mardi 30 octobre 2007

D'autres références


Un héros très discret


On ne le sait pas en France, mais tous les chanteurs qui s’indignent du piratage de leurs œuvres, ne sont pas forcément les plus à plaindre. L’artiste français le plus touché par les « ventes sauvages » s’appelle, au Viêt-Nam, Richard Claydermann ! (Non, non, ce n’est pas une blague !). On se dit alors « et Mireille Mathieu ? ». Hélas, celle qui était une « star au Japon » n’affole pas l’industrie de la copie illégale. Et pourtant, quand je repense à son interprétation a capella de « mille colombes », pour fêter l’élection de Sarkozy, je me dis que, tout de même, ici, elle aurait encore ses chances…

Pour schématiser, dans les lieux publics, les médias, les karaokés, il y a deux tendances :

- La chanson sentimentale vietnamienne, dégoulinante de bons sentiments; chanson poisseuse qui colle aux doigts.

- Les tubes des années quatre-vingts. Un groupe phare que l’on entend une fois par jour : Modern Talking ( Le premier clip que j'ai vu à la télé vietnamienne m' a rappelé mon adolescence: « you’re my heart, you’re my soul ». Le chanteur avait un boucle à l'oreille droite, ce qui, à l’époque, passait pour une sorte de coming’out. L’autre, cheuveux permanentés blonds mi longs, tenait un synthé portable rouge, de la marque Yamaha).

Dans la même catégorie, les reprises en vietnamien. Exemple: « comme un ouragan » de Stéph’ de Monac’ en version asiatique.

Des consommateurs avertis

Le marché de la copie touche principalement le textile, la maroquinerie, les cosmétiques mais ce qui est plus surprenant, c’est qu’il n’épargne pas non plus les eaux minérales, les whiskys, les savons, les brosses à dents. Pour quelques dongs, des bouteilles contenant du thé (par exemple) se font passer pour des « scotch 12 ans d’age ». Dans un autre registre, la pratique du remballage est très répendue. Je ne compte plus le nombre de fois ou j'ai acheté des piles, soit-disant neuves, qui se déchargeaient le temps de les installer dans mon appareil photo...

Mais les vietnamiens eux-mêmes ne sont pas dupes. Pour leur moto, ils achètent japonais. Les nouveaux riches ne rechignent pas à acheter du Lancel, du Vuitton, du Dior. Du vrai ! Une nouvelle génération de boutiques de luxe ouvre ainsi sur les avenues chics du 1er district. Autre signe: les voitures sont de plus en plus nombreuses dans les rues de Saigon. Mercedes, est la marque européenne qui s’impose.

Sur d’autres cibles, les enseignes type Levi’s, Adidas gagnent du terrain…

Dans la grande distribution, Carrefour fait parler de lui, avec un représentant de choc : Tintin (« Tintin chez carrefour » bientôt dans les librairie !)

C'est du travail !

Les stages.


Les stages ont été attribués. Stéphanie n’ira pas au Japon, comme elle l’avait demandé. Elle a obtenu un stage de trois jours à Hanoi. Pas de quoi se plaindre… sauf qu’elle va être inspectée en janvier. En ce qui me concerne je pars en stage à la fin du mois de novembre à Kuala Lumpur (Malaisie). J’y rencontrerais l’inspecteur de maths de la zone « Asie Pacifique ».

Les billets d’avions et les hôtels sont pris en charge par l’AEFE (agence pour l’enseignement français à l’étranger). Mon stage se déroulant du lundi au mercredi, je partirai quand même le samedi (en payant la nuit supplémentaire du samedi) et ne rentrerai que le jeudi (là, je n’ai pas choisi, il n’y a pas d’avions entre Kuala Lumpur et Ho Chi Minh-ville le mercredi soir ; Mince alors !). Et dire qu’en France les stages se déroulent dans des banlieues glauques, sans le moindre défraiement…

Stéphanie, qui se retrouvera seule le temps d’un week end, a menacé de faire un saut à Bangkok…

La réception de Monsieur l’ambassadeur


A la Légion d’honneur, chaque rentrée était ponctuée par la visite de Monsieur le Grand Chancelier (que certains appelaient « le big boss »). Il faisait alors une allocution devant tous les professeurs en se félicitant du bilan de l’année écoulée (les deux années ou j’étais là, le bilan était « excellent ») et en dressant les perspectives à venir (création d’un laboratoire de langue, par exemple). Avec ses faux airs de Sean Connery, il maîtrisait l’exercice de façon assez impressionnante. La conclusion, était donnée avec une citation à caractère philosophique, ou un proverbe africain. Puis, l’assemblée se tournait vers un buffet arrosé au champagne (ou jus de fruits, pour ceux qui préféraient). La qualité des petits fours était irréprochable (avec une mention spéciale pour les amuse-gueules , à déguster à la petite cuiller, dans des petits verres).

A l’Ecole française d’Ho Chi Minh-ville, nous reçu la visite de Monsieur l’Ambassadeur. Il est notamment venu dans ma classe quand je faisais cours. Puis il est reparti, très vite...
Cette année, pas de réception de Monsieur l’Ambassadeur (qui sont pourtant toujours un succès). Pas de rochers Ferrero. Sans doute fait-il trop chaud ici ; le chocolat fond…

Une journée dans le delta

My Tho, BenTre

Pour satisfaire notre curiosité de visiter le delta nous avons pris, un dimanche, une excursion d’une journée. S’étant décidés à la dernière minute, nous avons opté pour un circuit organisé. Le tarif étant modique, nous ne risquions pas grand-chose (6 $ par personne, repas inclus)



Après deux heures de bus (et une halte commerciale bien inutile), nous avons embarqué dans un bateau à Mytho, sur le Mékong. Conformément au programme, nous sommes passé devant un marché flottant aux poissons. Sur le papier, cela semble intéressant ; malheureusement, il fallu se contenter (si j’ose dire) d’observer, de loin, des barges …


Nous débarquâmes, sur une île pour observer la préparation de galettes de riz et de noix de coco. Non loin, des artisans confectionnaient des couverts en bois de cocotiers. Un petit stand pour acheter les objets ainsi réalisés offrait la possibilité de rapporter un petit cadeau.


Après un frugal repas, une barque à moteur nous promena dans quelques arroyos du delta. A l’heure du thé, nous avons assisté à des chants traditionnels, plus ou moins improvisés par une chanteuse accompagnée de deux musiciens (on mettra sur le compte des sonorités asiatiques les airs faux). Non loin, un petit stand pour acheter des objets offrait la possibilité de rapporter un autre petit cadeau.

Une traversée des rues pittoresques de Ben Tre s’effectua dans une charrette tirée par un mulet jusqu’à une ferme d’élevage d’abeilles. Cette halte, qui ne s’imposait pas, offrait la possibilité de rapporter un petit cadeau à ceux qui le souhaitaient (c'est-à-dire personne) en achetant du miel.
Enfin, nous prîmes place dans une petite barque, manœuvrée à la rame par une femme, qui nous fit découvrir d’autres arroyos. Végétation luxuriante, calme absolu : images magnifiques, ambiance totalement zen. Enfin nous trouvions la justification du déplacement ! Mais ce fut court...

Pour conclure, il nous fallu encore subir la visite de la fabrique de bonbons à la noix de coco. Devinez quoi ? Un petit stand offrait la possibilité de rapporter un autre petit cadeau en achetant des bonbons!

les codes de la route



Les vapeurs d'extrème orient



Pour le fumeur, renoncer au tabagisme est difficile ici. Il faut dire que le paquet de cigarettes est à moins de 0,50 Euro… Depuis peu nous nous encrassons les poumons, mais ce n’est pas avec la cigarette. C’est peut être même pire. C’est avec la moto. Dans la circulation, nous inspirons les gaz d’échappement émanés de toute part.



Avant même de marcher, ils faisaient de la moto…

La moto est le standard pour circuler et les saïgonnais montent sur ces engins dès leur plus jeune age. Le plus souvent c’est une Honda. La voiture est réservée aux personnes aisées (modèles assez luxueux avec chauffeurs) ou aux taxis. Rouler à vélo, par contre, ça fait « pauvre » (C’est le contraire à Paris je crois, non ?). Les transports en communs se limitent à quelques lignes de bus. Ainsi, la moto est utilisée comme moyen de transport familial. Par exemple, il n’est pas rare de voir quatre personnes sur un deux-roues (parents avec les enfants), ou d’y voir des femmes donner le biberon pendant que le père conduit.

L’adaptation de la ville aux deux-roues est telles que l’on peut faire ses courses en restant assis sur sa selle : un grand nombre de vendeurs ambulants sont sur le bord des trottoirs pour vendre du pains, des fruits, de la viandes, des ustensiles divers, des journaux, des cigarettes…

Peu de gens portent le casque. Pour faire illusion, des motocyclistes portent un casque de chantier. D’autres achètent des contre façons très bon marché.

J’ai décidé que pour nos déplacements, nous allions louer une moto. Résumé de l’histoire :
Ecole primaire, collège, lycée, université … Avec l'habitude, les Xe-Om (motos taxis) que je prenais savaient exactement ou m’emmener sans que je leur dise…
Au regard du trafic, j’avais très peur les premiers jours. Pour la moto, parler de navigation en milieu urbain me semble plus approprié que de parler de conduite. La règle, c’est que, justement, il n’y a pas de règle. Tout se fait au feeling. On passe quand on sent que l’on peut passer. Feux rouges ou pas… Si on a un doute? On klaxonne !
Puis, avec l’habitude, j’ai intégré les principes de navigation. Plus à l’aise sur la moto je cessais de me cramponner et me laissais conduire tranquillement lunettes noires sur le nez et MP3 aux oreilles.
Voici quelques principes qui gouvernent la navigation :

- Oublier le code de la route en vigueur partout ailleurs
- Priorité au plus puissant : les bus sont prioritaires sur les voitures. Ils ne s’arrêtent jamais. Les voitures sont elles-mêmes prioritaires sur les motos, elles mêmes prioritaires sur les triporteurs, prioritaires sur les vélos, prioritaires, eux, sur les piétons…
- Ne regarder que devant soi. L’utilisation du rétroviseur est dangereuse pour deux raisons : il faut regarder devant soi car il y a des nombreux obstacles à éviter, et parce que, c’est en tournant la tête que ceux qui sont derrière vous anticiperont votre changement de direction (clignotants non utilisés)
- Pour tourner à droite à un feu rouge, il est permis de griller le feu puisque vous ne « traversez » pas !
- Pour tourner à gauche, il faut prendre la file de gauche à contresens (en se rapprochant le plus possible du trottoir opposé) dès que possible. En vertu de ce principe, il ne faut jamais rouler en serrant trop à droite (pour éviter ceux qui sont à contresens).
- Lorsqu’il n’y a pas de feu rouge à un carrefour, il ne faut jamais s’arrêter, il faut adapter sa vitesse, trouver une brèche, et, klaxonner. (il peut être utile de se servir d’une voiture qui emprunte la même direction et de s’en servir comme « bouclier »)
- Sur certains feux rouges, il y a un compte à rebours qui prévient (en secondes) le passage du vert au rouge et du rouge au vert. Très pratique mais… Attention ! A quelques secondes du passage au rouge, les motocyclistes décideront plus volontiers d’accélérer que de s’arrêter. Au même moment, ceux qui attendent le passage au vert anticipent leur départ !
- Les jeunes lycéens en vélo ont des trajectoires très sinueuses. Souvent à deux sur un vélo, leur attelage et peu rapide et peu stable. Des demi-tours intempestifs sont mêmes à craindre. Il faut donc les dépasser en prenant ses distances (en klaxonnant pour signaler sa présence).
- Autre écueil : les motos chargées de gros cartons. Il n’est pas rare de voir les cartons se rependre au milieu de la chaussée.
- Enfin, les piétons, les vendeurs ambulants traversent le flot de circulation avec une nonchalance déconcertante. (mais comme personne ne s’arrêtera jamais pour eux, il faut bien qu’ils se lancent quand même). Le bon sens consiste à les éviter. (en klaxonnant lorsqu’ils semblent trop distraits)
- Il faut accepter de se faire klaxonner, en réagissant, dans ce cas, avec calme (ce qui n’est pas évident car le klaxon des bus, très puissant, est terrifiant)



Autre précautions utiles :
- A l’arrêt, il faut éviter de poser le pied trop loin de sa moto ; c’est prendre le risque de se faire rouler dessus.
- Mettre un pantalon : la moto laisse chez beaucoup une trace ; une brûlure pour être précis. Celle d’un pot d’échappement qui dans la densité du trafic vient vous caresser le mollet !
- Avoir toujours sur soi une cape de pluie en cas d’averse et continuer à rouler comme si de rien n’était. Pour ne pas être trempé, la cape doit recouvrir les mains. Elle couvre par la même occasion les rétroviseurs, le tableau de bord en pendant sur les phares (qui deviennent occultés). Ce n’est pas grave, puisque ces outils de conduite sont superflus.


Voilà pour l'essentiel...

J’avais également peur des ennuis mécaniques, des crevaisons (étant donnés le mauvais état des routes). Heureusement, une collègue m’a rassuré en me disant qu’elle n’avait crevé qu’une seule fois en deux ans, car en location, le matériel est fiable.

Ayant bien intégré ces usages, nous nous sommes lancés. Prudents tout de même! Nous avons immédiatement acheté des casques.
Mais nous avons fait mieux que la collègue : nous avons crevé au bout de deux jours ! (Prix de la réparation : 2 euros)

dimanche 7 octobre 2007

enfin logés, le train-train peut commencer

L’appartement

Nous aurons finalement mis plus de trois semaines pour trouver un appartement. En fait, pour être complètement satisfaits, il aurait fallu bien plus. Nous avons consenti à payer plus cher que prévu, en étant plus loin que prévu du centre… Mais, nous avons choisi ce que nous avons trouvé de mieux.... Nous étions surtout lassés de vivre à l’hôtel, où il était difficile de gérer la préparation de nos cours et les corrections. Tout d’abord, nous avons fait une croix sur l’idée de louer une maison, par méfiance (excessive ?) des cambriolages. Certes, les maisons sont à la location bon marché, mais elles sont conçues de façon peu fonctionnelles et sont peu sécurisées. En tant qu’étranger, nous avons compris que nous étions vite "repérés", que notre comportement été disséqué et nos habitudes connues de tous dans les quartiers. Nous représentons des proies de choix pour des bandes organisées qui voient en nous des gens très aisés…
Nous avons rencontré plusieurs intermédiaires pour les visites : Monsieur Sin, Monsieur Thuan, Monsieur Tuong, Mademoiselle Hoan, les « agents » de thenesvietnam, chaocom, livinvietnam… (je n’ai pas retenu le nom de tous, et je ne compte pas tous ceux que j’ai appelés pour rien…)
Résultat, nous louons un serviced apartment. C'est-à-dire que l’appartement est meublé, équipé, et que nous disposons d’un service trois fois par semaine chargé de faire le ménage, de faire notre lessive, notre repassage et de changer les draps…Nous payons 850$ par mois (environ 620 euros). Ce prix inclus, en outre, un abonnement au câble, l’ADSL, la consommation d’eau, une surveillance 24h/24.
Tout cela est très bien, mais, hélas, ce n’est pas très grand. Nous avons une belle cuisine, mais coin séjour assez petit, et une seule chambre. Notre immeuble se situe dans le quartier de Phu Nuan. Cela vous dit quelque chose ? C’est un peu excentré, au nord de la ville … Il va falloir sérieusement envisager de louer une moto…
Point positif : c’est animé. Il y a un marché assez important à moins de cent mètres, ainsi que de nombreuses échoppes, et de cafés (ca-phé en vietnamien). Le matin, dans la rue, des vendeurs ambulants installent leurs petits stands de fruits, de légumes, de poissons à même le sol. Dans ce secteur, pas l’ombre d’un touriste.
Nous avons signé un bail qui nous laisse la possibilité de partir au bout de six mois. Peut-être pourrons nous trouver autre chose au mois de février, quand l’offre immobilière sera moins tendue ; nous verrons bien…


Le réveil sonne à 6 heures !
Dans une journée-type en semaine, nous nous levons à 6 heures. Ici, ce n’est pas très tôt. C’est l’heure ou les marchés sont déjà très animés. Et puis, il fait jour depuis longtemps ! (et cela ne changera pas, nous sommes près de l’équateur).
A 6h30, nous suivons la diffusion sur TV5 du journal de France 2 (Sarkozy ici, Sarkozy là… les soulèvements en Birmanie – ignorés au Vietnam…La coupe de monde de rugby… La mort de untel et de untel … Le foot… La météo : 14° à Paris ? Brrr…)
A 6h50, nous fermons à clef notre appartement après avoir éteint la clim’.
Nous traversons notre marché, très coloré avec ses fruits. Nous regardons dans les grandes bassines ou s’agitent des poissons frétillants, des serpents. Parfois des crevettes ou des grenouilles sautent de leurs bassines pour tenter de s’échapper…



Nous hélons alors un taxi pour aller à l’école primaire, puis de l’école primaire, un Xe-om m’attend pour me conduire au lycée ou au collège.

Stéphanie, après une entrée ou les élèves se sont montrés turbulents a fait sa loi. Désormais, ils marchent au pas. Les collégiens et les lycéens sont disciplinés et travaillent assez bien dans l’ensemble ; je n’ai pas eu à faire le « méchant » pour l’instant. Tous les livres sont enfin arrivés. Quelques pages de manuels de géographie ont été censurées : il est vrai qu’il y avait des erreurs. Elles affirmaient que le Viêt-Nam est bordé par la mer de Chine. Archi-faux : C’est la mer de l’Est !



Nous déjeunons chacun de notre côté, puis nous nous retrouvons en fin d’après midi dans un Highland’s coffee. Highland’s coffee est une chaîne de cafés assez classe à Saigon. Dans un décor soigné, on y prend un verre, en pouvant y manger un petit plat ou une pâtisserie. Les serveuses et les serveurs y portent un bel uniforme : chemise rouge, pantalon et tablier noir, casquette (style Kangool). La déco y est assez sophistiquée (mention spéciale pour le beau carrelage au sol) et on y passe de la musique down tempo (plus branchée que les chansons sirupeuses vietnamiennes entendues partout ailleurs...). En gros, c'est le genre d'endroit fréquenté par les "bobos" vietnamiens !
Nous dînons souvent dehors (vietnamien, japonais, indien....) et nous faisons parfois quelques courses le soir, chez des petits commerçants ; il n’y a pas de superettes (type 7/eleven, en Thaïlande). Nous cuisinons alors chez nous, en faisant attention à ne pas déclencher l’alarme incendie. Elle est activée par le détecteur de fumée situé non loin de la plaque de cuisson… Pour l’instant cela nous est arrivé deux fois.
En allant nous coucher, nous n’avons plus qu’à espérer qu’une partie de foot ne soit pas improvisée dans la rue au pied de notre immeuble. La pluie a du bon de ce côté-là…


mardi 25 septembre 2007

pas encore la routine, mais...




Semaine 2 et 3 : rentrée des classes et recherche de logement.
En tant que professeur principal en 6ème, je dois accueillir les élèves et faire comme si j’étais dans l’établissement depuis toujours, en leur expliquant son fonctionnement et en reprenant les points importants du règlement intérieur. Chose à laquelle je n'avais pas pensé, le plus difficile sera de faire l’appel. En effet, une majorité d’élèves est d’origine vietnamienne. La prononciation des noms s'avère un exercice périlleux. (Dans certains cas: où s'arête le prénom et où commence le nom ?!!!)
Je découvre le lycée, qui est logé dans une superbe maison coloniale, entourée d’un jardin à la végétation luxuriante. Risque : le deuxième jour, j’ai failli être assommé par un durian tombant de plusieurs mètres de haut (vous savez, le durian est ce fruit que les asiatiques adorent mais qui est nauséabond pour les occidentaux !).
Les premiers contacts avec les élèves s’avèrent très bons.
Les élèves se lèvent lorsque les professeurs entrent en classe et se montrent très polis et respectueux (comme à la Légion d’honneur !), mais ils ont des tenues plus décontractées : shorts, t-shirts et tongs (là s’arrête la comparaison avec la Légion d’honneur !)

Stéphanie, de son côté, doit accueillir des élèves non francophones, ou qui n’ont pas été à la maternelle (qui ne connaissent aucune règle de vie : il va falloir s’armer de patience). Beaucoup n’ont pas de matériel… Ce qui est fâcheux, c’est précisément que nous non plus n’avons pas de matériel : le container avec les commandes est toujours bloqué à la douane… Une collègue de Stéphanie a fait classe pendant 2 jours face à des élèves assis par terre (pas de tables !) Tout le monde s’acharnant sur la photocopieuse, cette dernière tombe en panne. En salle des profs, Internet ne fonctionne pas très bien non plus. Quand Internet fonctionne, c’est l’imprimante qui lâche… En bref, ce sont les semaines du bricolage.
Outre les dispositions matérielles, qui mettent tout le monde au bord de la crise de nerf dès la première semaine, il faut s’habituer à des horaires différents. Les matinées sont longues : 5 heures de cours, de 8 heures à 13 heures. Stéphanie a du mal à supporter ces premiers jours de classe : élèves peu intéressés, bruyants (pourtant elle déploie une grande énergie et elle est habituée aux cas difficiles !). Elle ressent de grands moments de solitude … et pense souvent (trop souvent à mon goût) à ses anciens élèves.

Nous nous activons, parallèlement à nos activités scolaires, plusieurs réseaux pour trouver un logement. Nous collectionnons et échangeons, entre collègues nouvellement arrivés, les numéros de personnes susceptibles de nous aider et prenons contact avec elles. Après avoir entendu plusieurs histoires de cambriolage concernant les maisons, nous nous faisons à l’idée de loger en appartement. Contrairement aux apparences, cela revient en général plus cher. L’avantage est d’avoir un gardien qui sécurise les logements. Le plus souvent, nous visitons des « serviced apartments », qui sont destinés aux étrangers. Ils sont bien équipés (meubles, électroménager, TV câblée, ADSL…) et proposent de multiples services (femmes de ménage, blanchisserie…). Revers de la médaille : en centre ville ces appartements coûtent environ
2000$ par mois. Les loyers sont généralement payés par les entreprises des occupants.
Pour l’instant, ce qui nous revient le moins cher reste encore de loger à l’hôtel. Nous ferons preuve de patience…

Dans la rue Nguyen Dinh Chieu que nous empruntons tous les jours pour rentrer à l’hôtel, les commerçants nous saluent amicalement, désormais habitués à notre présence, et familiarisés avec nos habitudes. Nous sommes des clients de la couturière, de la vendeuse de yaourts, de la pharmacienne, des petits restaurants et des petits cafés du quartier. J’utilise les services des mêmes Xe-om (moto taxis) pour aller au collège ou au lycée le matin. Un attachement se créé au fil des jours. Le soir, à l’hôtel, au dessus de l’ordinateur où nous consultons nos mails, il y a un petit tableau représentant le sacré cœur. Nous sommes aussi nostalgiques…

rentrée des classes !



4 septembre : la rentrée des classes



A cause , ou plutôt, grâce au principe de récupération des jours fériés, la réunion de pré-rentrée est fixée au 4 septembre. Un petit déjeuner avec croissants et café est organisé en préambule. C'est l' occasion de rencontrer l’ensemble des collègues de façon informelle.
Nous sommes alors ensuite invités à nous réunir en séance plénière, pour écouter l’allocution du proviseur, assisté du directeur du primaire et du gestionnaire. Le proviseur présente les nouveaux professeurs, invités à se lever à l’appel de leurs noms. Puis il effectue le bilan de l’année écoulée, avec les taux de réussite au bac et au brevet. Quelques perspectives sont dressées concernant le nouveau lycée français d’Ho-Chi-Minh Ville, établissement dont la construction devrait bientôt débuter et qui devrait accueillir les élèves en 2009…La discussion s’oriente alors vers les contraintes prises en compte pour l’élaboration des emplois du temps (histoire de préparer tout le monde à l’idée qu’ils ne seront pas terribles ?) comme les problèmes des groupes de langues, le manque de salles etc.

Une information de taille est donnée, le container (avec les cahiers d’activités, les livres, les cahiers …) doit être livré à l’école dans l’après-midi. C’est curieux, parce que le proviseur m’avait dit la semaine précédente, qu’il devait le réceptionner dans la journée…
Au bout d’une heure de généralités, l’attention dans l’assemblée se disperse. Une feuille commence à circuler dans les rangs avec les stages proposés pour l’année scolaire. Il y a de quoi alimenter les discussions et les phantasmes : des stages seront organisés au Vanuatu, à Pékin, à Bangkok... Un autre à lieu à Tokyo, pour les profs du primaire… Stéphanie s’y intéresse déjà de près…Et puis, tout le monde pense à une chose : les emplois du temps ! Mais, les chefs d’établissements sont malins. Ils procèdent tous de la même façon : les emplois du temps ne seront distribués qu’à la fin de la réunion... C’est leur seule arme pour tenir l’attention de l’auditoire…
Le gestionnaire prend la parole pour inviter les nouveaux à lui apporter un RIB. Des questions fusent sur les cotisations à la caisse des français à l’étranger. D’autres interrogent le gestionnaire sur des problèmes de commandes, de factures, sur les coûts des sorties pédagogiques… Bref, les débats s’enlisent, l’assemblée s’agite de plus en plus.
En somme, quel que soit l'endroit, rien ne ressemble plus à une réunion de pré rentrée qu’une autre réunion de pré rentrée.
Fin de réunion : les emplois du temps seront distribués dans l’après midi pour les profs du secondaire. Dispersion générale pour la pose "méridienne", sauf pour les enseignats du primaire qui déjeunent ensemble. Pas d’apéritif, pas de mousseux : il y a déjà eu le p’tit dej’ !
Je reçois dans l’après midi un coup de fil de « Monsieur Sin » qui doit me faire visiter une maison. J’enfourche une moto-taxi pour me rendre au rendez-vous. Je visite une grande maison mais qui est très triste. « Tout sera repeint ! ». La propriétaire, ouvre les rideaux pour me montrer qu’on est à l’abri du regard des voisins. Et pour cause : il y a un mur à 30 cm de la fenêtre…La nuit tombe, le vent se met à souffler, un nouvel orage arrive…

premier week-end



1er septembre : A la recherche d’un logement



Tout le monde nous l’a dit. Les prix deviennent fous. Avec les autres collègues qui ont été recrutés pour la rentrée, nous échangeons nos impressions sur telle maison ou tel appartement que nous visitons. Le constat est que les appartements sont sombres (avec peu de fenêtres, - ou avec un mur en vis-à-vis à 50 cm) et mals conçus (chambres minuscules mais salles de bain immenses). Souvent, le mobilier fait penser à de la recup’ de meubles des années 70.
Côté maisons, les conceptions laissent également songeur. Les maisons sont limitées en largeur, (pas plus de 3mètres de façade sur la rue) mais très profondes (10 mètres) et très hautes (avec des hauteurs sous plafonds de 3,50 mètres). Comme elles sont collées les unes aux autres, imaginez, là encore, le peu de luminosité… Le plus souvent, le rez-de-chaussée sert de garage : il faut bien mettre les mobylettes quelque part ! A chaque étage, il y a au plus deux pièces, et au dernier étage, une terrasse. Une maison moyenne possède 3 ou 4 étages. Par rapport aux appartements, elles sont assez bon marché.
La difficulté est donc trouver la perle rare. Et il faut faire seul ! En effet, il n’y a pas à proprement parler d’agences immobilières ayant pignon sur rue à Saigon. C’est par le bouche à oreille que se font les contacts pour visiter des logements… Ou en sonnant aux portes quand on voit une annonce dans la rue (mais les annonces en vietnamiens sont difficiles à comprendre, vous comprenez ?!…)
Toutefois, à l’issue d’une première journée de recherche, ou un intermédiaire, qui me proposait des visites, m’a baladé à travers toute le ville, une maison retient mon attention. Elle possède trois chambres avec salles de bain, une belle cuisine et une belle terrasse (au dernier étage). Les murs sont impeccables, le mobilier à mon goût. La rue semble tranquille… Le loyer ? 800 dollars par mois, soit environ 600 euros (Nous serons payés en euros… Vive l’euro « fort » !)
En fait, je compte beaucoup sur « Monsieur Sin », le vietnamien qui nous a été présenté et qui nous a laissé entendre qu’il avait des choses à nous présenter adaptées à nos besoins. Après tout avons-nous besoin de trois chambres avec trois salles de bains ?


2 septembre : férié

Le 2 septembre est le jour anniversaire de l’indépendance du Vietnam (2 septembre 1945)
C’est un dimanche, alors, pour « rattraper », les vietnamiens n’iront pas travailler le lundi. (Pas mal comme idée, non ? ). Malgré tout, l’activité dans les rues n’a rien de plus calme que les autres jours. Toutes les boutiques sont ouvertes. Les vendeurs ambulants continuent leurs commerce. Les jeunes filles du petit atelier de couture qui est juste à côté de hôtel travaillent elles aussi. C’est d’ailleurs incroyable, car quelque soit l’heure à laquelle nous passons, nous les voyons toujours travailler, assises parterre ( mêms si parfois nous les surprenons en train de manger furtivement un pho (une soupe).
Nous allons dans le centre commercial, connu ici sous le nom de marché russe. A l’intérieur nous avons la surprise de croiser Laure Manaudou et Zidane …. Laure Manaudou, probablement inconnue par les vietnamiens, pose sur une affiche pour Lancel ; Zidane fait la publicité pour un produit Adidas (un shampoing ?). Près de sa photo, des guillemets lui prêtent des propos en vietnamien (apparemment il a plus de connaissances que moi, je ne comprends pas ce qu’il raconte…).
Comme les autres jours, nous prenons notre repas dans un restaurant. Un repas coûte moins de 2 euros dans une cantine de rue, entre 2 et 3 euros dans un restaurant plus confortable. Un restaurant qui revient à 5 euros est déjà un restaurant cher, et pour 10 euros c’est très cher ! (restaurants japonais par exemple). Ce qui est toutefois agaçant, c’est l’empressement des serveurs à vouloir prendre nos commandes alors que nous n’avons pas eu le temps de consulter le menu. Les problèmes de communication sont fréquents et nous nous retrouvons avec des plats que nous n’avons pas commandés (souvent plus chers, comme par hasard…)

découverte du contexte local




29 août : Toujours jetlag


Après le petit déjeuner servi à hôtel, nous nous rendons à l’école primaire. On nous indique dans un français avec un accent prononcé que le directeur est au collège. Malheureusement, une fois au collège, nous ne pourrons pas le rencontrer, pas plus que le proviseur, puisqu’ils sont en réunion. Nous ferons toutefois connaissances avec des collègues qui sont venus travailler sur place. Accueillants, ils nous donnent quelques informations sur la ville, les transports, les logements …
Nous devrons nous faire rapidement à l’idée de circuler en mobylette : bien que la circulation soit folle au premier abord, elle obéit à des règles auxquelles nous nous familiariserons progressivement et puis surtout, les déplacements à pied sont difficiles compte tenu de la chaleur. Dans un premier temps, pour les déplacements à deux, nous attraperons au vol des taxis, qui sont nombreux, confortables, climatisés et dont la course moyenne ne doit pas excéder 2 euros.
La question délicate est celle de la location d’un appartement. Apparemment, un nouveau collègue, arrivé depuis plus de 10 jours s’y emploie avec énergie, mais sans succès. Il faut un budget d’environ 600 $ (tout se négocie en dollars). De plus, les européens sont des cibles privilégiées pour les cambrioleurs, qui extorquent des informations sur leurs habitudes auprès des femmes de ménage et du voisinage. (Il est paraît-il mal venu, lorsque l’on loue une maison, de refuser les services de la femme de ménage qui est suggérée par les propriétaires - et qui doit certainement leur servir d’indic…). Bref, tout cela n’est pas très rassurant.
Dans l’après-midi, nous circulons dans le 1er district de Saigon, le centre-ville en quelque sorte, avec ses larges trottoirs et ses boutiques de luxe. Nous passons devant la cathédrale « Notre Dame » (eh oui ! ici aussi !) et devant la poste centrale, monumentale, dont la verrière métallique est l’œuvre de Eiffel (eh oui ! ici aussi !).
Mais comme, statistiquement, il pleut 22 jours au mois août à Saigon, c’est donc en toute logique que nous essuyons un nouvel orage.
Dans la soirée, nous retrouvons les collègues rencontrés le matin et dînons avec eux. Ils nous présentent un vietnamien francophile, qui va nous aider à trouver un logement.
Ce premier contact avec les autres profs est très réconfortant ; ils se montrent très disponibles pour nous aider.

Ils nous indiquent que l’université propose des cours de vietnamien. Eux-même s’y sont mis, mais, l’apprentissage semble très difficile. Même après quelques années, leur niveau reste très modeste…

30 août : Cholon


Nous avons hâte de découvrir Cholon, le quartier chinois de Saigon. C’est, entre autre, avec ce quartier que Saigon a hérité d’une réputation sulfureuse. Nous nous promenons dans les allées du marché, haut en couleurs, de Binh Thay et visitons quelques Temples (lieux de cultes Taoïstes) et quelques Pagodes (lieux de cultes Bouddhistes). Aux plafonds des pagodes, des serpentins d’encens brûlent et donnent un parfum envoûtant à nos visites.
Mais nous n’oublions pas que nous devons rester pragmatiques… Nous consacrons du temps également ces premiers jours à nous équiper de téléphones portables (utiles pour les rendez-vous de visites de logements) et d’un photocopieur-scanner-imprimante (utile pour préparer les cours - il doit y avoir un nom pour ça, mais je l’ignore)
Dans l’après- midi, nous nous mettons au travail ; la rentrée approche et je n’ai toujours pas ouvert mes livres de lycée…

31 août




Comme d’habitude, nous prenons le petit déjeuner à hôtel Nous nous familiarisons en prenant notre café vietnamien aux ritournelles des vendeurs ambulants qui passent dans notre rue pour vendre des bananes, du riz, des soupes, des magazines, des ustensiles de cuisines…
Nous rencontrons cette fois à l’école le directeur du primaire, qui nous fait visiter les lieux. Il s’agit d’une ancienne maison coloniale autour de laquelle ont été construites des salles de classe. Dans chaque salle, il y a un beau carrelage ancien, des ventilateurs aux plafonds, la climatisation…Dans la cours de récréation, des fontaines d’eau permettent aux élèves de se désaltérer. Stéphanie rencontre alors d’autres collègues et prend ses marques dans sa classe ; de mon côté, je me rends au lycée pour rencontrer le proviseur.
Il m’informe que j’aurais une 6ème, une 4ème, une 2de et une 1ère S. Chaque classe est composée d’une vingtaine d’élève, sauf pour la première S, qui n’en compte que 11.
Pour retourner au collège je prends une mobylette-taxi (un Xe-Om comme on dit ici), mais je commets une erreur de débutant. Il se met à pleuvoir légèrement, puis bientôt c’est un énorme orage alors que suis sur la mobylette. Je n’ai pas encore acheté de cape pour la pluie…
Je suis trempé en arrivant cinq minutes plus tard à l’école. Comme par hasard, la pluie cesse quant je suis en mesure de m’abriter. Ceci dit, je n’ai pas froid du tout, la température étant largement supérieure à 30 °C.
Nous préparons notre rentrée, mais le petit souci qui pointe le bout de son nez est le suivant : aucun livre, aucun cahier, aucune fourniture n’a été livré à l’établissement. Le container, devant acheminer les commandes est bloqué à la douane.

arrivée à Ho-Chi-Minh ville




27 août : arrivée à Ho-Chi-Minh Ville (Saigon)


Arrivés en milieu de journée à Saigon, par le vol quotidien de la Qatar Airways (dans un Airbus A330 à moitié vide depuis l’escale à Doha) notre première mission est de trouver un hôtel pas très loin de l’école. Nos valises étant lourdes (valises/bagages ; valises/sous les yeux) nous nous faisons déposer depuis l’aéroport en taxi dans le quartier de l’école. Nous trouverons rapidement de quoi nous loger dans un beau palace pour 60 $ la nuit, c’est assez cher au Vietnam, mais cela nous permettra de passer une première nuit confortable, en attendant de trouver quelque chose de meilleur marché. Nous buvons notre premier verre dans un petit bar et je dois dire que suis assez fier de comprendre combien il faut payer quand la patronne, qui ne parle pas un mot d’anglais, nous indique « muoi haï », ce qui signifie 12000 dôngs ( soit 60 centimes d’euro ). Je me dis alors que mes efforts pour apprendre le vietnamien pendant le mois août n’ont pas été inutiles.
Nous nous rendons dans la foulée à l’école (Ecole française Colette). Un gardien nous ouvre mais refuse de nous laisser entrer. Il ne parle ni anglais, ni français. Nous faisons un tour dans le quartier pour prospecter tranquillement les hôtels qui pourraient nous héberger plusieurs jour pour la suite de notre séjour.
Nous découvrons ainsi la ville, sans être vraiment surpris par les scènes de rues épiques que nous avions déjà observées à Hanoi lors de notre précédent voyage. Toutefois, nous observons des aspects plus modernes ici : tout d’abord, il y a, dans la circulation, plus de vélomoteurs (à la place des vélos) Ensuite, la tenue vestimentaire des saïgonnais est plus ressemblante à ce que l’on voit en Europe (Jeans, T-shirts colorés, femmes en jupe… tandis que les chapeaux coniques sont marginaux et les casques coloniaux kakis inexistants). Autre signe de richesse : les personnes semblent plus « corpulentes » !
Nous trouvons un hôtel très convivial, tenu par toute une famille, qui propose de belles chambres à 16 $. Il est dans une ruelle calme. Les chambres sont confortables, climatisées, avec, dans celles-ci, une télé avec TV5 et un frigidaire.
Nous retournons ensuite dans notre palace. La nuit tombe déjà, il est 18 heures. Nous nous couchons, puis nous réveillons au milieu de la nuit incapables de retrouver le sommeil. Nous regardons TV5, ce n’est pas passionnant. Sur les autres chaînes, nous ne nous ne comprenons rien. Lost in translation…

28 août : l’étourdissement.


Après un mail à l’école pour signaler notre arrivée, un mail à la famille pour dire que notre voyage s’est bien passé, nous transférons nos bagages dans notre nouvel hôtel. En fait, nous n’avons que deux valises, mais elles sont lourdes : 32 kilos chacune. D’ailleurs, sachant que la compagnie aérienne n’autorisait que 20 kilos par personne, nous avons du payer une taxe pour le surpoids. (Qatar airways nous compta 5 kilos de surplus, mais, nous avons eu la désagréable surprise d’apprendre que chaque kilo supplémentaire est facturé 56 euros !).
Par ailleurs, deux autres valises nous attendent à l’aéroport, expédiées depuis Paris avec Bagages du monde. La récupération de ces deux valises est un vrai parcours du combattant :

- Aller à l’aéroport.
- Reprendre le taxi pour aller au building de Vietnam Airlines.
- Reprendre le taxi pour aller à la zone de fret.
- Retourner à hôtel car les guichets de la zone de fret sont fermés au public (il n’y a rien autour et il faut attendre deux heures). Heureusement avec le chauffeur de taxi, j’ai échangé quelques mots et exploité à nouveau mes connaissances en vietnamien dont je me félicite: « toi la nguoi phap », « toi khong dang nghi he ; toi la giao su » (« je suis français, mais je ne suis pas venu en vacances, je suis professeur »).
- Retour à la zone de fret : prendre un badge, un ticket et attendre son tour.
- Payer les frais de douane.
- Traverser la zone de fret au milieu des containers, des camions et triporteurs, pour se rendre à un autre guichet.
- Aller à un autre guichet car celui que nous avons repéré n’est pas le bon.
- Ressortir de la zone de fret car il faut aller chercher dans un café un formulaire qu’il nous manque (sic).
- Faire remplir le formulaire dans le-dit café par des femmes munies de vieilles machines à écrire qui recopient les références de nos passeports et des documents concernant nos bagages.
- Payer des frais pour le formulaire.
- Retourner dans la zone de fret (nouveau badge à demander, traverser la zone au milieu des containers, des camions et triporteurs).
- Donner tous les documents à un guichet pour vérification.
- Payer des photocopies pour certain documents.
- Se rendre ensuite à un autre bureau pour se faire tamponner le dernier feuillet que l’on a remis.
- Reprendre ce feuillet pour le donner dans un autre bureau à quelques pas de là.
- Attendre et récupérer enfin nos deux valises.
- Se rendre auprès des douaniers pour faire vérifier les bagages.
- Attendre une demi-heure dans un hangar sombre, sale, bruyant, à la chaleur moite avant d’être appelés.
- Ouvrir les valises et les faire examiner minutieusement.
- Retourner dans un bureau pour attendre à nouveau une demi heure un papier qui sera nécessaire pour sortir de la zone de fret avec nos bagages…

Cette journée fut donc une passionnante découverte du fonctionnement de l’administration locale. Heureusement, nous avons profité d’un bon déjeuner. Nous avons mangé dans un restaurant en choisissant complètement au hasard sur la carte, et nous sommes tombés sur une savoureuse fondue chinoise. C’est là que je me suis rendu compte que mes connaissances en vietnamien étaient limitées et que mon accent était à travailler. La serveuse ne maîtrisait pas de son côté le moindre mot d’anglais…
Dans la soirée, nous faisons un tour autour du marché de Ben Thanh, dans le quartier animé et touristique de Saigon. Nous n’échappons pas à une très grosse averse. C’est la mousson…
Retour à hôtel les pieds trempés. La prochaine fois, nous prendrons le taxi !

mardi 3 juillet 2007

Retour en France, l'heure du bilan

14 août
Formalités à l’aéroport de Bangkok, décollage, atterrissage à Abu Dhabi. Décollage, atterrissage à Roissy.
Satisfaction d’avoir fait un voyage magnifique. Déprime aussi. Moins de couleurs, moins de saveurs dans les aliments, végétation monotone. Temps froid et nuageux. Epuisement…
Pendant une dizaine de jours, nous nous sentons très fatigués. Je ne peux m’empêcher de feuilleter des brochures de voyages, de traîner dans le rayon « guides touristiques » chez Art de vivre . A plusieurs reprises, je vais saisir le Routard sur l’Inde du sud et celui sur la Chine.
Le Kerala, Goa et Pondichéry ou le Sichuan et le Yunnan ? J’examine déjà les liaisons aériennes domestiques en Inde et en Chine. Faudra-t-il venir de Bangkok ou directement de Paris ? Je me fait un petit dossier sur l’Inde à partir des remarques déposées sur des forums.
Il y a aussi les photos qu’il faut trier.
Avec quelques jours de recul, je garde en mémoire des images très fortes du Vietnam. Je vais lire des carnets de routes pour confronter mes impressions à celles d’autres voyageurs…Je visionne le reportage de Pierre Brouwer que j’ai en DVD pour admirer encore le Tonkin, et découvrir la Cochinchine et le delta du Mékong.
C’est dur d’atterrir…

Septembre : coup d’état en Thaïlande
C’est en écoutant la radio que j’apprends au petit matin le coup d’état.
Le premier ministre en voyage à l’étranger est destitué. Les militaires ont renversé le gouvernement. Le général musulman à l’initiative de ce putch est reçu par le roi Bumitbol.
Les rassemblements dans la rue sont interdits. Les médias affirment qu’il n’y a eu aucun coup de feu. Les rues de Bangkok sont calmes. Les Thaïs ont laissé faire sans broncher. Les médias sont verrouillés et diffusent les clips à la gloire du roi que nous avons déjà vu là-bas. Mais, en regardant la télévision, j’apprécie cette fois la traduction : « Nous avons de la chance en Thaïlande d’avoir un roi comme le notre. Quand on a des problèmes, il est toujours là pour nous aider. Notre roi est bon, c’est pour cela que nous l’aimons … »
Les Thaïs ont une culture politique vraiment incompréhensible pour nous… Des coups d’états, ils en ont connus une vingtaine en trente ans !

Octobre
Je reste surtout nostalgique du Vietnam ; Stéphanie, elle, de la Thaïlande. Nous avons rangé les guides. Nous avons disposé dans la maison nos objets-souvenirs comme ce dragon évoquant le théâtre de marionnettes sur l’eau de Hanoï. Nous pensons maintenant aux mutations. Nous aimerions bien maintenant avoir un poste en Asie et vivre là-bas ? Lubie passagère ? Peut-être ? Je pense que non. Nous y pensons depuis longtemps. Ce long voyage nous a plutôt conforté dans l’idée de concrétiser ce projet. Nous avions beaucoup d’attentes avant de partir ; nous avons reçu plus que nous imaginions. Nous avons été déstabilisés.
En attendant, nous mangeons des nouilles chinoises, nous allons voir tous les films asiatiques qui passent au cinéma. Nous ne ratons pas un reportage sur la 5 concernant les tribus…Je me félicite de maîtriser convenablement la géographie de l’Asie. Stéphanie fait des séances d’acuponcture chez un vietnamien venu en France après avoir été persécuté par les communistes. Il est parti avec sa famille en bateau, et ne pourra plus y revenir ; il craint d’y être empoisonné.
Chaque fois que nous croisons des asiatiques dans la rue, nous cherchons dans les traits de leurs visages leurs pays d’origine. Nous avons envie aussi de connaître leur histoire.
Pas un jour ne s’est déroulé sans que nous pensions à notre voyage. Nous allons chez Tang, retrouver des odeurs, acheter des pamplemousses chinois, de la noix de coco fraîche, et le fruit du dragon.

fin de séjour à Chiang Mai

6 août : Chiang Mai
Nous embarquons au petit matin en songtaew pour une heure de route en campagne. Nous sommes avec un petit groupe pour suivre une journée de cours de cuisine. Nous observons un arrêt de quelques minutes dans un marché local. La guide qui nous accompagne nous montre différents types de riz, des pâtes de curry. Nous assistons à l’élaboration du lait de coco : les noix de coco sont fracassées et broyées dans une machine, pour ressortir en fibre. Ce sont ces fibres qui sont passées dans une centrifugeuse pour donner le lait de coco.
Le cours de cuisine se déroule dans une ferme au milieu des rizières. Le cours commence par une promenade dans un petit potager ou nous sont présentées plusieurs plantes aromatiques.
En prenant place pour les premiers travaux pratiques, nous recevons chacun un assiette avec les ingrédients soigneusement calibrés pour la préparation de la pâte de curry. Dans la foulée, nous faisons un curry de poulet et de légume au lait de coco. Mais, nous n’avons pas le temps de goûter à notre plat. Nous poursuivons le cours par une recette au wok : poulet sauté aux légumes avec de la "sauce huître". Pour finir la matinée, nous préparons une salade de papaye à la thaïe.
Nous déjeunons avec ces bons plats, mais il y en a trop ! Nous nous reposons un peu, pendant qu’une partie de notre vaisselle est faite par des assistantes… Nous dînerons le soir avec les plats élaborés l’après-midi : « fried noodles thaï style » et « mango with sticky rice » emportés avec nous dans des petites barquettes confectionnées avec des feuilles de bananiers.
Comme nous sommes dimanche, nous faisons notre promenade digestive en déambulant dans le bazar de nuit du centre-ville. Une fois de plus, il faudra résister à la tentation de tout acheter !

7 août : Chiang Mai
Philippe devant nous quitter pour retourner à Paris dans l’après midi, nous cherchons une petite occupation pour sa dernière journée à Chiang Mai. Un peu à cours d’idées, nous décidons de visiter le zoo. Le guide du routard nous promettait une visite agréable avec des animaux faisant plaisir à voir dans un cadre bien adapté et nous conseillait de « compter une bonne journée ». En fait, pour dire les choses comme elles sont, c’était nul. Dès l’entrée du zoo, le visiteur est agressé par le bruit de travaux incessants. Il faut marcher plusieurs centaines de mètres avant d’apercevoir une autruche puis une girafe… Il faut à nouveau marcher longuement pour voir des éléphants, ce qui ne présente ici aucun intérêt, et passer devant de vastes espaces que les animaux ont désertés… Le Lonely planet que je consultais a posteriori laissait entendre que les animaux allaient être transférés vers un autre espace. Ce guide était bien plus réservé sur l’intérêt de la visite que le Routard… Trop tard…

8 août
Philippe étant parti, nous prenons une excursion à la journée au parc de Doi Inthanon. Nous nous arrêtons pour admirer deux très belles cascades et deux pagodes dédiées au roi et à la reine, tout près du sommet le plus élevé de Thaïlande (2565 m)
Nous visitons un marché mhong. Stéphanie y achète des petits éléphants et des petites tortues pour offrir à ses élèves. Les prix sont dérisoires (10 baths la figurine). Plus tard, nous visitons un village Karen. Nous entrons dans un atelier ou des femmes tissent des écharpes. Nous en achetons quelques-unes, elles sont magnifiques et très soyeuses. Notre guide indique que c’est bien d’acheter aux Karen car ils travaillent durement et que ce sont des gens très dignes. En faisant de telles éloges à propos de Karen, nous comprenons que certaines tribues sont moins favorablement perçues (pense-t-il aux Lisu, comme le chauffeur de taxi de Paï qui nous disait que ces derniers n’étaient pas très amicaux, et qu’ils ne pensaient qu’à l’argent ?)

9-14 août
Il me prend l’idée de faire un stage de boxe thaïe, de Thaï chi ou de Kung-Fu. J’entame alors une tournée des écoles. Tout d’abord, je me penche vers la boxe. J’assiste à un entraînement où participent quelques élèves européens. Le ring, le stade les vestiaires sont crasseux, mais respirent l’authentique. Les élèves semblent déjà d’un bon niveau. En tout cas, je me dis que je vais en prendre plein la gueule… J’observe l’entraînement avec attention pendant plus d’une heure. Les qualités de souplesse requises me font renoncer…


Du coté du Thaï chi et du Kung-Fu, un professeur indique qu’il ne fait des stages que d’une semaine au moins. Je fréquenterai donc les piscines de hôtels pour faire un peu d’exercice.

Je me décide tout de même pour une randonnée en VTT. Je fais bien peur, à trois reprises, aux guides : une sortie de route dans un fossé ou le vélo me tombe sur la tête -merci au casque ! Ensuite: une chute sur le côté du au blocage de ma chaîne alors que je gravis une côte en danseuse. Enfin : une glissade qui m’envoya directement par-dessus un tronc d’arbre couché sur le côté d’un chemin. Je suis très étonné de la qualité des protections car je n’ai rien senti dans tous ces accidents !
Stéphanie, de son côté, va chez le coiffeur, se fait une manucure etc.

Nous pensons un temps faire une excursion au Laos. De Chiang Mai, il est en effet possible de rejoindre le Mékong (ou un de ses affluents) et de se rendre à Luang Prabang en bateau. Luang Prabang à l’air d’être une ville très intéressante, mais elle est un peu enclavée et il faut envisager un trajet jusqu'à Ventiane, la capitale du Laos, pour pouvoir retourner à Bangkok. Le problème, c’est que ces trajets sont très longs : deux jours pour aller jusqu’à Luang Prabang, et une journée complète de minibus de Luang Prabang jusqu’à Ventiane ; le tout dans des conditions de confort douteuses. Le problème, c’est que nous nous sentons vraiment fatigués, après avoir déjà changé de guesthouses une vingtaine de fois…
Nous finirons donc notre séjour en profitant au maximum des massages.

Paï, Soppong




31 juillet : Paï
Il a beaucoup plu la nuit précédent notre départ pour Paï. Nous traversons quelques rues inondées dès les premiers kilomètres. Notre minibus roulera 3h30, pour arriver à destination après avoir franchi un col montagneux qui nous a mis bien mal au cœur. Stéphanie, à deux doigts de vomir me demande à un moment donné combien il restait de kilomètres à faire « une cinquantaine ! »- soit une heure et demie de route…


Arrivés à Paï, il nous faudra bien du temps pour trouver une guesthouse, qui, sans être à notre goût, nous fera meilleure impression que les autres. Nous consacrons l’après-midi à un aperçu de la ville en nous renseignant sur les possibilités de treks. A pieds, il est possible d’atteindre quelques villages (un de réfugiés chinois, un de lahu, un de lisu), des temples et une cascade. C’est ce que nous décidons de faire le lendemain. La promenade est longue de 18 kilomètres, avec du relief. Nous avons déjeuné au village chinois. Le cadre était magnifique, mais la nourriture immangeable, ou presque : Stéphanie a pris une soupe très épicée, Philippe, lui a choisi un poisson plein d’arêtes immergé dans un bouillon infect. De mon côté, j’ai voulu manger du poulet, le moins que je puisse dire c’est que je n’ai pas eu les morceaux les plus nobles : cartilage, peau grillée… Heureusement, j’ai réussi à utiliser mes maigres connaissances en Thaï pour nous faire servir un peu de riz (kao, ce qui, suivant la prononciation, peut vouloir dire aussi : blanc, genou, ou neuf).
Après quelques heures de marche nous traversons une zone hautement surveillée pour son petit buisiness local : en traversant des champs, quelques paysans viennent vers nous avec un sourire avenant… Ils nous proposent de l’opium. Quelques centaines de mètres plus loin, nous recevons le même type de proposition. Nous déclinons poliment. Pour une toute autre raison, la journée restera tout de même mémorable : il se mit à pleuvoir abondamment. Nous sommes rentrés trempés jusqu'aux os !
Fatigués par ce trek initiatique dans les tribus, nous allons nous faire masser. Dans le salon, une seule masseuse est là. Quelques coups de fil plus tard, d’autres arrivent à la rescousse en mobylette !
La nuit à la guesthouse ne nous permettra pas de récupérer : bruits, humidité, literie inconfortable. Nom de cette guesthouse que je déconseille : Charlie's guesthouse. Voila qui est dit.

2 août : Mae Hong Son, Soppong.
Nous partons le lendemain à bord d’un « taxi », un pick-up, qui nous permettra d’aller jusqu'à Mae Hong Son, puis d’être déposés à Soppong sur le chemin du retour. L’idée d’une nuit à Mae Hong Son, envisagée au départ a été abandonnée dans nos projets. Il n’y avait plus de places d’avion pour rentrer à Chiang Mai depuis Mae Hong Son. Un retour par la route était donc nécessaire.
Après 3 heures de routes, le franchissement de 3 cols, nous arrivons aux abords de Mae Hong Son et faisons la visite d’un village Karen, peuplé de Paduangs (femmes girafes). Le village est entouré de rizières. Il est très joli, mais l’on sent bien qu’il est organisé pour accueillir les groupes de touristes. Hormis quelques vieilles femmes, on sent bien que certaines ont mis leurs anneaux autour du cou pour les photos… Nous achetons quelques bricoles, puis déjeunons à Mae Hong Son, près du lac. Nous faisons un petit tour dans la ville. Nous visitons son marché et ses temples de style birmans. On peut y découvrir des peintures sur verre. Ce style de temple est très différent de ceux que l’on a pu peut observer jusqu’à présent en Thaïlande, caractérisés par les toits « étagés ».

En reprenant la route en direction de Soppong, nous marquons un arrêt aux grottes de Tham La. Il s’agit en fait de la résurgence d’une rivière souterraine où viennent de nombreuses carpes. Une cavité justifie le nom de grotte ou est logé un bouddha. C’est une grotte sacrée. Certaines carpes nageant dans la résurgence peuvent mesurer 1m (C’est ce que disent les gens là-bas, car, à la vérité, nous n’en avons pas vu de telles) .
Près de Soppong, nous finissons la journée par la visite de la grotte de Tham Lot ( Une partie seulement, car à la saison des pluies, certaines chambres sont inaccessibles). Nous avons le droit à une visite privée avec un guide qui a allumé pour nous une lampe à pétrole pour l’exploration. C’est une visite insolite auquel nous avons le droit. Il faut parfois emprunter un radeau en bambou, pour traverser la rivière souterraine de la grotte, et poursuivre la visite ! C’est ici, apprend-on, que se trouvent les plus longues rivières souterraines d’Asie du sud-est.
Nous dormons dans un beau bungalow, près d’une rivière.

3 août
La journée à Soppong commence par tour rapide du bourg. Il n’y a qu’une seule avenue goudronnée. Pas grand-chose à faire… Pas de touristes… Cependant, il y règne une ambiance amusante car il y a beaucoup de population des tribus qui viennent vendre ou acheter des produits au marché. Certaines femmes lisu ou lahu prennent le bus pour Paï.
Malheureusement, il pleut…Quelques minutes de marche permettent d’accéder à certains villages. Nous effectuons, une première tentative en fin de matinée, bravant les intempéries. Suivant les instructions de la patronne de notre guesthouse, nous nous engageons sur un sentier à la sortie du bourg. Les paysages sont magnifiques, les chemins sont bien dessinés, ce qui compense dans un premier temps l’absence de carte. Hélas, la terre argileuse devient de plus en plus glissante et nous nous embourbons. Aucun village ne pointant le bout de son nez, nous retournons sur nos pas, les pieds couverts de boue. Dans l’après midi, le temps reste capricieux. Nous rechaussons nos sandales une fois celles-ci nettoyées : deuxième tentative, sur un autre chemin qui nous a été suggéré. Les choses se présentent plutôt bien, la route est goudronnée. Plusieurs mobylettes empruntent cette route avec de femmes lisu (notre œil désormais expert sait reconnaître leur tenues) sur les porte-bagages. Une indication sur le bord de la route définira l’objectif à atteindre de notre randonnée : « lisu lodge, 4 km ». Vu le relief, cela nous laisse augurer 2 heures de marche, aller-retour. Très vite, nous traversons un village assez important. Quelques boutiques sont ouvertes, notamment celle d’un homme aux dents noires, qui nous sourit à notre passage. D’autres villages se présentent à nous, au milieu des champs ou quelques travailleurs s’affairent. Sur un chemin en boue, des enfants nus se roulent dans les flaques d’eau ; ils nous saluent en nous apercevant. Des femmes nettoient leur linge. Au bout d’une heure, après avoir croisé trois femmes qui nous ont demandé, avec un ton peu cordial ce que nous faisions sur cette route, nous retrouvons les indications pour la « lisu lodge ». Malheureusement, il faut traverser un village dont la route n’est pas goudronnée. Nos pieds qui étaient alors secs, n’allaient pas rester propres longtemps…Sur le bord de la route, nous repérons quelques points semblant stables ; et là…c’est le drame ! Glissade. Mon pied droit est dans la boue jusqu’à la cheville. Philippe dérape à son tour et tombe lourdement. Il perd au passage l’une de ses tongs dans la boue. Je l’aide à se dégager. Il saisi mon bras avec ses mains pleines de boue : ma chemise ne ressemble plus à rien. Sa tong est récupérée, mais la lanière est cassée ; la tong est bonne à jeter. A quelques mètres de là, une famille nous observe de sa maison. Notre embourbement l'amuse beaucoup. La pluie s’intensifie. Nous mettons 30 minutes pour effectuer 200 mètres. Stéphanie est relativement épargnée par ces péripéties. Nous arrivons à la lodge dans un état pitoyable... La lodge est fermée.
Nous n’avons plus qu’à retourner à la guesthouse. Philippe marchera soit avec un pied nu soit la tong maintenue avec un chou-chou pour les cheveux que Stéphanie a sacrifié. C’est la galère. Cependant, nous croisons des enfants qui, eux s’amusent beaucoup dans la boue, en se roulant parfois nus dans les flaques. Certaines femmes font, quant à elles, leurs lessives. Les tribus montagnardes s’amusent de nos dégaines de vagabonds.

4 août : Paï
Nous retournons à Paï avec le bus local. Les autres usagers nous observent avec curiosité. Nous observons avec la même curiosité leurs sacs de riz, leurs bananes et leurs durians. Nous nous arrêtons à un check point. Notre faciès européen, nous permet presque d’éviter le contrôle d’identité, les autorités cherchant un profil certainement plus local… De Paï, nous regagnons Chiang Mai dans un minibus, pour touristes. Devant nous un gamin infect ne cesse de se retourner en cherchant à attirer l’attention par ses facéties, ses mimiques. Probablement trop gâté, probablement habitué à un public émerveillé – à l’image de sa mère qui le laisse faire n’importe quoi- ce sale gosse, de 8 ou 10 ans mériterait de bonnes claques. Pendant tout le voyage, j’en ai eut des fourmis dans les mains, et je reste convaincu que je ne devais par être le seul.

Chiang Mai

29 et 30 juillet
Après avoir passé en revue les centres commerciaux de BKK ; après avoir pris et repris les bateaux, les tuk-tuk ; après avoir vu et revu des bouddhas (debout, assis ou couchés), et après avoir passé une nuit mémorable dans le train (« notre moyen de transport préféré » disait le Routard), nous voici à Chiang Mai.
A la sortie de la gare, les chauffeurs de taxi se livrent à une compétition incroyable pour nous offrir leurs services. Nous montons dans un taxi qui, ne perdant pas son temps, nous chante la ritournelle habituelle « what are you doing today ? ». Evidemment, le monsieur à quelques idées à nous proposer…Il nous sort son book, comme le font les agences de voyage. C’est notre troisième venue à Chiang Mai et ce petit rituel est un brin exaspérant.
Nous jouerons tout de même les bons clients, mais avec quelqu’un d’autre ! Nous adoptons les services d’un tuk-tuk, pour faire le tour de la vallée de la Mae Sae. Cela commence par le show des éléphants : des éléphants qui jouent au foot, font de la peinture… Ensuite, nous visitons une ferme d’orchidées et de papillons -sans intérêt. Comme nous avions un temps d’attente à occuper avant le spectacle de la ferme des serpents, nous nous sommes hasardés à la Monkey school. Des singes savants y décrochent des noix de coco et inscrivent de magnifiques paniers au basket (grâce à un astucieux panneau en forme de parabole derrière le panier). D’ailleurs, un enfant à qui il était demandé d’essayer et qui avait échoué s’est fait gentiment chambré. Ces singes - si intelligents- font aussi des sauts périlleux et du vélo. Le tout est commenté par une Thaïe dans un « globbish » efficace, sur une musique électronique un peu psyché. Tout cela pourrait être drôle si la plaisanterie qui dure à peine dix minutes n’était facturée 200 bahts. En résumé, ont s’est fait arnaquer. Mais, nous allions assister Stéphanie et moi, un an après, à une nouvelle représentation du cobra Show. Nous laissions à Philippe la surprise des effets de scène. Cela commence par le lancement d’une cassette audio : « The final countdown » pour chauffer le le public (Un peu comme dans le lancement des matches de l’OM au vélodrome avec « jump », sous l’aire Tapie ) . Hélas, la cassette a beaucoup trop de souffle… Celui qui commente le show a la main sur le bouton du volume. Il baisse le son au moment de parler, en anglais, avec une voie qui traîne sur les fins de phrases. Puis il remet le son ; puis coupe le son ; et remet le son… Dans le premier numéro, un dompteur de serpents des cobras. Le speaker dramatise la situation à outrance « if the snake bites, you can die » « you go to the hospitalat ten kilometres ». Il met le son, puis baisse le son « sometimes, lot of traffic… and it’s too late ». Il conclue: « Good bye to your family, good bye to your girlfriend… ». A la fin du numéro, le serpent crache son venin dans un verre, que l’on fait circuler dans les allées « not water; not whisky, It’s poison !». Après d’autres numéros - toujours avec la même bande son- le grand moment d’émotion survient avec le « serpent bondissant ». Deux types apportent une lourde caisse en bois. Ils prennent beaucoup de précaution en l’ouvrant. En s’adressant au public, le commentateur explique « anyway, don’t mouve ». Puis, avec un bâton, les types saisissent le serpent, mais, doivent s’y prendre à plusieurs reprises. Puis, un mouvement brusque ! Le serpent s’envole vers les gradins pour atterrir dans le public ! Panique ! « Don’t mouve ! » En fait, c’est une vulgaire corde qui s’est envolée. La touriste qui l’a reçu à ses pieds est encore sous le choc. Ah ! Ah ! Ah ! La bonne blague ! Tout le monde y a cru. Y compris nous… l’année dernière !

La nostalgie du Vietnam, retour à BKK

24 juillet
Petite journée tranquille à Hanoï. Nous faisons l’achat de T-shirts, de marionnettes. Nous visitons la cathédrale. Evidemment, nous retrouvons les désagréments que nous avions oubliés lors de notre court séjour à Ninh Binh. Les conducteurs de motos taxi ne manquent pas de nous interpeller. Les femmes, avec leurs bouteilles d’eau fraîches ou leurs fruits tentent de converser « français ? » « Madam ! Madam jolie ! ». « Photo ? » nous demandent-elles en nous proposant de poser avec la palanche sur l’épaule.
Nous sommes victimes d’une tentative d’arnaque : 67000 dôngs pour une bière et un soda (le prix réel étant 19000 dôngs ; la serveuse se justifie en déclarant qu’elle pensait que l’on était quatre…)
Enfin, on ne fait pas grand-chose, mais on s’habitue au mode de vie local et prenons un certain plaisir à nous promener dans les rues de Hanoï.


25 juillet
Dernière journée à Hanoï. Au programme : deux musées. Le musée des beaux arts, que nous gagnons à pied. Puis, le musée d’ethnologie, qui ne peut être joint qu’en taxi (taxi qui coûte d’ailleurs plus cher que l’entrée du musée)
Le musée d’ethnologie montre dans une partie en plein air les différents types d’habitation des minorités ethniques du pays.
Nous faisons un dernier tour dans le quartier des 36 guildes, le temps pour Stéphanie de se faire confectionner des sabots sur mesure. Il faut maintenant songer à prendre l’avion, qui doit nous reconduire à Bangkok.
Nous goûtons une dernière fois à la conduite folle des viets : conduite à droite, mais toujours sur la file de gauche ; franchissements des lignes continues ; dépassements rythmés par les klaxons.
Nous regrettons beaucoup de devoir partir. Il y avait beaucoup encore à voir, notamment Sapa. Le Vietnam va changera sûrement beaucoup dans les années à venir : un tiers de sa population a moins de 15 ans ! Ses affiches communistes disparaîtront. Ses hommes ne porteront plus le casque des vietminhs ; les femmes ne porteront plus les palanches ; les jeunes filles en Ao Daï, le chapeau conique sur la tête ne circuleront plus à vélo dans les rues… On aura eut tout de même la chance de voir tout cela. Le Vietnam restera un très bon souvenir.

Après nos deux heures de vol avec la compagnie Airasia, nous retrouvons Bangkok. Cette fois-ci, la chaleur en sortant de l’aérogare est moins accablante. Nous prenons un taxi pour regagner le centre. Il est presque 2 heures du matin. Nous tenterons de trouver une chambre à la Tavee. D’emblée, la circulation routière nous semble plus disciplinée ici qu’au Vietnam ; les klaxons ne sont plus de rigueur Le nombre plus important de voiture reflète les conditions matérielles, plus proche des standards européens, des thaïs. En arrivants au centre de Bangkok, il est surprenant de voir que la quasi-totalité des motocyclistes portent des casques !
Nous retrouvons les effigies du roi et de la reine, les illuminations dans les rues longeant le palais royal.
Malheureusement, nous n’aurons plus beaucoup de choix pour les chambres vacantes. Nous acceptons pour 250 bahts un matelas à la Backpackers lodge. Les sanitaires sont rebutants, les cloisons très fines n’atteignent même pas le plafond dans les « chambres » ! Après tout, nous ne resterons que tout au plus 5 heures dans cette auberge pour routards aux abois.

26 juillet
7 heures du mat, dans les mêmes vêtements que nous n’avons pas pris le risque d’enlever pour somnoler sur les matelas douteux de la lodge. Nous reprenons nos bagages et allons prendre un petit déjeuner. Nous choisissons d’aller dans une guesthouse pour observer le départ des touristes et prendre des options sur les chambres qui se libèrent. Nos problèmes d’intendance réglés, nous pouvons nous adonner aux joies de la promenade à Bangkok, avant de retrouver Philippe, qui atterrit aujourd’hui et qui doit séjourner deux semaines avec nous.

la baie d'halong terrestre






21 juillet : Ninh Binh
Nous prenons place dans le mini bus en partance pour Ninh Binh le matin. Nous traversons un paysage composé de rizières. Ce qui est frappant, c’est le nombre de femmes au travail au Vietnam. Pieds et mains dans l’eau, elles sont admirables de courage, exécutant des tâches vraiment difficiles. Mais où sont les hommes ? Parfois, à deux, avec un seau suspendu à une corde, elles transvasent de l’eau d’une parcelle à l’autre avec un mouvement de balancier. Sur l’autoroute, certaines, sur les bas-côtés agitent les pains qu’elles proposent à la vente. L’image est belle et triste à la fois…
Nous visitons Hoa Lu, ancienne capitale au XIème siècle, dont il subsiste deux très beaux temples. Quelques roches karstiques sont en arrière plan, offrant un très beau paysage.
Après avoir été déposés à l’hôtel, nous faisons un tour dans Ninh Binh. Malheureusement, c’est l’heure de la sieste, la ville est morte, et nous ne pouvons pas trouver d’endroit pour déjeuner. Nous nous adressons à l’accueil de l’hôtel qui nous propose de louer pour 15 USD une voiture avec chauffeur pour visiter les grottes de Tam Coc (la baie d’Halong terrestre). Sur place, la visite s’effectue en barque. Une femme et son fils rament alors pour nous faire découvrir le site. Nous suivons en fait une rivière qui, à trois reprises, passe sous la roche.
La femme connaît quelques mots en français. Du doigt, elle nous montre au loin quelque chose : « biquette » ! Elle ajoute « Biquette, beaucoup Vietnam ». Un peu plus tard, elle nous propose ses nappes brodées. Sur d’autres barques, des marchandes de fruits ou de boissons tentent de gagner quelques sous. Parce qu’elles sont très pauvres, mais surtout parce que nous sommes touchés par leur charme, nous faisons quelques achats. Le site est vraiment très beau et nous avons le privilège de le visiter à l’heure ou les excursions à la journée depuis Hanoï repartent.

22 juillet
Nous prenons une nouvelle excursion à la journée, en direction de Van Long et du village flottant de Kenhga. Nous ne sommes que quatre à bord du mini bus. La première ballade s’effectue en barque, comme pour les grottes de Tam Coc. Ici, en revanche, il n’y a aucun touriste ; cela change tout ! Nous passons deux heures inoubliables au fil de l’eau, entre rizières et rochers, au milieu des lotus. A un moment, la barque s’engouffre sous la roche et nous sommes obligés de nous coucher à plat ventre pour passer ! En cueillant sur l’eau une fleur de lotus, notre rameur confectionne pour Stéphanie un petit collier. Un pêcheur lève ses paniers à crabes. Nous débarquons quelques minutes dans une cabane en bambou, chez l’habitant en fait, sur un petit îlot. Un thé nous y est offert, ainsi que la dégustation d’un fruit. Notre hôte, accroupi dans un coin de sa cabane a un large sourire ; il déguste une soupe. A la fin de cette promenade, nous croisons les barques d’un groupe de sud-coréens. Ces derniers tiennent tous un parapluie pour se protéger du soleil. Des filles, couvertes de la tête aux pieds, avec des gants, malgré la chaleur, ont l’air ravies de nous croiser. Toutes nous font de grands signes « hello ! where are you coming from ? ».
Nous déjeunons dans une petite maison. Peu de touristes ont l’air de fréquenter les lieux…
Nous prenons ensuite un autre bateau, cette fois-ci à moteur, pour découvrir le village flottant de Kenhga. Il s’agit en fait d’un village traversé par des canaux. Des péniches y sont amarrées pour transporter la roche extraite dans le site et distribuée aux cimenteries. Des enfants, nous voyant tentent des plongeons spectaculaires pour nous impressionner. Nous nous arrêtons pour voir une source d’eau chaude puis continuons en direction d’une grotte. En nous éloignant du village à bord du bateau, nous voyons de nombreux buffles immergé : seuls leurs yeux et leurs narines dépassent de l’eau. En descendant du bateau pour visiter la grotte, nous empruntons un sentier en terre au milieu des rizières. Le panorama est magnifique, en cela fait maintenant un moment que nous n’avons plus croisé grand monde. Après 1,5 km de marche, nous arrivons à la grotte. Nous avons le droit à une visite privée, lampe torche à la main. L’endroit n’est pas ouvert depuis longtemps, c’est pour cela qu’il n’est pas encore très fréquenté. Quel Plaisir !
En prenant le bateau sur le chemin du retour pour retrouver le mini bus, nous croisons quelques barques ou les rameurs utilisent une technique bien locale : ils rament avec leurs pieds, en pédalant.
Ce fut une journée merveilleuse… Ces moments resteront sûrement pour nous comme parmi les plus forts de notre voyage.

23 juillet
Nous nous offrons une dernière excursion privée, vers la cathédrale de Phat Diem. La route est assez animée en ce dimanche, il y a de nombreux marchés. Comme souvent, les femmes circulent à vélo avec d’importants chargements (paniers, fleurs, fruits, ustensiles divers). Nous surplombons les rizières ou l’activité de repiquage du riz est incessante.
Arrivés à la cathédrale, après avoir aperçu de nombreux clochers d’églises sur la route, nous observons les vietnamiens à la messe. En effet, un nombre important d’entre eux est catholique ! Nous les entendons chanter pendant que nous faisons le tour des chapelles extérieures. Elles sont toutes en bois, avec de belles pièces sculptées. Dans l’église principale, qui a des airs de pagode, les femmes sont à droite, les hommes à gauche. A la sortie de la messe, Stéphanie mange une confiserie à l’ombre d’un arbre. Quatre petits enfants viennent s’accroupir derrière elle, tous mignons. On leur offre à chacun un bonbon qu’ils mangent gentiment en restant près de nous.
Dans l’après midi, c’est le retour par la route vers Hanoï. Malgré quelques frayeurs dues à la circulation anarchique, il faut reconnaître que l’on s’habitue peu à peu à la circulation à la mode vietnamienne. Nous dînons dans un restaurant que nous avons fréquenté quelques jours plus tôt. La serveuse nous reconnaît et semble très touchée que nous soyons revenus.
Nous mangeons de la salade et pour l’une des première fois du séjour, nous ne mangeons pas de riz !