dimanche 14 septembre 2008

mardi 9 septembre 2008

Entre les murs



C’est la rentrée. J’hérite d’une classe de terminale S, d’une seconde et d’une sixième. On peut dire que ce sera varié ! Stéphanie sera en charge d’une classe de CM2. Il y a un petit peu de changement puisque le site du lycée a déménagé. Fini les cours dans la belle maison coloniale (photo). Une tour en construction dans son voisinage immédiat a rendu son utilisation trop dangereuse. Le lycée s’installe provisoirement dans un bâtiment destiné à accueillir des bureaux. L’ambiance sera coporate !
Mais tout va bien, on contrôle. On ne part plus dans l’inconnu. De toute façon, il n’y a pas grand-chose à craindre.
Point de «Kaïra », de « FBI», ou de « Produit toxique ». A l’école française, les t-shirts des élèves sont beaucoup moins agressifs : « Thailand », « Kuala Lumpur », « Sushi bar »... En fait, l’an dernier, les plus grandes surprises sont venues du primaire. Les anecdotes ne manquent pas. Cela peut aller de l’accident de braguette dû au fait que les garçons ne portent pas de sous vêtements, aux petits bobos qu’il faut soigner en frottant le front avec une pièce d’argent. Amusantes aussi, les collations, qui se composent de petites barquettes de riz accompagnées de saucisses que les enfants mangent avec leurs baguettes !

Mais, on a beau être à l’étranger, on n’en demeure pas moins concerné par les mouvements sociaux. L’école a ainsi suivi, la plupart des grèves. Cela a rendu fou de rage certains parents, qui s’imaginent que, parce qu’ils paient des frais de scolarité, les enseignants devraient s’asseoir sur leur droit de grève ! Certains vietnamiens, au contraire, découvraient avec admiration notre audace. Les pauvres, ils pensaient que nous allions nous faire arrêter ! C’est sûr, eux, ils n’ont pas encore ce droit là.

Il y a aussi des périodes, où, une grande nervosité gagne la salle des profs. C’est lors de la publication des postes susceptibles d’être vacants dans les autres lycées étrangers. En effet, beaucoup se prennent à rêver de mutations pour Pékin, Tokyo ou Singapour. Car, le Vietnam, disent-ils, « y en a ras le bol ». Mais beaucoup pourront continuer à rêver un an de plus. Car, dans ce mercato, leur côte n’est peut être pas si élevée que cela, pour prétendre aux établissements les plus prestigieux ! Mais, pour la grande majorité, pas question de rentrer en France - ce qui serait pourtant le plus simple et le plus sûr moyen de changer d’air. Repartir à zéro dans une banlieue sordide, ça donne quand même à réfléchir… Surtout qu’il faudra renoncer aux primes perçues au titre d’indemnité de vie locale (300 euros par mois). Et puis songez : fini les stages tous frais payés à Séoul ou les travaux de correction pour le bac à Sydney. En France, ce sera stage à Arcueil et correction du brevet à Trappes (sans remboursement du plein d’essence et du ticket cantine). Travailler plus pour gagner moins en quelque sorte…

Mais, encore une fois, la grande affaire qui intéresse tout le monde, c’est le projet de délocalisation du lycée. Celle-ci était prévue pour janvier 2009. En dix mois, le projet aura finalement reculé de... dix mois ! En fait, cela arrange bien tout le monde...
On a beau se plaindre des bâtiments actuels, de leur manque de fonctionnalité, c’est quand même la classe de travailler aux portes du premier district de Saigon ! Le nouvel établissement sera lui à 30 bornes du centre. Bon, OK, les femmes d’expats qui roulent en voiture avec chauffeur, ça va pas trop les gêner. Mais pour tous les autres, c’est la punition. Ça va faire une heure de route en moto. Au mieux. Dit comme ça, c’est pas extraordinaire. Mais à la saison des pluies, c’est impossible à faire. Et c’est surtout une route extrêmement dangereuse... Pas de transports en commun... Déménagement obligatoire.
Pour couronner le tout, le nouveau site est ultra pollué, exposé aux pires fumées toxiques des usines environnantes. On dit aussi qu’il jouxte un camp d’exécution des condamnés à mort.

« Si, si, ce sera très bien » nous dit le Proviseur. Enfin, d'ici janvier 2010, de l'eau aura coulé sous les ponts...



Àm xâu lắc ky lắc ky

Le 29 août... le retour

Roissy, terminal 1, désormais, nous avons la carte de membre du club Qatar airways. Bientôt nous aurons le droit de prendre 10 kg de bagages en plus chacun. En attendant, à la veille de chaque départ nous devons tout peser. Pas question de payer 250 euros de surcharge comme en août dernier ! Là, ça passe au kilo près...
Ce trajet ne nous fait plus peur, on retrouve nos marques : l’odeur de l’avion, les repas (toujours les mêmes, à l'aller, au retour, mais, sans être les mêmes dans les deux sens). Passage en revue des films à regarder : Le cœur des hommes 2 ; Marie Antoinette ; Le scaphandre et le papillon. Bon, c’est pas malhonnête tout ça..... Entre deux films, le dernier album de Moby côté musique, une partie de Tetris pour moi, la lecture d'un manuel pédagogique pour Stéphanie.
Doha, toujours comme escale, ses émirs, les femmes portant la burka.
A Saigon, en arrivant, de grosses turbulences. Cette fois ci, on a carrément la trouille dans l’avion. Au sol, un vent violent, des éclairs, il fait chaud... Nous retrouvons enfin le Vietnam ! Nous sommes contents. Nous prenons un taxi. Là aussi, nous retrouvons l’odeur oubliée depuis deux mois des voitures de la compagnie Vinasun. A la maison, en déchargeant les bagages, une femme passe en chantant avec un chariot éclairé par un néon. Elle vend sa soupe. Là je me dis que le Vietnam, ça a quand même de la gueule. On est contents d’être là. Je vais acheter quelques bouteilles d’eau, je sais où aller, je retrouve mes repères, je retrouve les dôngs, des visages dans la rue qui me sont familiers. Ca n’a plus rien à voir avec le mois de septembre 2008, où nous étions déroutés par l'ambiance si particulière de ces lieux. Même le bruit ne nous semble plus aussi agressif.
Au petit matin, nous achetons nos fruits devant la porte de la maison. Premières conversations en vietnamien ; j’ai pas travaillé mes leçons pendant les vacances pour rien !



Non loin de là, dans les boutiques de fringues de la rue Le Van Sy, on entend encore la même chanson : « I’m so lucky lucky, I’m so lovely lovely ». Ce morceau là, c’est vraiment LE tube au Vietnam. Vous connaissez pas ? “Àm xâu lắc ky lắc ky” comme disent les viets ! Impossible de ne pas l’entendre une fois par jour. Et c’est comme ça depuis un an. Mouais...J’sais même pas si en France c’est connu ce truc... C’est nul, mais j’aime bien l’entendre. Ça restera pour nous un truc qui évoquera les moments passés ici.
Enfin, pour résumer, nous rentrons de vacances, en bonne forme, avec le moral. D’attaque !
La rentrée, c’est demain !

Pour écouterÀm xâu lắc ky lắc ky” :

http://lefruitdudragon.blogspot.com/2008/09/yuna-i-so-lucky-lucky_4273.html