dimanche 6 septembre 2009

Poussière et confettis

C’est tellement agréable de rentrer chez soi dans une maison qui sent bon le propre après deux mois d’absence. Pas si simple à Saigon...

Certes, notre propriétaire nous a bien délégué Tony, son bricoleur, pour veiller sur la maison et arroser les plantes pendant l’été. Ce dernier a même effectué quelques travaux de peinture là ou les murs souffraient de l’humidité, réparé quelques fuites... Mais quelle idée de laisser le chantier dans la poussière si bien que, avant même de vider nos valises, nous nous trouvions contraints de nous lancer dans une vaste opération de nettoyage – sans parler de l’odeur de moisissure, voire de pourriture? Imaginez en plus notre bonheur de découvrir en déplaçant les meubles que la maison, le temps des vacances a été envahie par une colonie de souris. Les souris, justement, ma phobie... Si difficiles à chasser dehors à coup de balais, compte tenu de leur fugacité et de leur dispositions à faire de grands bonds ! Et, l’expérience montre qu’elles savent se venger. Immédiatement après leur avoir déclaré la guerre, le rez-de-chaussée a été infesté d’une odeur insoutenable, assez indescriptible, quelque chose entre l’odeur d’excréments et l’odeur de cadavre... Il paraît que c’est la conséquence d’un marquage de territoire. Alors, le lendemain de notre arrivée, je fonçais au marché pour préparer l’artillerie lourde : les cartons autocollants, sorte de papiers tue-mouches spécial rongeurs.
Enfin, pour nous achever, nous constations le retour du bruit assourdissant du groupe électrogène de l’hôtel voisin. Ce bruit qui avait failli nous décider à partir déjà l’an dernier avant qu’il ne soit mis en sourdine, peut être grâce à l’action de notre propriétaire que nous avions interpellé sur ce point.
Mais désormais, nous arrivons au terme de notre contrat, et, c’est bien décidé, on va partir...

Heureusement, nous avons passé aussi de bon moments en arrivant, puisque nous étions invité au mariage de Tran, notre amie qui nous avait donné naguère quelques cours de vietnamien (à ne pas confondre celle avec qui je prenais des cours à l’université qui s’appelle Tran également, mais qui est une autre personne...). Ce mariage, c’était un peu une surprise, elle nous l’avait annoncé au printemps, mais on ne lui connaissait pas de prétendant. Mais, c’est un peu normal vu qu’elle-même, au moment de son annonce, n’avait jamais rencontré son fiancé, Michael, un belge. Ils se connaissent depuis deux ans en chattant sur Internet.
Bien sûr, on est content pour elle, mais aussi un peu inquiet et un peu triste parce qu’on ne la verra plus beaucoup, Tran. Elle va partir vivre en Belgique avec Michael. Ils doivent quitter Saigon début septembre... La cérémonie était typique : gâteau, cascade de champagne, litchis, bière, fumigènes et confettis.

Pendant que nous vadrouillons, nos problèmes se résolvent néanmoins petit à petit; quatre souris ont été prises les pattes engluées, et ont pris la direction de la poubelle, l’odeur nauséabonde tend à disparaître. Mais nous restons vigilants, car l’ennemi s’adapte. Un matin, de façon assez inexplicable le bout de fromage posé sur la colle avait disparu sans piéger le voleur...
Impossible alors de ne pas penser à ce jour de mai ou, en rentrant, nous trouvions un chaton dans notre cour... puis un deuxième. Des voisins nous avaient abandonné lâchement leurs rejetons. Ça devait bien les avoir amusés par avance ce coup... Mais, je n’avais pas eu d’états d’âme, les chatons gagnèrent le droit de retourner de l’autre côté du portail. Pourtant, ils nous auraient rendu bien service...

Lecture d'été


Il n'y a pas que Duras...


En souvenir de Saïgon
Dans la collection Escale romance (vous ne pourrez pas dire que vous n’étiez pas prévenus), éditée chez J’ai lu , Jane Laurence a commis ce roman de plage, que, ayant un peu de temps de cerveau disponible, j’ai « dévoré », intrigué par l’air nostalgique que prend la co gai de la couverture un sur fond de paysage tropical.



L'histoire:
Perle est une jeune eurasienne née à Saigon en 1975, juste avant la prise de ville par les vietcongs. Alors que son autobiographie connaît un petit succès littéraire, (« l’ombre de l’amant de Marguerite Duras planait sans l’obscurcir sur ce récit équilibré comme la palanche posée en balancier sur l’épaule des paysannes du sud ») elle est conviée à Hollywood pour rencontrer les producteurs qui ont racheté les droits d’adaptation du récit pour le cinéma. Malheureusement, Perle qui cru un instant rencontrer aussi en Californie le grand amour avec une star de cinéma, se sentira trahie à la lecture du scénario et claquera la porte aux américains. Quel culot!





Pour faire bonne figure, « En souvenir de Saïgon » se risque à faire réflechir le lecteur en ironisant audacieusement sur l’industrie cinématographique américaine, coupable de ne vouloir faire que du profit au détriment de la qualité alors que « les gens aujourd’hui veulent qu’on parle autrement de la guerre du Vietnam. Ils en ont marre des films d’action à la Rambo, avec largage de bombes dans la jungle et exotisme de pacotille »
Mais le plaisir de la lecture réside dans cette prose qui nous offre quelques phrases poétiques, du genre :
« Assis sur les rochers sous la voûte protectrice d’un cyprès tortueux, ils regardaient le soleil sombrer dans l’océan. Il flottait dans l’air du soir un doux parfum d’oranger, qui se mêlait délicatement aux puissants effluves marins. Tout près d’eux, sur la grève humide (...) »
Et, toutes les deux pages, une comparaison bien sentie :
« Et la Cadillac démarra en souplesse comme un grand paquebot quittant le port » (sans oublier la « palanche des paysannes du sud » citée précédemment)
Mais ce « livre » reste très amusant car il décrit avec sérieux Saigon comme une ville raffinée : « la cité blanche, la ville-parc de l’âge d’or, avec sa végétation luxuriante, ses tecks et ses tamariniers, ses faux camphriers et ses frangipaniers aux parfum entêtant. Saïgon et sa douceur de vivre... ». Ah ! Ah ! Ah !