samedi 7 août 2010

Sur un air de vuvuzuela


Début juin ; il flotte comme un air de vacances. A l’école, les élèves laissent leurs cahiers pendant les récrés pour se pencher sur leurs albums Panini de la coupe du monde. La vente de vignette fait un tabac dans la population francophone, et les tractations sur le mercato des « doubles » déchaînent les passions. Particulièrement recherchées : les vignettes de Benzema et de Ronaldinho, grands absents de la compétition. Beckham ? Tout le monde l’a déjà en triple - tout comme Puyol, Gilardino, Chung Yong (Corée du sud) et Nunez (Honduras). Eux, leurs cotes sont nulles, ils vont rejoindre les portraits de Valderama, de Buruchaga et autres Pirès déjà collés sur les frigos.


Un peu partout, des calendriers, des posters rappellent les matchs programmés, et de nombreux cafés proposent la diffusion des rencontres sur grands écrans. Les journaux vont commenter abondamment les résultats sans hésiter à offrir des prolongations sur leurs sites internets, comme le journal Bong Da qui, sur son site, dans la rubrique « belles photos de la coupe du monde », propose quelques ralentis sur de jeunes filles légèrement couvertes, mais bien échauffées et prêtes à taquiner le cuir… Et dire que Platini est toujours contre l’utilisation de la vidéo…




En bon supporter des bleus, je m’étais fait un petit programme pour mater les matchs. Je me disais qu’en ayant acheté mes billets d’avion pour le 2 juillet pour rentrer au quê, je méritais un carton jaune ; c’était le jour des quarts de finale que disputerait peut-être la France si elle finissait première de son groupe. Aujourd’hui, avec Rama Yade, je m’amuse de cette disqualification précoce. Plus besoin de me lever la nuit pour regarder les matchs jusqu'à 3h30 du matin, décalage horaire oblige… A l’Euro, j’avais déjà expérimenté ces veillées mémorables avec ces matchs commentés en vietnamiens. Oui, je me souviens bien de ce 4-1 contre les Pays-Bas à l’heure où Saigon dormait à poings fermés…

Bilan, Anelka, « Anenka » comme disent les vietnamiens -qui ont bien du mal à distinguer le son «l» du son «n»- a conforté son statut de joueur français le plus connu en Asie (les médias couvrent surtout le championnat anglais). Amusant, dans le journal de la télé Suisse romande diffusé sur TV5- journal qui ne rate pas une occasion pour tacler les français- un chroniqueur excuse l’avant centre incompris en rappelant malicieusement que c’est un autre Nicolas, pas très efficace non plus à son poste, qui avait banalisé une certaine prose avec son « casse toi pauv’ con ».

Avec les commentaires en vietnamien, au moins, sur le terrain, on avait l’impression qu’il se passait toujours quelque chose de passionnant : « ri-bééééé riiiiiiiiiiiiii ! Không được » (Ribéry ! Ah non, raté ») « Abidane, Tou-la-lan, sút xa rất nguy hiểm » (« Abidal pour Toulalan. Oh ! Frappe très dangereuse ») « Không vào ! »(«C’est pas cadré ! »).

Bye, Bye Raymond ; on viendra te voir au théatre.