lundi 31 août 2009

Sapa



Sapa (mai 2009)
Il y a déjà 3 ans, lors de notre premier voyage au Vietnam, nous avions regretté de ne pas avoir assez de temps pour aller à Sapa. Sapa, c’est un autre Vietnam, celui des montagnes du nord ouest, près de la frontière chinoise, celui des minorités ethniques.
Au mois d’avril, lorsque nous avons reçu la visite de Marie-Pierre et Marc – ma sœur et mon beau frère- nous les avons orienté vers Sapa, mais sans les suivre ; nous n’étions pas en vacances. Nous avons eut tout juste le temps de faire ensemble, le temps d’un week end, une journée dans la baie d’Ha Long et une excursion vers la pagode de la grotte parfumée, un lieu de pèlerinage très fréquenté, une sorte de grotte de Lourdes vietnamienne, nichée dans une très belle campagne ou une petite balade en barque nous permet d’apprécier le site, qui ressemble beaucoup à la baie d’Ha Long terrestre.
Pour en revenir à Sapa, Marie Pierre et Marc nous en ayant fait un compte rendu très attrayant, nous avions fait de cette destination notre objectif pour nos vacances de mai.
Pour tout dire, le voyage en train de nuit de Hanoi vers Sapa ne nous laissa pas un très bon souvenir (cabine vétuste sale et bruyante). A la sortie de la gare, on a bien compris également qu’il fallait batailler ferme pour par se faire arnaquer en prenant le bus qu’il fallait encore prendre pour Sapa. Mais, sur la route les paysages nous font un peu oublier la fatigue avec les premières rizières en terrasses et le changement de végétation à mesure que nous prenons de l’altitude.
Nous choisissons une chambre dans un hôtel humide avec vue sur la vallée. Vue que l’on ne verra pratiquement pas ; Sapa est connue pour son brouillard épais... Son crachin aussi. Très vite, nous investirons dans des parapluies, des vestes polaires et commanderons à l’hôtel du bois pour faire du feu dans la cheminée...
En cinq jours passés sur place, la météo a alterné entre le mauvais et le franchement pourri. Chaque matin, nous avions pourtant l’espoir de voir percer un peu le soleil, imaginant que le pire était derrière nous avec une conviction d’autant plus forte que les jours passaient et que ça ne pouvait plus continuer ainsi... De Sapa, nous connaîtrons presque tous les recoins et tous les lieux où il fait bon s’abriter pour prendre une boisson chaude... Mais ce n’est pas ce qu’il y a de mieux à retenir... La ville est sans charme. Il ne semble y avoir que des hôtels. Beaucoup de femmes Hmongs en habits traditionnels vendent avec insistance leurs sacs, leurs écharpes et des tentures murales aux touristes occidentaux. Ce côté « village touriste » n’a rien d’attrayant tant que la vue sur la vallée ne reste qu’une promesse dont la brume ne veut rien laisser entrevoir. Un petit tour au marché à de quoi distraire certes, mais le pseudo artisanat est celui que l’on retrouve partout ailleurs, avec toujours ces mêmes articles venus de Chine. Restent le charme des Mhongs dont certains ont des taches de rousseur et les yeux clairs, la beauté de leur vêtements, et le charme des Dao rouges que nous rencontrons également, et qui se distinguent par leur coiffe spectaculaire- on dirait qu’ils ont un coussin rouge posé sur la tête.









Itinéraires
Dans la boue, les sillons, sous le ciel gris nous marcherons avec bravitude profitant de période ou le brouillard se fera moins épais. Et, c’est vrai, quand il nous est permis de voir a plus de 50 mètres, alors se dissipent enfin nos doutes sur l’intérêt de ce séjour ; les perspectives tracées par les rizières en terrasses sont époustouflantes.
Du village de Cat cat à celui de Sin Chai, l’intérêt de la promenade se situe également dans l’observation des tâches domestiques et agricoles. Les buffles labourent les rizières avec les hommes, tandis que les femmes travaillent dans des champs destinés aux cultures maraîchères.
Dans l’école de Sinh Chai, ce sont surtout les filles qui viennent en classe. De nombreux autres enfants travaillent déjà ou se promènent en bande dans les villages, un peu livrés à eux-mêmes.

Un autre jour, profitant en début d’après midi d’une « fenêtre météorologique » favorable (heureusement que nous avions de la lecture pour occuper notre matinée au coin du feu), nous partions en directions du village de Lau Chai, un peu au hasard. En empruntant un chemin descendant vers de rizières à la photogénie prometteuses, nous devons vite nous rendre à l’évidence : la voie est impraticable. Demi tour. C’est alors que nous croisons deux femmes Hmongs qui nous proposent de nous guider vers leur village en nous montrant de jolis endroits. Elles parlent entre elles dans leur drôle de dialecte puis avec nous échangent quelques mots en vietnamien, en anglais et connaissent « bonjour » en français. La route descend et nous nous inquiétons du chemin qu’il faudra accomplir au retour. Leur village -Lau Chai- est à une heure à pied, mais elles nous assurent que dans leur village, il y aura quelqu’un pour nous raccompagner à l’hôtel en moto. Nous nous laissons alors guider en prenant des petits chemins en terre, en traversant un joli hameau de maisons en bois puis nous nous retrouvons sur un magnifique chemin au cœur des rizières. Rapidement, nous sommes rejoints par trois buffles ! Il se met à pleuvoir, le terrain devient très glissant, mais les paysages sont de plus en plus spectaculaires. Des rizières comprenant une centaine de paliers sont désormais face à nous, il y des cascades, des sapins, de rochers... Sans ces petites dames, nous n’aurions sans doute jamais découvert cet itinéraire. Par moment, elles nous donnent la main pour nous éviter de glisser. La pluie devient forte et nous progressons tout doucement, toujours avec les buffles... Arrivés à Lau Chai, nous savons qu’il faudra acheter un petit souvenir à nos guides, qui derrière les sourires sont de redoutables vendeuses que d’autres villageoises viendront vite rejoindre pour nous harceler ! Et, comme promis, les motos se bagarrerons aussi pour nous remonter à Sapa sous la pluie battante....



Le lendemain, nous visitons, à l’issue d’une longue balade à moto le village de Ta Phin, habité par les Dao rouges. Une fois de plus, nous sommes assez vite frustrés de nous retrouver dans la brume et de perdre de vue en cours de route les paysages. A l’entrée du village, un vaste parking attend des minis bus touristiques et les boutiques attendent des clients encore rares. Le village est saisissant : maisons en bois dans les rizières, marres aux canards, femmes en habits traditionnels. L’une d’elle nous fait signe de venir chez elle, ce que nous faisons sans être dupe : elle finira bien par essayer de nous vendre des tissus, des sacs à un moment donné ! C’est incontestablement le côté le plus désagréable de Sapa ; il n’est pas possible de circuler sans se retrouver escortés et avoir un rapport marchand... Dans la maison traditionnelle, le riz cuit sous un feu de bois sous le regard de la belle fille. Les quatre fils travaillent aux champs et vont bientôt rentrer manger.










dimanche 30 août 2009

Deux ans...

Voisins Voisines

Bon, mine de rien, c’est déjà notre deuxième année qui s’achève au Vietnam.
Dans notre rue, nous faisons bel et bien partie du paysage. La marchande de fruit sonne chaque fois qu’elle passe devant la maison, la voisine un peu fofolle du bout de la rue attend tous les matins que nous sortions nos poubelles pour récupérer nos bouteilles plastiques - que je préfère réserver à une jeune fille qui passe à vélo faire sa tourner de tri sélectif (cela consiste à prendre dans les sacs qui font office de poubelles les déchets recyclables). Tous les jours, à 7 heures, quand nous sortons, nous croisons le xe-om qui lit assis sur sa Honda Dream Tuoi tre a travers ses lunettes de chantiers anti insectes. Au même instant, devant notre porte, une petite fille passe en uniforme. Elle va à l’école en mangeant une petite saucisse et en buvant une brique de lait Vinamilk. La vieille aux cheveux gris, qui habite un peu plus loin, va chercher son riz en boitant, avant d’aller vendre ses cigarettes sur le trottoir... A 7h 15, quand nous sortons avec un peu de retard, arrive le type qui, avec une charrette vient ramasser les poubelles. Il y a quelques semaines, la voisine d’en face faisait à ce moment quelques pas dans la rue, son petit fils dans les bras à qui elle donnait la soupe, mais maintenant, on ne la voit plus, elle a déménagé... Disparu, par la même occasion l’aîné qui jouait "la nouvelle star" en chantant le soir.
Le reste des journées est invariablement rythmé par les chants des vendeurs de rues. Avec la régularité d’un métronome se succèdent les fruits et légumes, les soupes, mais aussi les balais, les pièges à souris, les sandales et les bassines en plastique.
Un employé passe tous les mois pour les compteurs d’eau et d’électricité. Le paiement des factures est un problème délicat. En général, on écrit sur une ardoise accrochée au portail le relevé des compteurs. Puis, un autre jour, l’employé revient percevoir le montant de la facture que, de temps en temps, nous trouvons glissée sous le portail. Bien souvent, cette facture, du format d’un vulgaire ticket de caisse, s’est envolée ou a été emportée par une averse. Notre voisine, celle qui est très bien placée au parti communiste, avance l’argent pour nous quand le percepteur vient en notre absence. Mais, bien souvent, on nous coupe l’électricité quand nous ne payons pas la facture envolée. Ils ne rigolent pas : deux jours de retard et c’est la coupure !
Même chose pour la télé, Internet et le téléphone. Autant dire que tous les mois nous devons faire face à un incident et que je dois me rendre aux agences pour payer- ce qui n’est pas chose aisée. En effet, la coutume veut qu’il n’y ait pas de queues et qu’il faille jouer des coudes aux guichets pour régler son problème. Et voyant ma tête, l’employée qui ne parle pas un mot d’anglais n’est pas pressée de traiter mon cas et cède à l’amicale pression des autres clients plus rodés que moi pour tendre le bras pour faire passer leurs factures en priorité.
Pour nous aider, le propriétaire nous envoie Tony, son homme à tout faire. C’est lui qui règle les pépins que nous ne pouvons surmonter seuls. Parfois il prend l’air surpris en voyant notre note d’électricité qui, il est vrai, a considérablement augmenté depuis que nous avons adopté la climatisation au rez-de-chaussée. Parfois, on se demande si la voisine du parti communiste n’aurait pas elle aussi connecté sa clim’ sur notre compteur et que ce serait pour cela qu’elle avancerait le montant des factures en notre absence avec autant de bienveillance. Certains disent qu’en coupant son compteur le soir, on peut avoir la surprise de plonger aussi dans le noir les maisons mitoyennes... Pour nous, toutefois, le test a été négatif, ce qui est positif. Enfin je me comprends. Mais... juste un petit fil, rien que pour les clims... le doute est permis.

Malgré tout, nous avons nos repères, quelques habitudes rassurantes. Nous avons même inconsciemment adopté des comportements caractéristiques, comme se racler bruyamment la gorge et cracher dans la rue ; jeter nos déchets sur le trottoir sans se soucier du fait qu’il y a depuis peu des poubelles, et, se curer les dents de façon ostentatoire à table...
Plaisanteries à part, nos mains sont devenues parties prenantes de notre communication. Nous les agitons - genre « ainsi font les marionnettes » pour dire « non » ou « on sait pas », nous les agitons d’une façon qui en France voudrait dire « Ta gueule » pour interpeller quelqu’un. Comme marque de respect, nous tendons nos deux mains pour recevoir ou tendre de l’argent ou échanger un bien.

Enfin, très important, car cela sert souvent, nous avons appris à éclater de rire pour dire «Non».