes occidentaux font le circuit à vélo, les touristes asiatiques sont dans des sortes de minibus. Les enfants de l’île jouent sur des vélos trop grands pour eux. Ils nous disent Sabbaï dii (bonjour) en nous croisant. Les plus grands jouent au foot volley avec leurs balles en osier. Un type avec le casque vietminh passe en moto avec tout un tas d’ustensiles de cuisine.Nous croisons aussi beaucoup de volailles, de cochons, des chiens, de chats…

Les 4000 îles - Paksé



08/05

Un chien un peu collant nous a suivi pendant toute l’heure de marche pour atteindre la porte sud de l’île de Khone. Il nous quitte lorsque nous montons sur une petite barque pour aller observer les dauphins d’eau douce, une espèce en voie de disparition appelée "dauphin de l’Irrawaddy", qu’on ne trouve guère que dans certaines partie du Mékong . Le Cambodge nous fait face, de l’autre côté du fleuve, à quelques centaines de mètres. Malgré l’heure peu propice de notre excursions, nous auront la chance de voir, de loin, les nageoires dorsales de quelques spécimens, sortis de l’eau pour respirer dans un souffle puissant, nous alertant de la direction vers laquelle tourner la tête.

Plus tard, nous reprendrons une barque pour visiter, d’autres sites des 4000 îles, et regarder les pêcheurs en exercice tandis que sur le bord des îles, les enfants se baignent en groupe. Les paysages sont sauvages, d’une grande sérénité au coucher du soleil. On les imagine aussi terriblement hostiles la nuit tombée, surtout lorsqu’un orage vient déchirer le silence comme une nouvelle fois ce sera le cas cette nuit là.



09/05

Après une dernière petite promenade où nous fûmes salués par des bébés aux bras agités par leurs mères soufflant dans leurs oreilles « sabbaï dii ! sabbaï dii ! », c’est l’heure du retour vers Paksé. Le départ est un peu compliqué, nous rentrons dans le bus puis ressortons, car il y a un passager malade, puis, il y a un bonze. Il ne faut pas qu’il soit assis à côté d’une femme, or, ce jour-là, il y a beaucoup de femmes. Il faut faire un plan d’occupation du bus. Les bouddhistes ont, eux aussi, des préceptes à la con… Sur la route, nous avons failli rentrer dans un buffle traînant au milieu de la route, puis dû freiner brutalement devant un bébé faisant des premier pas imprudents sur le bitume, et que sa mère viendra arracher en panique à quelques mètres de nous.

Arrivé à Paksé, nous visitons Ban Saphaï, un village de tisserands. Malheureusement, les tisserands ont probablement disparus depuis la dernière visite de nos guides touristiques - à une ou deux exceptions près. Nous finirons donc notre séjour à flâner sur le marché de Paksé, dans son « centre commercial » dont l’attraction principale et une superette « Tang frères »




Après une nuit au Paksé hôtel, bien plus confortable que le Champassak Palace hôtel, mais un peu cher tout de même (40 $ la nuit), nous reprenons la direction du Vietnam, avec plein de beaux paysages dans la tête, et le souvenir d’ambiances agréables, reposantes. Le Laos, ne nous a pas forcement dépaysé beaucoup par rapport à ce que nous connaissons déjà de l’Asie, mais nous a offert tous les bons côtés du Vietnam (le côté rustique et les beaux paysages, mais en moins agressif, en plus « propre »), du Cambodge (la simplicité des gens, sans le côté misérable et les sollicitations pesantes), de la Thaïlande ( la langue et le sens du service de nos hôtes, sans le côté intrusif). Parfois aussi, le Laos nous a fait penser à Bali (les tenues vestimentaires). Sur ce que nous en avons vu, et, le nord du pays ne saurait nous faire mentir, le pays apparaît comme une bonne synthèse de l’Asie du sud est.

Le Laos est peut-être bien, finalement, la meilleure destination pour découvrir l'Asie tropicale. Mais, une destination condamnée à rester plus confidentielle, faute d'ouverture sur la mer et de plages... Une façon d'être préservée ?




dimanche 22 mai 2011

Une partie de campagne

22 mai 2011: élections legislatives au Vietnam