samedi 26 février 2011

Têt de chat




Le sol a tremblé sous nos pieds le 26 janvier à 14h24. Il fallait néanmoins avoir une certaine sensibilité pour le sentir. Ce fut mon cas. Stéphanie ne s’est aperçue de rien. Comme la majorité des gens… La presse l’a bien confirmé plus tard : un séisme de magnitude 4,7 sur l'échelle de Richter venait des se produire au niveau de la zone littorale Phan Thiêt. Phan Thiêt, justement, là ou nous devions partir dans les jours suivants pour les vacances du Têt !

Nous avions réservé quelques nuits dans un resort au nom étrange, AllezBoo... On y aurait jamais mis les pieds si, traînés pas des amis, nous n’avions participé au loto de l’amicale francophone et gagné dans ce complexe tout neuf un weekend - dont la date était judicieusement imposée dans une période assez large pour couvrir toute la saison des pluies. Coup publicitaire somme toute gagnant puisque nous y retournions… L’endroit ne manque pas d’atouts avec son beau jardin tropical, sa terrasse avec piscine et vue sur la mer, ses chambres décorées avec goût dignes des brochures « hôtels de charmes ». Remarquez, on n’est pas loin des 100 dollars la nuit ; on a pas trop l’habitude… Nous y séjournâmes 5 jours, ignorant alors tout du fait que la province venait d’être l’épicentre du séisme, finalement sans conséquences...




Autour de la piscine flotte comme une ambiance "hôtel club". Des femmes russes sujettes à la surcharge pondérale nagent fastidieusement prenant bien soin de ne pas mouiller leur cheveux permanentés, dégageant autour d’elles de puissantes effluves connotées troisième âge: ’Krasnaya Moskva’ ou Yves Saint Laurent... Leurs maris, corpulents eux aussi, restent plus volontiers au sec à bronzer. Ils ont réservé leurs transats au soleil en y faisant poser leurs serviettes sur les meilleures places avant de prendre des œufs brouillés au petit déjeuner. Ils semblent avoir à cœur de prendre des couleurs, avant de reprendre l’Aeroflot, quitte à virer écarlate
Signe qu'ils sont choyés, ils auront même le droit à Калинка (Kalinka) par les petites chanteuses de l’hôtel chargées, en mini jupes scintillantes, de mettre de l’ambiance aux repas festifs organisé pour le passage à la nouvelle année. Car, c’est la fête lors de notre séjour : le Vietnam entre dans l’année lunaire du Chat ( façon précieuse de se distinguer des chinois qui, eux, entrent dans l’année du Lapin ! ).
Le jour de l'an, au petit matin, une danse du dragon est venue chasser les mauvais esprits au rythme des tambours tandis que, marchant sur la plage, nous contemplions les diverses constructions qui ont vu le jour depuis les trois ans que nous venons. On pourrait presque citer par cœur tous les établissements hôteliers : le Palmira Beach, palme du mauvais goût, le Terracotta, le SeaHorse, le Swiss Village, le Ngoc Suong, le Cham Villa, le Coco Beach, le HongDi, le Indochina Dreams, le Tien Dat, le Full Moon, le Seabreeze… On pourrait citer aussi tous les restaurants donnant sur la plage : le Sukhotai, qui vient d’être rénové, le Cay Xoai qui, lui, a disparu, le Shankara qui a ouvert il y a peu adoptant un style Bouddha Bar –plus joli côté rue que côté plage- le Lam Tong, que nous aimons bien mais qui a élargi sa terrasse sur la plage et devient surpeuplé… Partout, une confirmation : le russe est devenu la deuxième langue officielle de Mui Né.
Pour varier les plaisirs, nous avons loué une moto afin de circuler le long de la mer, dans les rizières et les exploitations de fruits du dragon, que nous voyons en arrivant en train.


En cette période du Têt -nouvel an lunaire- nous voyons dans les rues de Phan Thiet une activité au ralenti. Tous les commerces sont fermés, la circulation routière est très calme. Des petits groupes se réunissent devant des maisons pour manger, jouer aux cartes, faire des paris, sous les yeux des enfants qui ont mis leurs habits neufs de fête. Les uns et les autres vont de maisons en maisons souhaiter la bonne année aux voisins, aux amis. Quelques hommes s’isolent à l’ombre pour enquiller les Heineken...
Nous retournons à Saigon le deuxième jour de l’année lunaire. En fin d’après midi, le train passe devant plusieurs cimetières où des familles se sont rassemblées et célèbrent des messes en mémoire des ancêtres. Dans la soirée, nous prenons l’avenue Dong Khoi -anciennement rue Catinat, comme disent les guides- pour défiler avec les autres motos sous les illuminations de fêtes, devant les affiches célébrant la tenue du XIème congrès du parti communiste qui vient de se clore. La ville prend alors en soirée des allures de kermesse géante. Des ballons colorés flottent un peu partout, les vendeurs de glaces, barba papas et d’épis de maïs se frayent un chemin dans la foule… Une douce euphorie gagne un peu tout le monde ; la fête quoi…



Bonne année lunaire du chat !