mardi 1 décembre 2009

lundi 30 novembre 2009

Vendredi 13



Sur le carton, une phrase du genre « Monsieur le Premier ministre vous prie de bien vouloir assister à la réception qu’il donnera en l’honneur de la communauté française à l’occasion de sa visite à Ho Chi Minh ville ». J’étais trop curieux pour manquer cela. La dernière visite officielle de ce genre remonte à la venue de Chirac en 2004. Aujourd’hui, elle est motivée par des raisons économiques. Il s’agit pour la France de tirer des avantages de la forte croissance vietnamienne en concluant des marchés sur les transports publics, le nucléaire civil et l’aéronautique. Pour faire bonne figure auprès de ses interlocuteurs, François Fillon n’a pas ménagé ses efforts : il est allé jusqu’à s’incliner sur la dépouille de Ho Chi Minh à Hanoi !


Mais, pragmatique, le chef du gouvernement en a aussi profité pour tenter de faire revenir au bercail les brebis égarées de la communauté française en dissertant longuement sur le bilan de son gouvernement lors de son allocution dans les jardins du consulat. Après quelques banalités d’usage sur l’utilité de son voyage au Vietnam, il lâcha ses notes, tout d’abord pour tacler Jospin qui l’avait traité la veille « d’inélégant, impertinent et imprudent », puis, ensuite, pour se gargariser de compliments sur son action - tout en ayant pris le soin au préalable de se défendre de toute forme d’auto satisfecit (« qui serait déplacé »). Dans ses envolées, il se perdit un peu quand même, en indiquant, que le bilan de son gouvernement sera à faire « dans 5 ans ».


Survint le moment le plus pathétique de la soirée, à la fin du discours : La Marseillaise - que l’assistance s’ingénia à ne pas chanter pour laisser la délégation française en tribune dans un grand moment de solitude.
Sur l’estrade, une personnalité tente de dissimuler qu’elle répond à un appel sur son portable, tandis qu’un ministre (...celui des transports, précsion inutile car vous ignorez qui c'est...) s’éponge le front avec un mouchoir. C’est vrai qu’il fait chaud et qu’il commence à faire soif...

Brèves de comptoir
Autour du buffet, plus tard :
« Une partie de la délégation, avec les chefs d’entreprises venus de France est restée bloquée à Hanoi, je suis venu les poches remplies de cartes de visite mais il n’y a personne... »
« Il devait y avoir du fromage et de la charcuterie venue de France, mais, tout ça c’était dans l’avion qui est resté à Hanoi »
« On veut vendre des Airbus ? Mon cul ! On est venu avec un Airbus qui n’est même pas capable de décoller... ».

Un autre, un peu faux cul, une coupe de champagne à la main raconte à quelqu'un surpris de le rencontrer :
«  Ouais... Finalement je suis venus, je me suis décidé sur un coup de tête ».
Enfin, comme à chaque réception, pour rendre l'ambiance chaleureuse, une compilation de Barbara gémit en fond sonore. De nouveaux CD étaient-ils dans l’avion qui n’est jamais arrivé ?

Fillon, lui part discrètement. Dans l’assistance, on murmure qu’il va dormir sur une jonque à Hué...




dimanche 8 novembre 2009

Le mur et la mire

Entre 30 minutes et 3 heures de différé. Impossible de comprendre quoique ce soit aux programmes de TV5 monde depuis le mois d’aout. Justification avancée : les autorités vietnamiennes bloquent les programmes afin de pour mieux pouvoir les contrôler - c'est-à-dire de les censurer. On avait déjà remarqué depuis longtemps ce filtrage (coupures inopinées des films pendant des scènes érotiques, par exemple), mais là, le contrôle s'est sensiblement durci. Tout film, tout documentaire est systématiquement interrompu dès qu’il parle du Vietnam : allusions à la guerre, aux mœurs, tout passe à la trappe, même les reportages évoquant avec compassion des intempéries meurtrières ( "Non, non, il n'y pas de morts, le Parti gère toutes les situations délicates avec succès, vraiment, le Vietnam, c'est le pays du bonheur !")
Naturellement, ces derniers jours, TV5 a prévu la diffusion de plusieurs documentaires sur la chute du mur de Berlin dont nous célébrons le 20ème anniversaire. Ce n’est pas vraiment le Vietnam qui est au cœur du sujet, mais la sanction est la même. Voir se faire déboulonner les statues de Lénine, ça ferait désordre. Par conséquent, nous avons souvent le droit à la mire en ce moment, ou, pire, des dessins animés - genre "y a pas de censure" ( la mire, ça fait trop douter...). Comble de ce déni d’histoire, une grossière manœuvre de diversion à été orchestrée par voie d’affichage dans les rues : La célébration du 92ème anniversaire de la révolution d’octobre (7 novembre 1917) ! Répétez après moi : « Vive Lénine !»

"Commémoration de la révolution russe d'octobre"


Fin de séjour




2 novembre
Il fait froid comme promis, mais il y a un grand soleil. Nous décidons de marcher à bon rythme dans les quartiers que nous avons encore délaissés. Impossible de tout faire ici…Et notre séjour touche à sa fin. A mesure que nous avançons, le froid s’adoucit et la neige commence à fondre. Nous visitons quelques temples au hasard des hutongs, à l’heure du marché.


Sur les bords du lac Beihai , des personnes âgées prennent un cours de danse en plein air. Nous montons sur la colline de charbon pour regarder une dernière fois la cité interdite. A perte de vue, des immeubles dont celui de la télé chinoise que nous avions repéré la veille sur la route en revenant de la muraille de Chine. Un édifice incroyable. Juste à côté une tour de 146m de haut qui a entièrement pris feu au moi de février dernier alors qu’elle était en construction.
Dans la soirée, le froid est plus rude et a tué nos velléités de sortie. C’est l’occasion de réviser les dynasties chinoises, de les situer dans le temps. Les Tang, les Yuan, les Ming… Tous ces noms qu’on connaît plus ou moins, auxquels on s’intéresse le temps d’un voyage. On se jure même qu’on lira des essais historiques sur ces dynasties, résolution, que, dans les faits, on ne concrétise jamais- ou presque. Des connaissances qui ne resterons pour la plupart qu’éphémères… Quel gâchis…


3 novembre
Nous refermons les valises. Dernière matinée. Nous faisons la visite du temple des Lamas, haut lieu de culte pour les bouddhistes tibétains. Ce temple renferme une étonnante statue de Bouddha sculptée d’un bloc dans un tronc de santal blanc. Elle mesure 26 mètre de haut, et 8 de large ! C’est la plus grande statue en bois de Bouddha dans le monde.
Puis enfin, dernier voyage en métro vers l’aéroport. Le nom de certaines stations nous sont désormais familiers : Zhangzi Zhonglu, Dongzhimen, Dongsi, Dongdan Wangfujing…Nous mangeons un dernier yaourt comme on en trouve ici, dans un pot en terre, fermé par un papier bleu et blanc maintenu par un élastique que l’on perce avec une paille…Mais, le cœur n’y est plus, il faut rentrer.

Du Palais d'été à la muraille

31 Octobre
Pékin il y 10 ans c’était sûrement très bien. Il y a toujours beaucoup de nostalgie quand certains évoquent le développement des grandes villes asiatiques. Aujourd’hui s’achèvent à Pékin des équipements programmés avec les Jeux Olympiques de 2008 et désormais nous pouvons –n’en déplaisent au guides touristiques- aller au Palais d’Eté en métro, ce qui est bien pratique. Sur place, nous sommes particulièrement charmés par la petite Venise chinoise reconstituée sur un canal afin de distraire les empereurs à qui il n’était pas permis de se rendre en ville.

A la suite de cette visite, nous faisons un arrêt en chemin pour faire une petite promenade du côté du Nid d’Oiseau et du Cube d’eau. On les avait tant vu à la télé, avec leurs héros plus ou moins heureux : Bolt, Manaudou, Phelps, Liu Xiang...
De nombreux promeneurs sont avec nous, et se font prendre en photos devant ces lieux à l’architecture remarquable. Par des hauts parleurs, une voix féminine matraque entre deux chansons douces ce que j’imagine être de la propagande pour rappeler la réussite de l’organisation des JO et les résultats éclatants de la délégation chinoise.

Comme il fait beau et que nous sommes encore en forme, nous poursuivons notre journée par la visite de la rue de la soie, un marché dont l’intérêt touristique est souvent évoqué dans les brochures touristiques. Cet intérêt nous a échappé : Produits peu attrayants, chers et racolage agressif…

1er Novembre
Dans le minibus, la guide nous parle de Pékin, de ses 4 millions de véhicules, des ses 1000 immatriculations nouvelles chaque jour. C’est la première personne que nous rencontrons qui parle bien anglais. Elle nous raconte qu’elle est très chouchoutée par ses parents car elle est leur troisième fille, née juste une semaine avant l’application de la loi punissant d’une amende de 10 000 euros les familles ayant plus de deux enfants… Dehors, il neige. C’est la surprise de cette matinée. Ce dimanche, nous roulons avec un groupe d’une dizaine de personnes vers la grande muraille de Chine. Avant le départ nous avons du acheter au pied levé des bonnets, des gants et un blouson pour Stéphanie, qui ne voulait pas abîmer son manteau de velours.
Nous gagnerons, dans ces circonstances singulières en photogénie ce que nous perdrons en mobilité. Il ne sera pas possible de marcher sur une dizaine de kilomètres sur la muraille comme nous l’avions envisagé. Mais, contrairement, à ce qu’on imaginait, il n’y a pas grand monde sur le site. Cette muraille est vraiment impressionnante. Démesurée et dérisoire en même temps. Avec la neige, autour de nous, le paysage est apocalyptique, comme si nous étions sous des cendres. On ne reste alors comme ça, à regarder, immobiles, les lacets de cette muraille dans les montagnes, émerveillés…
Intempestivement, me revient en mémoire un souvenir d’enfance : la publicité de la Citroën Visa. Vous en vous souvenez ? « Révolutionnaire ! ». (Pardon pour cette digression).
Retour dans le bus. La guide nous annonce que nous sommes très chanceux car nous allons visiter un centre de médecine traditionnelle chinoise et que nous bénéficierons gratuitement d’un massage des pieds de 40 minutes. Louche…. Nous sommes conduits au premier étage d’un immeuble où l’on nous installe dans une salle nous chauffée pour un bain de pied. Un type en blouse blanche nous fait alors un exposé sur la médecine traditionnelle chinoise. On a bien sûr compris qu’il avait un truc à vendre. (Pas bête le coup du bain de pieds pour qu’on écoute docilement !). Il nous explique qu’il peut faire le diagnostique très précis d’un patient en prenant son pouls avec trois doigts au deux bras. Il propose alors de faire un diagnostique aux gens présents. Nous refusons assez sèchement. Deux personnes du groupe acceptent néanmoins. Évidemment ce charlatan décèle des problèmes de digestion à l’un, des problèmes de dos à l’autre et leur sort la carte de ses remèdes en précisant: « Vous pouvez payez par carte bancaire ». Pendant ce temps, on nous effectue en effet les massages des pieds. Vingt minutes plus tard un autre type frappe à la porte en baragouinant deux trois mots. Les masseurs se lèvent alors : « Finish now ». La guide intervient « N’oubliez pas de donner un petit pourboire ».

De retour à l’hôtel les nouvelles de la météo ne pas rassurantes pour le lendemain. On nous parle de températures autour de -7°C !


A notre retour, nous avons appris que cette neige a été provoquée par les météorologues chinois en envoyant 400 fusées de sulfate d’argent. La région souffrant de la sécheresse, dès que les conditions de températures s’y prêtent, ils n’hésitent pas à provoquer des précipitations de ce type, mais cela reste assez rare à ce moment de l’année !

Cité interdite


29 Octobre
Matinée douce mais brumeuse, le soleil a du mal à percer. Sac au dos nous partons pour une marche dans les hutongs. Ces quartiers anciens sont occupés par des maisons traditionnelles chinoises, souvent construites en briques grises, ce qui leur donne un côté très minéral. Seuls les arbres et les encadrements de portes donnent un peu de couleurs à ces rues. Nous tournons ainsi autour de la tour de l’horloge, la tour du tambour et du lac Qianhai, tout proche. Le calme, le silence qui règne durant notre promenade est surprenant, en tout cas peu en rapport avec ce que nous pension trouver dans une ville gigantesque comme Pékin ou nous nous attendions à plus de densité, plus de promiscuité. De temps en temps une femme passe en vélo pour ramasser des cartons. Au coins d’une rue il y un tas de poireaux et de choux où viennent s’approvisionner des clients. Dans les grandes artères, la circulation est assez bien régulée et fluide, beaucoup circulent en vélos électriques. Les motos taxis sont équipées de petites cabines, un peu comme des tuks tuks.
Dans les commerces : des pommes géantes, grosses comme des pamplemousses ; des images d’Obama avec une casquette avec la mention « Oba-Mao ».

30 Octobre
C’est vraiment comme au château de Versailles. Impossible de faire autrement que de visiter entre les groupes. Nous sommes à la Cité Interdite. Entre les casquettes jaunes, les casquettes rouges et noires et les casquettes bleues et blanches, nous nous frayons un chemin pour prendre nos tickets d’entrée. Ces groupes sont, semble-t-il, chinois, les personnes sont plutôt âgées. Il n’y a quasiment pas de touristes occidentaux. Ceux-ci sont peut-être allés vers des destinations plus ensoleillées. Ils n’ont pas tort ; aujourd’hui, il fait froid. Pourtant, la saison est l’une des meilleures pour visiter le nord de la Chine.




Dans les boutiques de souvenir, un produit phare est en vente : la cassette du défilé du 60ème anniversaire de la Chine Pop’. Encore une fois je regarde -entre autres- les images de ces femmes en tailleur rose et chaussées de bottes blanches qui défilent la tête haute et l’air fier, le fusil mitrailleur collé à la poitrine. Fascinant…


Fascinant aussi la visite de la Cité Interdite. Dommage tout de même qu’elle se limite au seul aperçu extérieur des palais.







L'automne de Pékin

28 octobre

Sur des centaines de mètres nous parcourrons après l’atterrissage les longs couloirs déserts du terminal 2 de l’aéroport de Pékin. A travers les vitres, les pistes se perdent à l’horizon, immenses. Le changement d’échelle est déjà palpable. Dans le bus, d’autres impressions sur cette Chine que nous découvrons émergent : ici, le soleil est bas, il y a de la brume, l’autoroute de 2 fois 3 voies est bordée d’arbres dont certains brunissent, signe d’un automne que nous n’avons plus connu depuis 3 ans. Cet avant goût serait plutôt rassurant si nous n’étions pas victimes d’un violent rappel à l’ordre en descendant du bus. Deux taxis refusent de nous prendre pour nous conduire à l’auberge de jeunesse que nous avons réservée, sans doute parce que la course à faire est trop courte… Puis le troisième enfin qui nous demande un prix 10 fois supérieur au prix réel. Nous acceptons, fatigués et pressés de poser nos bagages ; puis regrettons aussitôt… A 3h30, il a fallu se lever. Avec les offres de dernières minutes, on ne choisi pas vraiment l’heure du départ… Qu’importe. Pour le prix d’un Paris- Londres en Eurostar, nous avons eut notre billet SGN-PEK.

Les valises posées, il est 16h30 et nous prenons tout de suite le métro avec une idée en tête -vous l’avez devinée: filer vers la place Tian’Anmen, symbole de Pékin, avec son portrait de Mao.
La nuit tombe et la circulation est bloquée. Des militaires, au pas cadencé, balancement des bras ample, déboulent pour descendre le drapeau qui flotte sous le regard du grand timonier. La foule est assez nombreuse pour assister à ce cérémonial. En toile de fond, sur des écrans géants, repassent les images du défilé du 60ème anniversaire de la Chine Populaire. Mais l’exaltation de la fierté nationale sera brutalement interrompue. Les couleurs baissées, la police dispersera la foule en faisant foncer vers celle-ci des camions munis de gyrophares et de porte-voix puissants… Plutôt menaçant…La technique est bien sur efficace et la foule se dirige vers le métro, ou, va faire la queue devant les stations de bus. (Tiens ! ils font donc la queue ?) Pour nous, ce sera encore une fois le métro. Ce dernier est très moderne, et n’a rien à envier à celui de Singapour, pourtant un modèle en la matière de transport urbain. Toutefois, une précaution supplémentaire à Pékin : il faut passer ses sacs dans un scanner, comme à l’aéroport !

Pour notre première soirée, nous allons à la « rue des fantômes » pour dîner dans un petit restaurant un peu à l’écart, dans une de ce vieilles ruelles que l’on appelle ici hutongs.
Nous ne pouvons pas faire mieux que de choisir au hasard, le menu n’est qu’en caractères chinois et les serveurs n’ont pas l’air de connaître grand-chose en anglais… Que du noich!

On nous sert des coquillages et du poisson baignant dans une sauce pimentée assez grasse. On nous sert également des glaçons verts avec le plat. Apparemment, il faut manger un peu du plat puis croquer dans un glaçon, sans doute pour apaiser son caractère très épicé. Intéressant, quoique nous ne ressortions pas convaincu par le coup du glaçon.

dimanche 25 octobre 2009

Occupations du moment


Encore une fois ce fut beaucoup de visites et beaucoup de temps perdu avant de trouver un appartement à notre goût. Oui, un appartement car les maisons c’est trop de soucis... Nous nous installerons aux vacances de la toussaint dans un quartier que nous apprécions beaucoup, tout près du marché Tan Dinh en centre ville. Notre propriétaire a bien tenté de nous retenir en baissant le loyer de 150 $, mais notre choix était fait de puis longtemps. La cohabitation avec les souris que nous n’arrivons pas à chasser plus d’une semaine, ça va un temps. La maison en piteux état du voisin est à vendre, nous sentons que de gros travaux -et donc beaucoup de bruit- se profilent dans un avenir proche. Et puis la maison verticale à la vietnamienne est bien fatigante à bien des égards : escaliers peu pratiques pour passer d’une pièce à l’autre, maux de dos en faisant la vaisselle à cause d’un évier trop bas, déclenchement intempestifs des bruyantes pompes à eau destinées à alimenter des douches au faible débit!

Pour l’heure, il faut faire les cartons, tandis que les copies à corriger s’accumulent et que la saison footballistique reprend sur le chapeau de roue (déjà deux buts à mon actif depuis la rentrée, un record d’efficacité!). Avec tout ça, j’ai pas trop le temps d’aller à la fac pour les cours de vietnamien ; je me débrouille seul avec des livres destinés aux vietnamiens pour apprendre le français, histoire de lire des textes avec la traduction à côté. Je prépare néanmoins l’examen qui doit consacrer mon niveau A.

Et puis, il y a les projets de voyages. Subjuguée par l’atmosphère de Tokyo où elle a eu la chance de se rendre en stage l’an dernier (mais ça on ne le crie pas trop sur les toits car nos collègues de métropole en seraient malades), Stéphanie m’avait convaincu d’aller au Japon pour les vacances. Prévoyants, nous avions même acheté le guide du routard en France. Mais dans notre bel enthousiasme nous avions sous estimé une réalité : le coût effarant d’un séjour au pays du soleil levant. Heureusement -si je puis m’exprimer ainsi- la crise a plongé Vietnam airlines dans l’obligation de lancer une grande campagne de promotion pour remplir les avions et nous avons dégotté au pied levé des billets a/r pour Pékin à 200$ TTC (soit environ 140 euros). Nous y resterons une petite semaine. Ce ne sera pas donné, certes, mais rien de comparable avec le budget pour le Japon. Avec le déménagement, les vacances devraient être bien remplies...

dimanche 6 septembre 2009

Poussière et confettis

C’est tellement agréable de rentrer chez soi dans une maison qui sent bon le propre après deux mois d’absence. Pas si simple à Saigon...

Certes, notre propriétaire nous a bien délégué Tony, son bricoleur, pour veiller sur la maison et arroser les plantes pendant l’été. Ce dernier a même effectué quelques travaux de peinture là ou les murs souffraient de l’humidité, réparé quelques fuites... Mais quelle idée de laisser le chantier dans la poussière si bien que, avant même de vider nos valises, nous nous trouvions contraints de nous lancer dans une vaste opération de nettoyage – sans parler de l’odeur de moisissure, voire de pourriture? Imaginez en plus notre bonheur de découvrir en déplaçant les meubles que la maison, le temps des vacances a été envahie par une colonie de souris. Les souris, justement, ma phobie... Si difficiles à chasser dehors à coup de balais, compte tenu de leur fugacité et de leur dispositions à faire de grands bonds ! Et, l’expérience montre qu’elles savent se venger. Immédiatement après leur avoir déclaré la guerre, le rez-de-chaussée a été infesté d’une odeur insoutenable, assez indescriptible, quelque chose entre l’odeur d’excréments et l’odeur de cadavre... Il paraît que c’est la conséquence d’un marquage de territoire. Alors, le lendemain de notre arrivée, je fonçais au marché pour préparer l’artillerie lourde : les cartons autocollants, sorte de papiers tue-mouches spécial rongeurs.
Enfin, pour nous achever, nous constations le retour du bruit assourdissant du groupe électrogène de l’hôtel voisin. Ce bruit qui avait failli nous décider à partir déjà l’an dernier avant qu’il ne soit mis en sourdine, peut être grâce à l’action de notre propriétaire que nous avions interpellé sur ce point.
Mais désormais, nous arrivons au terme de notre contrat, et, c’est bien décidé, on va partir...

Heureusement, nous avons passé aussi de bon moments en arrivant, puisque nous étions invité au mariage de Tran, notre amie qui nous avait donné naguère quelques cours de vietnamien (à ne pas confondre celle avec qui je prenais des cours à l’université qui s’appelle Tran également, mais qui est une autre personne...). Ce mariage, c’était un peu une surprise, elle nous l’avait annoncé au printemps, mais on ne lui connaissait pas de prétendant. Mais, c’est un peu normal vu qu’elle-même, au moment de son annonce, n’avait jamais rencontré son fiancé, Michael, un belge. Ils se connaissent depuis deux ans en chattant sur Internet.
Bien sûr, on est content pour elle, mais aussi un peu inquiet et un peu triste parce qu’on ne la verra plus beaucoup, Tran. Elle va partir vivre en Belgique avec Michael. Ils doivent quitter Saigon début septembre... La cérémonie était typique : gâteau, cascade de champagne, litchis, bière, fumigènes et confettis.

Pendant que nous vadrouillons, nos problèmes se résolvent néanmoins petit à petit; quatre souris ont été prises les pattes engluées, et ont pris la direction de la poubelle, l’odeur nauséabonde tend à disparaître. Mais nous restons vigilants, car l’ennemi s’adapte. Un matin, de façon assez inexplicable le bout de fromage posé sur la colle avait disparu sans piéger le voleur...
Impossible alors de ne pas penser à ce jour de mai ou, en rentrant, nous trouvions un chaton dans notre cour... puis un deuxième. Des voisins nous avaient abandonné lâchement leurs rejetons. Ça devait bien les avoir amusés par avance ce coup... Mais, je n’avais pas eu d’états d’âme, les chatons gagnèrent le droit de retourner de l’autre côté du portail. Pourtant, ils nous auraient rendu bien service...

Lecture d'été


Il n'y a pas que Duras...


En souvenir de Saïgon
Dans la collection Escale romance (vous ne pourrez pas dire que vous n’étiez pas prévenus), éditée chez J’ai lu , Jane Laurence a commis ce roman de plage, que, ayant un peu de temps de cerveau disponible, j’ai « dévoré », intrigué par l’air nostalgique que prend la co gai de la couverture un sur fond de paysage tropical.



L'histoire:
Perle est une jeune eurasienne née à Saigon en 1975, juste avant la prise de ville par les vietcongs. Alors que son autobiographie connaît un petit succès littéraire, (« l’ombre de l’amant de Marguerite Duras planait sans l’obscurcir sur ce récit équilibré comme la palanche posée en balancier sur l’épaule des paysannes du sud ») elle est conviée à Hollywood pour rencontrer les producteurs qui ont racheté les droits d’adaptation du récit pour le cinéma. Malheureusement, Perle qui cru un instant rencontrer aussi en Californie le grand amour avec une star de cinéma, se sentira trahie à la lecture du scénario et claquera la porte aux américains. Quel culot!





Pour faire bonne figure, « En souvenir de Saïgon » se risque à faire réflechir le lecteur en ironisant audacieusement sur l’industrie cinématographique américaine, coupable de ne vouloir faire que du profit au détriment de la qualité alors que « les gens aujourd’hui veulent qu’on parle autrement de la guerre du Vietnam. Ils en ont marre des films d’action à la Rambo, avec largage de bombes dans la jungle et exotisme de pacotille »
Mais le plaisir de la lecture réside dans cette prose qui nous offre quelques phrases poétiques, du genre :
« Assis sur les rochers sous la voûte protectrice d’un cyprès tortueux, ils regardaient le soleil sombrer dans l’océan. Il flottait dans l’air du soir un doux parfum d’oranger, qui se mêlait délicatement aux puissants effluves marins. Tout près d’eux, sur la grève humide (...) »
Et, toutes les deux pages, une comparaison bien sentie :
« Et la Cadillac démarra en souplesse comme un grand paquebot quittant le port » (sans oublier la « palanche des paysannes du sud » citée précédemment)
Mais ce « livre » reste très amusant car il décrit avec sérieux Saigon comme une ville raffinée : « la cité blanche, la ville-parc de l’âge d’or, avec sa végétation luxuriante, ses tecks et ses tamariniers, ses faux camphriers et ses frangipaniers aux parfum entêtant. Saïgon et sa douceur de vivre... ». Ah ! Ah ! Ah !








lundi 31 août 2009

Sapa



Sapa (mai 2009)
Il y a déjà 3 ans, lors de notre premier voyage au Vietnam, nous avions regretté de ne pas avoir assez de temps pour aller à Sapa. Sapa, c’est un autre Vietnam, celui des montagnes du nord ouest, près de la frontière chinoise, celui des minorités ethniques.
Au mois d’avril, lorsque nous avons reçu la visite de Marie-Pierre et Marc – ma sœur et mon beau frère- nous les avons orienté vers Sapa, mais sans les suivre ; nous n’étions pas en vacances. Nous avons eut tout juste le temps de faire ensemble, le temps d’un week end, une journée dans la baie d’Ha Long et une excursion vers la pagode de la grotte parfumée, un lieu de pèlerinage très fréquenté, une sorte de grotte de Lourdes vietnamienne, nichée dans une très belle campagne ou une petite balade en barque nous permet d’apprécier le site, qui ressemble beaucoup à la baie d’Ha Long terrestre.
Pour en revenir à Sapa, Marie Pierre et Marc nous en ayant fait un compte rendu très attrayant, nous avions fait de cette destination notre objectif pour nos vacances de mai.
Pour tout dire, le voyage en train de nuit de Hanoi vers Sapa ne nous laissa pas un très bon souvenir (cabine vétuste sale et bruyante). A la sortie de la gare, on a bien compris également qu’il fallait batailler ferme pour par se faire arnaquer en prenant le bus qu’il fallait encore prendre pour Sapa. Mais, sur la route les paysages nous font un peu oublier la fatigue avec les premières rizières en terrasses et le changement de végétation à mesure que nous prenons de l’altitude.
Nous choisissons une chambre dans un hôtel humide avec vue sur la vallée. Vue que l’on ne verra pratiquement pas ; Sapa est connue pour son brouillard épais... Son crachin aussi. Très vite, nous investirons dans des parapluies, des vestes polaires et commanderons à l’hôtel du bois pour faire du feu dans la cheminée...
En cinq jours passés sur place, la météo a alterné entre le mauvais et le franchement pourri. Chaque matin, nous avions pourtant l’espoir de voir percer un peu le soleil, imaginant que le pire était derrière nous avec une conviction d’autant plus forte que les jours passaient et que ça ne pouvait plus continuer ainsi... De Sapa, nous connaîtrons presque tous les recoins et tous les lieux où il fait bon s’abriter pour prendre une boisson chaude... Mais ce n’est pas ce qu’il y a de mieux à retenir... La ville est sans charme. Il ne semble y avoir que des hôtels. Beaucoup de femmes Hmongs en habits traditionnels vendent avec insistance leurs sacs, leurs écharpes et des tentures murales aux touristes occidentaux. Ce côté « village touriste » n’a rien d’attrayant tant que la vue sur la vallée ne reste qu’une promesse dont la brume ne veut rien laisser entrevoir. Un petit tour au marché à de quoi distraire certes, mais le pseudo artisanat est celui que l’on retrouve partout ailleurs, avec toujours ces mêmes articles venus de Chine. Restent le charme des Mhongs dont certains ont des taches de rousseur et les yeux clairs, la beauté de leur vêtements, et le charme des Dao rouges que nous rencontrons également, et qui se distinguent par leur coiffe spectaculaire- on dirait qu’ils ont un coussin rouge posé sur la tête.









Itinéraires
Dans la boue, les sillons, sous le ciel gris nous marcherons avec bravitude profitant de période ou le brouillard se fera moins épais. Et, c’est vrai, quand il nous est permis de voir a plus de 50 mètres, alors se dissipent enfin nos doutes sur l’intérêt de ce séjour ; les perspectives tracées par les rizières en terrasses sont époustouflantes.
Du village de Cat cat à celui de Sin Chai, l’intérêt de la promenade se situe également dans l’observation des tâches domestiques et agricoles. Les buffles labourent les rizières avec les hommes, tandis que les femmes travaillent dans des champs destinés aux cultures maraîchères.
Dans l’école de Sinh Chai, ce sont surtout les filles qui viennent en classe. De nombreux autres enfants travaillent déjà ou se promènent en bande dans les villages, un peu livrés à eux-mêmes.

Un autre jour, profitant en début d’après midi d’une « fenêtre météorologique » favorable (heureusement que nous avions de la lecture pour occuper notre matinée au coin du feu), nous partions en directions du village de Lau Chai, un peu au hasard. En empruntant un chemin descendant vers de rizières à la photogénie prometteuses, nous devons vite nous rendre à l’évidence : la voie est impraticable. Demi tour. C’est alors que nous croisons deux femmes Hmongs qui nous proposent de nous guider vers leur village en nous montrant de jolis endroits. Elles parlent entre elles dans leur drôle de dialecte puis avec nous échangent quelques mots en vietnamien, en anglais et connaissent « bonjour » en français. La route descend et nous nous inquiétons du chemin qu’il faudra accomplir au retour. Leur village -Lau Chai- est à une heure à pied, mais elles nous assurent que dans leur village, il y aura quelqu’un pour nous raccompagner à l’hôtel en moto. Nous nous laissons alors guider en prenant des petits chemins en terre, en traversant un joli hameau de maisons en bois puis nous nous retrouvons sur un magnifique chemin au cœur des rizières. Rapidement, nous sommes rejoints par trois buffles ! Il se met à pleuvoir, le terrain devient très glissant, mais les paysages sont de plus en plus spectaculaires. Des rizières comprenant une centaine de paliers sont désormais face à nous, il y des cascades, des sapins, de rochers... Sans ces petites dames, nous n’aurions sans doute jamais découvert cet itinéraire. Par moment, elles nous donnent la main pour nous éviter de glisser. La pluie devient forte et nous progressons tout doucement, toujours avec les buffles... Arrivés à Lau Chai, nous savons qu’il faudra acheter un petit souvenir à nos guides, qui derrière les sourires sont de redoutables vendeuses que d’autres villageoises viendront vite rejoindre pour nous harceler ! Et, comme promis, les motos se bagarrerons aussi pour nous remonter à Sapa sous la pluie battante....



Le lendemain, nous visitons, à l’issue d’une longue balade à moto le village de Ta Phin, habité par les Dao rouges. Une fois de plus, nous sommes assez vite frustrés de nous retrouver dans la brume et de perdre de vue en cours de route les paysages. A l’entrée du village, un vaste parking attend des minis bus touristiques et les boutiques attendent des clients encore rares. Le village est saisissant : maisons en bois dans les rizières, marres aux canards, femmes en habits traditionnels. L’une d’elle nous fait signe de venir chez elle, ce que nous faisons sans être dupe : elle finira bien par essayer de nous vendre des tissus, des sacs à un moment donné ! C’est incontestablement le côté le plus désagréable de Sapa ; il n’est pas possible de circuler sans se retrouver escortés et avoir un rapport marchand... Dans la maison traditionnelle, le riz cuit sous un feu de bois sous le regard de la belle fille. Les quatre fils travaillent aux champs et vont bientôt rentrer manger.










dimanche 30 août 2009

Deux ans...

Voisins Voisines

Bon, mine de rien, c’est déjà notre deuxième année qui s’achève au Vietnam.
Dans notre rue, nous faisons bel et bien partie du paysage. La marchande de fruit sonne chaque fois qu’elle passe devant la maison, la voisine un peu fofolle du bout de la rue attend tous les matins que nous sortions nos poubelles pour récupérer nos bouteilles plastiques - que je préfère réserver à une jeune fille qui passe à vélo faire sa tourner de tri sélectif (cela consiste à prendre dans les sacs qui font office de poubelles les déchets recyclables). Tous les jours, à 7 heures, quand nous sortons, nous croisons le xe-om qui lit assis sur sa Honda Dream Tuoi tre a travers ses lunettes de chantiers anti insectes. Au même instant, devant notre porte, une petite fille passe en uniforme. Elle va à l’école en mangeant une petite saucisse et en buvant une brique de lait Vinamilk. La vieille aux cheveux gris, qui habite un peu plus loin, va chercher son riz en boitant, avant d’aller vendre ses cigarettes sur le trottoir... A 7h 15, quand nous sortons avec un peu de retard, arrive le type qui, avec une charrette vient ramasser les poubelles. Il y a quelques semaines, la voisine d’en face faisait à ce moment quelques pas dans la rue, son petit fils dans les bras à qui elle donnait la soupe, mais maintenant, on ne la voit plus, elle a déménagé... Disparu, par la même occasion l’aîné qui jouait "la nouvelle star" en chantant le soir.
Le reste des journées est invariablement rythmé par les chants des vendeurs de rues. Avec la régularité d’un métronome se succèdent les fruits et légumes, les soupes, mais aussi les balais, les pièges à souris, les sandales et les bassines en plastique.
Un employé passe tous les mois pour les compteurs d’eau et d’électricité. Le paiement des factures est un problème délicat. En général, on écrit sur une ardoise accrochée au portail le relevé des compteurs. Puis, un autre jour, l’employé revient percevoir le montant de la facture que, de temps en temps, nous trouvons glissée sous le portail. Bien souvent, cette facture, du format d’un vulgaire ticket de caisse, s’est envolée ou a été emportée par une averse. Notre voisine, celle qui est très bien placée au parti communiste, avance l’argent pour nous quand le percepteur vient en notre absence. Mais, bien souvent, on nous coupe l’électricité quand nous ne payons pas la facture envolée. Ils ne rigolent pas : deux jours de retard et c’est la coupure !
Même chose pour la télé, Internet et le téléphone. Autant dire que tous les mois nous devons faire face à un incident et que je dois me rendre aux agences pour payer- ce qui n’est pas chose aisée. En effet, la coutume veut qu’il n’y ait pas de queues et qu’il faille jouer des coudes aux guichets pour régler son problème. Et voyant ma tête, l’employée qui ne parle pas un mot d’anglais n’est pas pressée de traiter mon cas et cède à l’amicale pression des autres clients plus rodés que moi pour tendre le bras pour faire passer leurs factures en priorité.
Pour nous aider, le propriétaire nous envoie Tony, son homme à tout faire. C’est lui qui règle les pépins que nous ne pouvons surmonter seuls. Parfois il prend l’air surpris en voyant notre note d’électricité qui, il est vrai, a considérablement augmenté depuis que nous avons adopté la climatisation au rez-de-chaussée. Parfois, on se demande si la voisine du parti communiste n’aurait pas elle aussi connecté sa clim’ sur notre compteur et que ce serait pour cela qu’elle avancerait le montant des factures en notre absence avec autant de bienveillance. Certains disent qu’en coupant son compteur le soir, on peut avoir la surprise de plonger aussi dans le noir les maisons mitoyennes... Pour nous, toutefois, le test a été négatif, ce qui est positif. Enfin je me comprends. Mais... juste un petit fil, rien que pour les clims... le doute est permis.

Malgré tout, nous avons nos repères, quelques habitudes rassurantes. Nous avons même inconsciemment adopté des comportements caractéristiques, comme se racler bruyamment la gorge et cracher dans la rue ; jeter nos déchets sur le trottoir sans se soucier du fait qu’il y a depuis peu des poubelles, et, se curer les dents de façon ostentatoire à table...
Plaisanteries à part, nos mains sont devenues parties prenantes de notre communication. Nous les agitons - genre « ainsi font les marionnettes » pour dire « non » ou « on sait pas », nous les agitons d’une façon qui en France voudrait dire « Ta gueule » pour interpeller quelqu’un. Comme marque de respect, nous tendons nos deux mains pour recevoir ou tendre de l’argent ou échanger un bien.

Enfin, très important, car cela sert souvent, nous avons appris à éclater de rire pour dire «Non».

vendredi 10 juillet 2009

When doves cry


"Le monde sans Michael Jackson"

L’opération pour avoir un nez plus fin.
Le masque sur le visage pour éviter de bronzer et de respirer de la poussière.
Les massages avec des crèmes pour blanchir la peau.
Les gants en laines avec des paillettes et le chapeau.

Avec autant de points communs, la fashion victim vietnamienne ne pouvait qu’être fan de Michael Jackson, la seule idole, vraiment, à avoir été en mesure de faire percer un peu de culture black en Asie. Et, pour une fois, l’événement n’a laissé personne indifférent (même s’il n’a pas fait la "Une" des journaux) et un petit rassemblement d’une quarantaine de personnes a eu lieu à Hanoi en hommage au roi de la pop à l’annonce de sa disparition.

Nous aussi, nous étions un peu tristes... La première diffusion du clip de Thriller dans l’émission Champs Elysées avec ses yeux exorbités et son blouson capitonné orange, les pavés qui s’illuminaient sous ses pas sur la musique de Billie Jean, la guitare de Van Halen dans Beat it... Ca nous avait marqués ; évidemment. Stéphanie, fan bien avant moi, est toujours capable d’écouter Rock with you en boucle. Moi, à l’époque, j’aimais beaucoup, mais sans trop l’avouer car j’étais plus Prince. J’aimais ses guitares baroques, son côté subversif. OK, dans ses albums, il y avait pas mal de déchets, ce qui n’était pas le cas de Jackson. Et puis, il a pas inventé le Moon Walk... Alors, pas de quoi se faire connaître en Asie...







jeudi 14 mai 2009

Virage à droite

Virage à droite

Griller des feux rouges, remonter des files a contresens, slalomer entre les vélos et les piétons, rouler chargé de gros sacs... Je dois reconnaître qu’en matière de mauvaises habitudes je me suis parfaitement adapté aux non-règles de circulation à moto. Je n’en suis pas fier. Mais on ne peut pas vraiment faire autrement, car sinon, on fait du surplace et c’est dangereux. Comme un poisson, il faut toujours être en mouvement pour survivre. Néanmoins, il faut que je fasse plus attention : les étrangers sont désormais dans le collimateur de la police...

La presse s’en fait largement l’écho avec une révélation qui prête à sourire : Les étrangers seraient responsables de nombreux accidents de la route. Pire, ces filous d’étrangers auraient longtemps été épargnés par les sanctions, « du fait de la barrière linguistique » (le Courrier du Vietnam). Alors, pour les mater, la police de la route de Hô Chi Minh-Ville a récemment formé « un groupe de travail chargé des sanctions à l'encontre des étrangers face à l'augmentation des cas d'infraction constatées ces derniers temps ». Résultat : « En un mois, la police de cette ville a sanctionné 107 cas de violations au Code de la route (...) La plupart des conducteurs étrangers qui commettent des infractions sont européens, américains et asiatiques ».
Ma mésaventure du mois de décembre à PhanThiet où -rappelez vous- les forces de l’ordre m’avaient confisqué ma Yamaha participait donc au coup d’envoi d’une opération de grande envergure. (Sauf, qu’en l’occurrence, je n’avais rien fait de répréhensible)
Entre temps, j’ai loué un autre deux-roues, et le propriétaire est allé lui-même chercher sa moto après les 37 jours (sic) d’immobilisation réglementaires. (Il parait que cela laisse le temps aux policiers de désosser la moto et de remplacer les pièces japonaises par des pièces contrefaites... )

Soucieux de mettre en règle, je suis allé faire traduire mon permis, car sachez-le, le Vietnam est un des rares pays au monde à ne pas reconnaître le permis international.
Là, impossible d’échapper à quelques tracas avec l’administration. Mon permis français étant abîmé (et pour tout dire, déchiré en deux parties), ma demande a été rejetée. Heureusement c’était la veille de Noël et je suis rentré en janvier de France avec un duplicata tout neuf. Quelques milliers de dôngs à verser, une visite médicale (mensurations et test de vue) et quinze jours d’attente avant de rentrer enfin dans les clous.

Mais, d’avoir été « pionnier » dans mes démêlés avec la police au sujet du code de la route était peut être un mal pour un bien. Fin janvier, il était sérieusement question de ne plus délivrer de permis vietnamien aux étrangers. Il y aurait trop de cas de permis étrangers à traduire falsifiés...

De la sorte, on perpétue une formule gagnante -le contrôle au faciès- puisque : « la plupart des étrangers qui louent des motos sont dans l'incapacité de présenter aux policiers leur permis de conduire » (le Courrier du Vietnam).
Echappatoire : conduire avec des lunettes et un masque.

C'est arrivé près de chez nous

C’est arrivé près de chez nous

HCMV sera toujours Saigon la sulfureuse ?
Voici quelques faits divers relatés dans la presse vietnamienne ces derniers jours... (100% d’efficacité pour la police)

HCMV – Contrebande : La police de l’environnement de Ho Chi Minh Ville (PC36) a saisi une grande quantité de précieux produits d’animaux sauvages dans le magasin de souvenirs Duc Tu (5è arrondissement) et au domicile de la propriétaire d’un magasin des animaux sauvages. Il s’agit de 2,5 kg de cornes de rhinocéros, 17,3 kg de défenses d’éléphants, 30 kg de peau d’éléphants, 150 kg de bois de cerf, etc.
(Saigon Tiep Thi, 23/03/09-p.2)

HCMV – Mariage mixte : Trois intermédiaires et 65 filles ont été arrêtés le 20 mars dernier par la police d’ordre social (PC14.) Ces dernières étaient en train de défiler devant 3 coréens dans une maison située dans le 8ème arrondissement.
Les intermédiaires ont réalisé depuis le début de l’année 3 présentations de ce genre et ont reçu de 8 000 à 10 000 dollars par client. Mais les familles des vietnamiennes sélectionnées n’ont reçu que 3 à 4 millions de dôngs.
(Tuoi Tre, 21/03/09-p.4)

HCMV – Vol : La police du 7ème arrondissement a arrêté une bande de voleurs qui agressaient leurs victimes en utilisant un fouet électrique. Selon la police, ces jeunes seraient sans emploi.
(Tuoi Tre, 01/03/09-p.3)

HCMV – Prostitution : La police du 3ème arrondissement a démantelé un réseau de prostitution lors d’un contrôle de l’hôtel Saigon Moi. Depuis 2007, ce réseau (d’une vingtaine de filles) possède une clientèle dans les grandes villes et également à l’étranger (via des séjours organisés).
(Thanh Nien, 05/03/09-p.5)

HCMV – Vol : Deux voleurs de motos ont été arrêtés le 22 mars par la police de l’arrondissement Tan Binh. Ceux-ci avaient réalisé plus d’une dizaine de vols depuis le début de l’année en se déguisant en agent de la police criminelle.
(Thanh Nien, 23/03/09-p.4)

HCMV – Pari : La police a retenu 22 personnes participant à un pari (les paris sont illégaux au Vietnam) sur le résultat des matches de football dans un café situé sur la rue dong den (dans l’arrondissement Tan Binh). Plus de 90 millions de dôngs, 36 motos et une vingtaine de téléphones portables ont été confisqués.
(Phap Luat TP. Ho Chi Minh, 27/04/09-p.2)

mercredi 25 mars 2009

Kep - Saigon


19/03



30 petites minutes suffiront pour atteindre en bateau l’île aux lapins. Sur une belle plage des groupes sont déjà arrivés, notamment un groupe de retraités français. C’est curieux car à Kep, les touristes faisaient plus « routards ». A première vue pas grand-chose à faire, et le bateau ne repartira 6 ou 7 heures plus tard. Il y a quelques bungalows en bambou et toujours ces vaches sur le bord de la plage. Suivant une vague piste, je m’éloigne espérant trouver des coins plus isolés. Je me lance -sans le savoir au début- dans un tour complet de l’île qui durera 2 heures. Sur des plages de galets, quelques cabanes de pêcheurs, et des oiseaux tout bleus ! De belles photos sont à faire à condition d’éviter de cadrer les nombreux détritus en plastique apportés par la mer. De retour à la plage principale, qui est en fin de compte la plus belle, je me jette à l’eau avec masque et tuba. Peine perdue, il n’y a rien que du sable à observer. Pour le repas, sur la plage, je commande dans une assiette de crabe, ce qui aura le mérite de m’occuper une bonne heure. Le reste du temps sera passé dans un hamac à réviser mes leçons de vietnamien.



Au retour, il est encore temps avant que la nuit tombe de louer un vélo et de visiter la corniche et les vestiges du passé. Si je m’attendais à trouver à Kep une petite ville, c’est parce que même sachant que les khmers rouges y avaient fait des ravages et y résistèrent jusqu’en 1998, cette station balnéaire était à la mode dans les années 60 et que de belles villas y furent construites depuis le début du siècle.


















Certains sont maintenant fiers de raconter qu’ils ont acheté à des khmers rouges aux abois des terrains pour une bouchée de pains pour maintenant y faire un business plus ou moins foireux dans l’hôtellerie (A leur place, je ne m’en vanterais pas de leur avoir tapé dans la main...). Mais ils en sont sûrs, le tourisme va exploser ici, et pour eux, Paris Match ne s’y est pas trompé en consacrant récemment un article sur Kep !
Les vestiges, que je n’avais pas perçus en arrivants se découvrent petit à petit, en sillonnant des avenues qui partent de nulle part pour arriver nulle part, derrière une épaisse végétation qui a repris ses droits. Le « spectacle » est terrible. Il ne reste des ces maisons que des squelettes. C’est bien triste de voir ainsi ces belles architectures (de la maison bourgeoise du début du siècle à celles construites selon un style Le Corbusier) être réduite à l’état d’épaves, parfois criblées de balles. Des familles en grande détresse en squattent quelques unes...
Je quitterai Kep avec le sentiment bizarre que laisse ce mélange de douceur et de terreur.

20/03
Les derniers paysages du Cambodge derrière la vitre du bus sont de moins en moins beaux à mesure que nous nous approchons de Phnom Penh. Sur la route, trois visages que je ne peux plus supporter, celui de ces trois mégalos qui n'ont trouvé mieux comme ambition pour le Cambodge que d'y mettre leurs portraits tous les 200 mètres ! Il y a ensuite la traversée du Mékong et ses vendeurs ambulants, ses minibus trop chargés.






C’est enfin la frontière et ses Casinos. Puis, le Vietnam. Il fait déjà nuit, les cafés ont allumés leurs guirlandes multicolores, 11 heures de trajet en tout pour rentre à Saigon.



Et l’aventure continue : le Xe om pour rentrer à la maison est ivre et ne maîtrise plus le passage des vitesses ni ses trajectoires... "Taxi Ơi ! "
























Kep - Kampot


18/03

Le port de Ha Tien est surtout animé le matin, lors du marché au poisson. Les chalutiers déversent leur pêche et la vente commence sur les quais ; l’odeur est parfois insoutenable.
Après un petit tour, je fais la visite d’un temple bouddhiste, et prends la direction des plages. La première que je longe est Mui No. C’est en fait davantage un village au bord de l’eau qu’une vraie plage. Une piste à l’ombre des palmiers longe l’eau un peu vaseuse ; le sable est noir, mais c’est joli, sauvage.
La plage la plus réputée est plus loin : Mui Nai. Cette plage est plus aménagée, de nombreuses paillotes y sont installées. C’est à cet endroit que je découvre une sorte de noix de coco couleur aubergine dont je goûte la chair : j’ai l’impression d’avoir des anneaux de calamars dans un verre en plastique avec des glaçons et du sucre ; le goût n’est pas très prononcé, c’est surtout rafraîchissant.
Voilà, c’était le dernier petit tour à Ha Tien, car j’ai pris rendez-vous avec un Xe om, pour passer la frontière cambodgienne et aller à Kep (la frontière est ouverte a cet endroit depuis peu). A vrai dire, j’avais déjà un peu l’impression d’avoir quitté le Vietnam en croisant tous ces visages et toutes ces coiffures différentes dans les rues, loin de la mode saigonnaise des cheveux long et lisses...

En observant la carte et la vingtaine de kilomètres à faire entre Ha Tien et Kep, je ne m’attendais certainement pas à devoir faire 2 heures de moto ! C’est comme ça ! Après la frontière, la route n’est plus goudronnée, et il faut emprunter des détours ! Peu importe, les paysages sont de toute beauté. Il y a des rizières, des marais salants, et un peu de relief à l’horizon. La piste en terre battue fraîchement arrosée par les pluies de la veille apporte également sa touche de couleur.

En arrivant à Kep, je suis franchement déçu sur le coup. Je m’attendais à une petite ville avec d’anciennes maisons coloniales. Il n’y a rien. Enfin, presque rien en apparence : la plage, et quelques hôtels. Je sais qu’il y a une excursion à faire sur une île au large, mais renseignement pris à l’hôtel ou je pose mes bagages, c’est trop tard, le départ est le matin à 9h. Décision immédiate : louer une moto et filer vers Kampot, à 25 km.



C’est l’occasion de traverser de nouveaux villages, et d’agréables paysages de campagne. Je marque quelques arrêts pour photographier quelques maisons. La route est calme, c’est un moment plaisant.
A Kampot, les avenues sont larges, l’architecture datant de l’époque coloniale est homogène, mais on a le sentiment un peu étrange que la ville est triste, un peu abandonnée... Le canal qui traverse la ville donne une touche aérée à la ville tandis qu’au loin le relief est dominé par le plateau du Bokor.









De retour vers Kep, je serais le spectateur d’une partie de volley ball au milieu des vaches...
Pas grand-chose à faire dans la soirée. C’est le grand calme, c’est à peine s’il y a de l’éclairage. Dans les buvettes, quelques touristes tout de même, des trekkeurs, des cyclistes ... Puis vers 20h, c’est la coupure d’électricité ; extinction définitive des feux !





Chau Doc - Ha Tien

17/03
Je retrouve Dung comme convenu pour préparer mon tour a moto. Il me présente le propriétaire d’un bateau avec qui je visiterai le village et le marché flottant, un village Cham et, pour finir, une ferme d’élevage de poisson.

Sur le fleuve les maisons flottantes hébergent sous leurs planchers des colonies de poissons. Les habitations sont très rudimentaires : une seule pièce pour toute la famille, peu de meubles (ni table ni chaises par exemple), juste une télé. Au marché flottant, de grosses embarcations remontant les bras du Mékong chargés de produits frais -fruits et légumes essentiellement- vendent leurs marchandises aux petits commerçants locaux qui viennent à leur rencontre en barque.


La ferme d’élevage, elle, est un radeau de 200m² sous lequel des cages gardent en captivité des poissons basa. Ça grouille pas mal ; selon la propriétaire de la ferme, il y aurait 100 000 poissons dans cet élevage. L’avenir de ces poissons, c’est la congélation et l’exportation vers l’Europe.
Enfin, nous accédons au village Cham grâce à un ponton au bout duquel des boutiques de tissus attendent de potentiels clients. C'est un grand classique : à l’arrivée d’un groupe, une jeune fille se précipite derrière son métier à tisser pour faire photogénique. Rien à voir avec l’ambiance que j’avais ressentie la veille en visitant ce même village par la route ! Le temps de boire un rafraîchissement, c'est l'occasion de papoter avec les gens du village. En leur disant que je m’appelle Nicolas, ils sont surpris d’apprendre que je suis français. Pour eux, Nicolas, cela faisait russe. Pourtant j’ai traditionnellement droit a des associations avec des français célèbres : Nicolas Anelka, Nicolas Sarkozy ! Le moment n’est finalement pas désagréable, pendant ce temps, la boutique de tissu fonctionne bien : les groupes des tours-opérateurs se succèdent...

Vient l’heure tout de même de quitter Chau Doc pour prendre la direction du sud, vers Ha Tien, au bord de la mer, toujours à la frontière Cambodgienne. Je quitte Dung après lui avoir donné un coup de main pour traduire quelques mails et formuler en français quelques conseils pour de futurs clients. Il attend notamment la venue d’un couple travaillant pour le compte du Guide Michelin pratique. Comme il sera à Saigon le week end suivant, nous nous sommes promis de boire un verre ensemble.

Le confort du bus que j’emprunte pour Ha Tien est bien sommaire : sièges crasseux, défoncés et serrés, fenêtres grands ouvertes... Nous faisons route à travers les rizières, avec les travaux agricoles comme spectacle d’un travelling qui durera 3h30.

Je note que la propagande change par rapport à Saigon : Les messages ne concernent plus le thème « collaboration et développement ». Il faut ici protéger les animaux, faire attention aux chiens enragés. Je lis par ailleurs « Les enfants d’aujourd’hui, le monde de demain », mais curieusement, loin de dissuader les enfants de travailler, la propagande recommande de ne pas leur faire porter de charges lourdes (avec l'image barrée en rouge d’un enfant portant un gros tas de briques) !

J’arrive vers 16h00 à Ha Tien et pose mon sac dans une pension familiale. Aussitôt, sans perdre de temps, je loue une moto, pour faire un tour de reconnaissance et visite une pagode nichée dans la caverne d’un monticule de roche karstique. Il y a de nombreux buffles, des vaches. Il flotte une odeur d’herbe coupée. Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas respiré ainsi !
Dans la soirée, je fais un petit tour dans le petit marché de nuit et prospecte des agences pour organiser la suite de mon voyage, car je ne compte pas séjourner trop longtemps à Ha Tien. Malheureusement, il n’y a rien. Je ne peux même pas acheter un billet de bus. Il y a des bateaux pour Phu Quoc... Au fait, pourquoi pas ? Je pourrais alors revenir en avion à Saigon. Le débat sera vite tranché, il n’y a plus de billets disponibles pour le bateau rapide du lendemain. Mais, j’avais aussi derrière la tête de visiter Kep et Kampot, au Cambodge, deux villes qui ne sont pas très lointaines... Je file prendre des renseignements sur internet. Ma décision est prise : ce sera bien le Cambodge.

Direction Chau Doc


Chau Doc

15/03

Voila, c’est parti, je me lance dans un périple un peu inédit puisque Stéphanie est rentrée en France et que je me retrouve tout seul à faire la route. Je pars pour Chau Doc, dans le delta du Mékong, près de la frontière Cambodgienne, à 7 heures de bus de Saigon. A peine sur place, en cherchant une chambre d’hôtel, je rencontre un vietnamien d’origine cambodgienne, Dung, qui m’aborde en français et se propose de m’aider. Il est Xe om, mais fait aussi guide touristique. Il recrute ses clients francophones sur les forums de discussion du Guide du Routard. Il me présente deux de ses « collègues », l’un d’origine chinoise, l’autre d’origine Cham. C’est la particularité de Chau Doc ; cette ville rassemble plusieurs ethnies différentes. Nous buvons ensemble une bière. Dung me propose de me louer sa moto pour le lendemain et je conviens de faire appel à lui le surlendemain pour un tour en bateau. Ici coule un affluent du Mékong investi par des villages flottants. Le prix qu’il m’annonce est très avantageux puisqu’il me dit que le tour me reviendra à 30 000 Dôngs de l’heure, alors qu’en agence, il faut compter de 5 à 10 fois plus !



Après le dîner, je quitte Dung pour me promener en ville. C’est plutôt animé, il y a notamment un mariage avec un orchestre.

16/03

Levé de bonne heure, j’ai le temps de faire un petit tour en ville et sur le pont qui surplombe le fleuve pour avoir un aperçu de la vie sur les maisons flottantes. Je déambule également dans des rues calmes. Les maisons sont pour la plupart construites sur pilotis, de petits étangs forment des places pittoresques. Les touristes qui étaient dans le même hôtel que moi font parti de tours organisés; ils ne prennent pas le temps de faire cette de balade dans les petites rues où je reçois un accueil très souriant des habitants. A 8h, je retrouve Dung avec qui je bois un café avant d’emprunter sa moto et de prendre la direction de Nui Sam, un monticule rocheux au milieu des rizières, à une dizaine de kilomètres. Prenant tous les détours possibles, je longe les canaux de la région et contemple la vie sur ces étranges maisons sur pilotis au bord de l’eau. Sur le Nui Sam, la montée dure une demi heure pour atteindre le point culminant laissant deviner au loin les rizières du Cambodge. Au pied du mont, des sanctuaires et des temples aux influences architecturales les plus diverses. Le plus vénéré est celui consacré à une divinité dont la tête est surmontée d’une auréole aux lampes multicolores qui s’illuminent en faisant des spirales psychédéliques. C’est de très mauvais goût, mais amusant. D’ailleurs, dans le Lonely Planet, ils évoquent ces « étonnantes petites lampes disco »



Dans l’après midi, je visite les villages Cham des alentours. En empruntant un bac, je retrouve l’ambiance vécue en me rendant sur l’ « île de la soie » près de Phnom Penh. Les habitants ont des cheveux ici un peu ondulé, les femmes les portent plus court. Les vieilles, comme au Cambodge sont coiffées du traditionnel foulard vichy. D’autres portent une sorte de voile islamique en dentelle colorée. Je roule ainsi des kilomètres, tout doucement. Il n’y a pas de commerces, la vente est exclusivement ambulante : fruits, légumes, poissons, viandes, vêtements, jouets... En m’arrêtant boire un coca, un petit rassemblement d’enfants se constitue autour de moi. Je bafouille quelques mots en vietnamien, mais bêtement je ne sais pas trop quoi dire après avoir répondu aux traditionnelles questions sur la durée de mon séjour, mon âge, ma situation de famille et mon métier. Je prends en photo quelques mosquées et repars plus loin pour un autre village. J’assiste à une partie de volley, mais, dans ce village, je ne me sens pas capable de trop rester et de boire un verre avec des groupes qui n’en sont plus à leur première bière. J’ai pensé à l’émission J'irai dormir chez vous et en ai retenu les leçons d’Antoine de Maximy : faire le sympa, ça marche bien en général, mais les ambiances conviviales peuvent vite devenir hostiles quand l'alcool s'en mêle. C’est exactement ce que j’ai pensé dans ce village là où mon incursion motorisée ne me laissait pas une impression aussi sûre que dans l’autre village ou j’étais en confiance pour boire mon coca. Ici, les gens étaient plus directs, cela me faisait un peu peur.


A mon retour en ville, dans les écoles, les enfants étaient assis dans la cour. Une personne au micro faisait un discours, comme le matin même à 7h30 ! Puis en contournant l’école, j’ai assisté a une scène étrange : de jeunes filles passaient chacune à leur tour pour s’entraîner à faire le montage et le démontage d’un fusil mitrailleur ! Elles étaient soumises au regard attentif d’un instructeur qui les chronométrait. J’avais l’impression de revoir en film mon service militaire ! Précision : Ces jeunes filles avaient environ 13 ans !

samedi 14 mars 2009

Vina- ambiances

Avoir la nhạc ...


Le bruit de la circulation, du moteur des clim’, impossible d’ y échapper. Ce n’est pas qu’on s’habitue, mais on fait avec...Même chose pour la musique vietnamienne.
Oui, on s’adapte à tout finalement. A tel point que je finirais presque par aimer certains morceaux de nhạc trẻ (musique pour les jeunes, selon la nomenclature vietnamienne). Je me suis même mis à acheter quelques disques. Avec deux objectifs - ou deux prétextes si vous préférez. Le premier : la volonté de vouloir perfectionner ma connaissance du vietnamien. Ensuite : faire un peu d’ethnologique sur le pays.


J’entamais cette démarche en commettant quelques erreurs, dans mon casting notamment. Je choisis, pour acquérir une culture musicale de base, de me procurer les albums de Mỹ Tâm . Avant de partir je l’avais repérée car elle avait fait la une d’un Paris Match Hors Série consacré à l’Asie. C’est LA star de la chanson vietnamienne. Tout le monde l’adore. Son créneau : la chanson sentimentale. Dans les magazines, la star prend la pose : jean taille basse et Tshirt serré, poses lascives, façon Britney Spears. Relativement osé au Vietnam. Hormis quelques reprises amusantes tirées de ses premiers albums (aux arrangements très «musiques de jeux vidéos des années 80 ») l’écoute de ses succès ma profondément ennuyé. Cependant, encadrée par des producteurs coréens, elle évolue actuellement vers un style plus moderne, mais finalement tout aussi mauvais. A titre de comparaison, c’est comme si Chimène Badi se mettait à chanter du Jennifer Lopez... en vietnamien.


J’avais des attentes plus pointues, cherchant à retrouver les univers musicaux dont on bénéficie sur les terrasses des cafés Trung Nguyen en buvant un cà phê đá , ou dans les minibus Mailinh quand on part en week end...Vous voyez le truc ? Non ? Alors, petite description rapide des standards de la nhạc trẻ : Intro avec un solo de guitare nerveux, des breaks de batterie à n’en plus finir, le chanteur qui envoie direct le refrain. Guitare à nouveau avec distorsion poussée à donf. Brusque changement de rythme, le silence total. Reprise de la musique avec arpèges à la guitare - effet chorus, petite musique mélancolique à la flûte de pan ou au violon, comme dans les dessins animés japonais. Reprise du chant avec la voix romantique du chanteur, le tout avec un max de reverb comme dans les karaokés. Les paroles : « mon cœur est déchiré, tu es déjà loin, je ne peux plus vivre sans toi... »


Faisant mauvaise pioche avec Mỹ Tâm , j’ai donc élargi mon champ d’investigation en achetant sur le trottoir des copies de Cd d’autres « artistes ». Au passage, il faut noter que l’achat versions piratées est la pratique habituelle. Il est même assez difficile de se procurer les albums originaux, il n’y a pas de distributeurs ici !
J’ai déboursé entre 6000 et 10000 dôngs (30 et 50 centimes, prix unitaire) pour m’offrir quelques albums, à l’aveuglette. Pas toujours une bonne affaire, car à ce prix là les Cd ne sont pas tous lisibles... Sauf un, le pire : celui de la chanteuse Hong Ngoc, veste a rayures, foulard et chapeau en feutre sur la pochette. Du sophistiqué cheap.


Heureusement, il y a internet. J’ai découvert par hasard à Hanoi un site de téléchargement très bien fourni (www14.nhac.vui.vn). C’était la page d’accueil de l’ordi de la réception de l’hôtel ou nous avons séjourné. Une vraie mine d’or où, outre la nhạc vietnamienne, on trouve les chansons étrangères rythmées que l’on entend en boucle dans les magasins de vêtements à la mode et les boutiques d’électroménager. (Deux titres sont incontournables : Lucky de Lucky Twice et Stronger de Inez, mais ils commencent à dater un peu, on attend qu’émergent d’autres chansons phares !) . C’est grâce à ce site que je me suis procuré les meilleurs morceaux de nhạc trẻ . Attention « meilleurs morceaux de nhạc trẻ » ne veut pas dire que c’est bon, mais, c’est représentatif.
Ce site est si bien fourni qu’il y a même des chansons françaises (en cliquant sur l’onglet Nhạc Pháp ). Mais, a vrai dire, la sélection est décevante : Nana Mouskouri, Sylvie Vartan, Céline Dion, Julio Iglésias, Franck Michael, une compile de slow des années 80 avec le tube Aviateur de Véronique Jeannot(!), et Christophe Willem ( Non, non, sans rire !). Bon à prendre pour animer une soirée Blind test...






Je vous propose quelques morceaux à découvrir (les clips sont très réussis) :



Deux titres de Van Quang Long :








Un titre de la chanteuse Cam Ly :





Enfin, pour découvrir ou réecouter Stronger et Lucky Lucky :









Vi Sao Em La Ke Bac Tinh

Boi tin loi the 2 - Van Quang Long

TRAI TIM MEM YEU - CAM LY

Inez Stronger (Music Video)

Emigration choisie


Émigration choisie




Ils auraient aimé habiter dans une maison vietnamienne pour avoir une vie qui ressemble plus à celle des gens d’ici, mais, avec les enfants, c’est trop compliqué.



Ils n’habitent pas dans un lotissement, ils habitent dans un compound.



Leur compound a une piscine. C’est fermé, sécurisé, c’est bien pour les enfants, ils peuvent faire du vélo.



Ils ont des terrains de tennis dans leur compound, mais ils n’y jouent pas. Non parce qu’ils trouvent que c’est snob, non, c’est parce qu’il fait trop chaud.



Leur maison possède des murs jaunes et des fioritures un peu baroques en stuc blanc. Il y a 4,5 m de hauteur sous plafond. Dommage que les peintures soient cloquées à cause de l’humidité...



Leur loyer est de 3000 dollars par mois, mais le propriétaire va peut-être le faire passer à 6000 le mois prochain. Pour eux aussi c’est difficile en ce moment...



Ils louent une Toyota Innova de 8 places, avec chauffeur, ou bien ils utilisent le 4*4 Land Cruiser de fonction de l'entreprise de Monsieur.



Le 4*4 c’est bien parce que à An Phu, le quartier où ils habitent, c’est inondable.

Pour faire leurs courses, ils vont chez Annam Gourmet, une boutique ou les produits Fauchon côtoient les conserves Leader Price importées de France. Mais, comme ils ont perdu leurs repères, ils pensent que c’est une bonne marque aussi.



Leurs enfants mangent des BN pour le goûter.



Monsieur travaille beaucoup et rentre tard. Madame s’inquiète parce qu’il a peut être des liaisons secrètes avec ses secrétaires vietnamiennes.



La femme de ménage et la cuisinière sont agaçantes, elles sont toujours en train de dormir sur le canapé quand ils rentrent à l’improviste. Et puis, elles doivent regarder la télé quand ils ne sont pas là car en l’allumant ils tombent toujours sur un chaîne vietnamienne et le volume est poussé au maximum. Quand à la clim’, elle est réglée sur 17°.



Madame aime aller chez le coiffeur et se fait faire une manucure deux fois par semaine.



Madame collectionne les numéros de l’Echos de rizières. Elle est très fière d’y être en photo avec ses copines de l’atelier broderie de l’amicale francophone. Mais elle est déçue de ne pas avoir pu faire garder les enfants pour la soirée Beaujolais Nouveau, car toutes ses voisines elles, elles y étaient...



Madame devra penser elle aussi à écrire un article pour l’Echos des rizières, par exemple sur son week end à Dalat. (Madame vient de découvrir Dalat après dix ans passés au Vietnam).



Quand ils voyagent, ils ne vont pas dans des hôtels, ils vont dans des resorts.



Pour se tenir au courant de l’actualité littéraire, ils vont à la libraire française. C’est bien actualisé, d’ailleurs, la preuve, ils viennent de recevoir L’élégance du Hérisson.



Ils sont ravis d’aller au théâtre voir jouer une fois par an leurs amis qui font parti d’un atelier.



Ils sont ravis car cette année un événement littéraire exceptionnel a eut lieu : Marc Lévy est venu à Saigon pour une soirée dédicace. Ils adorent Marc Lévy, c’est sûr, c’est un des plus grands... La venue d’un futur Prix Nobel, fallait pas rater ça.



Ils ont tous ici un, ou une, ami(e) artiste peintre. Cet artiste à d’ailleurs beaucoup de talent.



Le dimanche ils vont dans le quartier 1 prendre un brunch dans salon de thé qui fait restaurant près de la cathédrale. C’est propre et c’est tenu par français. Quelque fois, ils vont aussi au buffet du Sofitel. Cela les fait d’ailleurs beaucoup rire d’y croiser des compatriotes mariés avec des vietnamiennes qui y viennent pour se gaver de Gói.



Ils viennent d’apprendre comment dire « bonne année » en vietnamien.



Ils voyagent avec Air France.



Ils ont déjà parlé de rentrer en France cet été, ils iront voir leur famille sur la côte d’azur. Ils ne resteront pas à Paris. A Paris, ils sont un peu perdus. Les pôvres !



Mais maintenant, avec la crise, les temps sont durs. Le mari de leur voisine vient de perdre sont emploi. Ils vont devoir rentrer définitivement en France. Dans leur rue, de plus en plus de maisons sont désormais à louer. Un jour ce sera peut être leur tour. Pas facile de rentrer, et de travailler plus pour gagner moins...