vendredi 29 octobre 2010

Triste rentrée

« Nous aimerions trouver une famille accueillante pour notre bonne. Elle travaille pour des familles françaises depuis 1985. Elle parle français, est prévenante, courageuse et discrète. Elle cuisine français et aime s’occuper de tout dans la maison (ménage, repassage, cuisine, marché etc.) »


La rentrée a eu lieu depuis quelques semaines déjà. Restent ici ou là des annonces placées par les expats, au mois de juin, pour revendre leurs appareils électro ménagers avant de quitter le Vietnam, et, aussi, pour recaser le « petit personnel » de maison, c'est-à-dire leurs chauffeurs, leurs gardiens, leurs jardiniers ou leurs « bonnes »- que certains appellent plus pudiquement « nounous ». Dur dur de perdre sa « perle » …

Nous, nous revenons, pour notre quatrième rentrée. Et nous observons les « nouveaux » collègues arriver, galérer, se faire des idées sur le logement, sur le mode de vie, souffrir du climat, de la pollution. Nous avons connu ça aussi, alors on les rassure un peu. Comme on peut, car sur certains points nous ne sommes pas convaincus : le nouveau lycée, tant décrié, a bien ouvert ses portes au fin fond du quartier 9, ce « beau » lycée au milieu de nulle part, à 20 bornes du centre. Entre collègue, nous nous organisons pour louer un mini bus pour la route. Le paysage offre ce qu’il y a de pire au Vietnam : zones industrielles, cimenteries, parc de stationnement pour camions et véhicules de chantiers, entrepôts de containers, terrains vagues, décharges sauvages. Ces voyages organisés ne sont pas gratuit en terme de santé mentale ni pécuniairement. L’addition s’élève à une centaine de dollars par mois par personne. Durée : 2 heures par jour quand tout va bien. Remboursement des frais à 0%, bien entendu. Une fois, nous avons voulu rentrer en taxi. « Le centre ville s’il vous plait - Quelle ville ? » à répondu le chauffeur un peu surpris.

Pourquoi ne pas déménager pour se rapprocher ? C’est simple : se rapprocher -un peu- du lycée, sans s’enterrer, ça veut dire, s’installer à An Phu, le quartier résidentiel qui est aussi le ghetto de blancs de Saigon. Nous avons de nombreuses connaissances qui y vivent. On s’était dit que, bon, c’était pas notre truc, mais c’était peut-être plus raisonnable que de rallonger encore les transports. Alors, fin août, on a commencé à prospecter, en tournant en moto pour sonner aux portes des immeubles qui n’avaient pas l’air trop chers. Par hasard, je suis quand même rentré dans un compound, bien planqué au fond d’une petite rue qui traversait un terrain vague ou des maisons venaient d’être démolies. Là, incroyable, l’impression de faire irruption dans un décor de pubs pour Kinder, au milieu de ces maisons bien soignées, de ces allées où dorment à l’ombre de puissantes berlines allemandes noires aux vitres fumées. Sans oublier les quelques têtes blondes jouant sur les pelouses autour des piscines privées… Et puis, rencontrant une collègue sur place, avec Stéphanie, nous avons déjeuné, dans un restaurant qu’elle connaissait. Crise de claustrophobie immédiate. Des tablées de desperate housewives anglo-saxonnes ou françaises, je ne sais pas trop. Des parents d’élèves à tous les coins de tables… L’horreur absolue. Un seul vietnamien…pour nous servir une minuscule pizza à un prix exorbitant. C’est sûr, ils vous clament tous qu’ils sont contents d’habiter le ghetto, tous ces pseudos routards fiers d'avoir fait  l’Inde, le Népal et le Bengladesh. Ils plaident: "Y a tout" : la boulangerie, le traiteur, l’épicerie ou l’on trouve les bonbons haribo, les malabars et des choco-BN, comme en France ! Ah ouais, super... A se demander ce qu'on est venu foutre au Vietnam. Pour nous, ce sera Niet. Nous préférons faire un peu plus de bus…

Effectivement, nous ne ferons pas non plus nos malins en racontant que l’on cherche à vivre à la vietnamienne… Les maisons de ville vietnamiennes, nous en avons habité une et nous n’avons pas supporté plus d’un an et demi. Question logement, finalement, les choses se sont décantées naturellement. A la rentrée, 3 des 5 appartements de notre immeuble se sont libérés et un restaurant Karaoké à ouvert juste à côté. C’est devenu assez bruyant pour les étages inférieurs. Nous, nous sommes au 4ème, il y a une nuisance sonore, mais, cela reste supportable. De ce fait, la propriétaire a du mal à trouver des locataires. Alors quand on lui a montré sur la carte ou on travaillait désormais, elle a compris que nous n’avions pas avantage à rester non plus. Alors, tout en prospectant ailleurs, se sentant en position de force, nous avons demandé une baisse de loyer de 200 $ (c’était 900$ jusqu’à présent). Nous avons trouvé un compromis en signant un contrat avec baisse progressive du loyer (au niveau souhaité) jusqu’en juillet 2011 ; ça compense ainsi les frais de transports...