mardi 30 octobre 2007

les codes de la route



Les vapeurs d'extrème orient



Pour le fumeur, renoncer au tabagisme est difficile ici. Il faut dire que le paquet de cigarettes est à moins de 0,50 Euro… Depuis peu nous nous encrassons les poumons, mais ce n’est pas avec la cigarette. C’est peut être même pire. C’est avec la moto. Dans la circulation, nous inspirons les gaz d’échappement émanés de toute part.



Avant même de marcher, ils faisaient de la moto…

La moto est le standard pour circuler et les saïgonnais montent sur ces engins dès leur plus jeune age. Le plus souvent c’est une Honda. La voiture est réservée aux personnes aisées (modèles assez luxueux avec chauffeurs) ou aux taxis. Rouler à vélo, par contre, ça fait « pauvre » (C’est le contraire à Paris je crois, non ?). Les transports en communs se limitent à quelques lignes de bus. Ainsi, la moto est utilisée comme moyen de transport familial. Par exemple, il n’est pas rare de voir quatre personnes sur un deux-roues (parents avec les enfants), ou d’y voir des femmes donner le biberon pendant que le père conduit.

L’adaptation de la ville aux deux-roues est telles que l’on peut faire ses courses en restant assis sur sa selle : un grand nombre de vendeurs ambulants sont sur le bord des trottoirs pour vendre du pains, des fruits, de la viandes, des ustensiles divers, des journaux, des cigarettes…

Peu de gens portent le casque. Pour faire illusion, des motocyclistes portent un casque de chantier. D’autres achètent des contre façons très bon marché.

J’ai décidé que pour nos déplacements, nous allions louer une moto. Résumé de l’histoire :
Ecole primaire, collège, lycée, université … Avec l'habitude, les Xe-Om (motos taxis) que je prenais savaient exactement ou m’emmener sans que je leur dise…
Au regard du trafic, j’avais très peur les premiers jours. Pour la moto, parler de navigation en milieu urbain me semble plus approprié que de parler de conduite. La règle, c’est que, justement, il n’y a pas de règle. Tout se fait au feeling. On passe quand on sent que l’on peut passer. Feux rouges ou pas… Si on a un doute? On klaxonne !
Puis, avec l’habitude, j’ai intégré les principes de navigation. Plus à l’aise sur la moto je cessais de me cramponner et me laissais conduire tranquillement lunettes noires sur le nez et MP3 aux oreilles.
Voici quelques principes qui gouvernent la navigation :

- Oublier le code de la route en vigueur partout ailleurs
- Priorité au plus puissant : les bus sont prioritaires sur les voitures. Ils ne s’arrêtent jamais. Les voitures sont elles-mêmes prioritaires sur les motos, elles mêmes prioritaires sur les triporteurs, prioritaires sur les vélos, prioritaires, eux, sur les piétons…
- Ne regarder que devant soi. L’utilisation du rétroviseur est dangereuse pour deux raisons : il faut regarder devant soi car il y a des nombreux obstacles à éviter, et parce que, c’est en tournant la tête que ceux qui sont derrière vous anticiperont votre changement de direction (clignotants non utilisés)
- Pour tourner à droite à un feu rouge, il est permis de griller le feu puisque vous ne « traversez » pas !
- Pour tourner à gauche, il faut prendre la file de gauche à contresens (en se rapprochant le plus possible du trottoir opposé) dès que possible. En vertu de ce principe, il ne faut jamais rouler en serrant trop à droite (pour éviter ceux qui sont à contresens).
- Lorsqu’il n’y a pas de feu rouge à un carrefour, il ne faut jamais s’arrêter, il faut adapter sa vitesse, trouver une brèche, et, klaxonner. (il peut être utile de se servir d’une voiture qui emprunte la même direction et de s’en servir comme « bouclier »)
- Sur certains feux rouges, il y a un compte à rebours qui prévient (en secondes) le passage du vert au rouge et du rouge au vert. Très pratique mais… Attention ! A quelques secondes du passage au rouge, les motocyclistes décideront plus volontiers d’accélérer que de s’arrêter. Au même moment, ceux qui attendent le passage au vert anticipent leur départ !
- Les jeunes lycéens en vélo ont des trajectoires très sinueuses. Souvent à deux sur un vélo, leur attelage et peu rapide et peu stable. Des demi-tours intempestifs sont mêmes à craindre. Il faut donc les dépasser en prenant ses distances (en klaxonnant pour signaler sa présence).
- Autre écueil : les motos chargées de gros cartons. Il n’est pas rare de voir les cartons se rependre au milieu de la chaussée.
- Enfin, les piétons, les vendeurs ambulants traversent le flot de circulation avec une nonchalance déconcertante. (mais comme personne ne s’arrêtera jamais pour eux, il faut bien qu’ils se lancent quand même). Le bon sens consiste à les éviter. (en klaxonnant lorsqu’ils semblent trop distraits)
- Il faut accepter de se faire klaxonner, en réagissant, dans ce cas, avec calme (ce qui n’est pas évident car le klaxon des bus, très puissant, est terrifiant)



Autre précautions utiles :
- A l’arrêt, il faut éviter de poser le pied trop loin de sa moto ; c’est prendre le risque de se faire rouler dessus.
- Mettre un pantalon : la moto laisse chez beaucoup une trace ; une brûlure pour être précis. Celle d’un pot d’échappement qui dans la densité du trafic vient vous caresser le mollet !
- Avoir toujours sur soi une cape de pluie en cas d’averse et continuer à rouler comme si de rien n’était. Pour ne pas être trempé, la cape doit recouvrir les mains. Elle couvre par la même occasion les rétroviseurs, le tableau de bord en pendant sur les phares (qui deviennent occultés). Ce n’est pas grave, puisque ces outils de conduite sont superflus.


Voilà pour l'essentiel...

J’avais également peur des ennuis mécaniques, des crevaisons (étant donnés le mauvais état des routes). Heureusement, une collègue m’a rassuré en me disant qu’elle n’avait crevé qu’une seule fois en deux ans, car en location, le matériel est fiable.

Ayant bien intégré ces usages, nous nous sommes lancés. Prudents tout de même! Nous avons immédiatement acheté des casques.
Mais nous avons fait mieux que la collègue : nous avons crevé au bout de deux jours ! (Prix de la réparation : 2 euros)

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