dimanche 30 août 2009

Deux ans...

Voisins Voisines

Bon, mine de rien, c’est déjà notre deuxième année qui s’achève au Vietnam.
Dans notre rue, nous faisons bel et bien partie du paysage. La marchande de fruit sonne chaque fois qu’elle passe devant la maison, la voisine un peu fofolle du bout de la rue attend tous les matins que nous sortions nos poubelles pour récupérer nos bouteilles plastiques - que je préfère réserver à une jeune fille qui passe à vélo faire sa tourner de tri sélectif (cela consiste à prendre dans les sacs qui font office de poubelles les déchets recyclables). Tous les jours, à 7 heures, quand nous sortons, nous croisons le xe-om qui lit assis sur sa Honda Dream Tuoi tre a travers ses lunettes de chantiers anti insectes. Au même instant, devant notre porte, une petite fille passe en uniforme. Elle va à l’école en mangeant une petite saucisse et en buvant une brique de lait Vinamilk. La vieille aux cheveux gris, qui habite un peu plus loin, va chercher son riz en boitant, avant d’aller vendre ses cigarettes sur le trottoir... A 7h 15, quand nous sortons avec un peu de retard, arrive le type qui, avec une charrette vient ramasser les poubelles. Il y a quelques semaines, la voisine d’en face faisait à ce moment quelques pas dans la rue, son petit fils dans les bras à qui elle donnait la soupe, mais maintenant, on ne la voit plus, elle a déménagé... Disparu, par la même occasion l’aîné qui jouait "la nouvelle star" en chantant le soir.
Le reste des journées est invariablement rythmé par les chants des vendeurs de rues. Avec la régularité d’un métronome se succèdent les fruits et légumes, les soupes, mais aussi les balais, les pièges à souris, les sandales et les bassines en plastique.
Un employé passe tous les mois pour les compteurs d’eau et d’électricité. Le paiement des factures est un problème délicat. En général, on écrit sur une ardoise accrochée au portail le relevé des compteurs. Puis, un autre jour, l’employé revient percevoir le montant de la facture que, de temps en temps, nous trouvons glissée sous le portail. Bien souvent, cette facture, du format d’un vulgaire ticket de caisse, s’est envolée ou a été emportée par une averse. Notre voisine, celle qui est très bien placée au parti communiste, avance l’argent pour nous quand le percepteur vient en notre absence. Mais, bien souvent, on nous coupe l’électricité quand nous ne payons pas la facture envolée. Ils ne rigolent pas : deux jours de retard et c’est la coupure !
Même chose pour la télé, Internet et le téléphone. Autant dire que tous les mois nous devons faire face à un incident et que je dois me rendre aux agences pour payer- ce qui n’est pas chose aisée. En effet, la coutume veut qu’il n’y ait pas de queues et qu’il faille jouer des coudes aux guichets pour régler son problème. Et voyant ma tête, l’employée qui ne parle pas un mot d’anglais n’est pas pressée de traiter mon cas et cède à l’amicale pression des autres clients plus rodés que moi pour tendre le bras pour faire passer leurs factures en priorité.
Pour nous aider, le propriétaire nous envoie Tony, son homme à tout faire. C’est lui qui règle les pépins que nous ne pouvons surmonter seuls. Parfois il prend l’air surpris en voyant notre note d’électricité qui, il est vrai, a considérablement augmenté depuis que nous avons adopté la climatisation au rez-de-chaussée. Parfois, on se demande si la voisine du parti communiste n’aurait pas elle aussi connecté sa clim’ sur notre compteur et que ce serait pour cela qu’elle avancerait le montant des factures en notre absence avec autant de bienveillance. Certains disent qu’en coupant son compteur le soir, on peut avoir la surprise de plonger aussi dans le noir les maisons mitoyennes... Pour nous, toutefois, le test a été négatif, ce qui est positif. Enfin je me comprends. Mais... juste un petit fil, rien que pour les clims... le doute est permis.

Malgré tout, nous avons nos repères, quelques habitudes rassurantes. Nous avons même inconsciemment adopté des comportements caractéristiques, comme se racler bruyamment la gorge et cracher dans la rue ; jeter nos déchets sur le trottoir sans se soucier du fait qu’il y a depuis peu des poubelles, et, se curer les dents de façon ostentatoire à table...
Plaisanteries à part, nos mains sont devenues parties prenantes de notre communication. Nous les agitons - genre « ainsi font les marionnettes » pour dire « non » ou « on sait pas », nous les agitons d’une façon qui en France voudrait dire « Ta gueule » pour interpeller quelqu’un. Comme marque de respect, nous tendons nos deux mains pour recevoir ou tendre de l’argent ou échanger un bien.

Enfin, très important, car cela sert souvent, nous avons appris à éclater de rire pour dire «Non».

1 commentaire:

laure a dit…

Je confirme! Démonstration pas plus tard qu'hier par Stéphanie: "sans sucre l'eau" accompagné d'un signe qu'on interpréterait en France par "ça va pas la tête!?"
Très amusant.
Par contre le rire pour dire non je regrette de ne l'apprendre que maintenant. Intéressant!